Avenue de l’Europe enquête sur l’un des fléaux les plus dévastateurs du continent. Pour mieux comprendre les enjeux liés aux trafics illicites en tout genre perpétrés par la mafia, les équipes de Véronique Auger se sont d’abord rendues en Italie : de l’autre côté des Alpes, la résistance s’organise contre les organisations criminelles les plus dangereuses. La seconde partie du numéro nous mène en Roumanie, pays où la traite d’enfants est devenue monnaie courante.
Italie : David contre Goliath
En Italie, la riposte face aux organisations mafieuses s’organise dans les grandes villes comme dans les lieux plus reculés. La commune de Brescello en est l’un des meilleurs symboles. Gangrénée par la corruption en raison des liens unissant la ‘Ndrangheta (nom de la mafia calabraise) à la municipalité, le Premier ministre Matteo Renzi a pris une décision sans précédent en choisissant de dissoudre le conseil municipal. À l’origine de ce scandale se trouve un certain Enrico Bini. Personnage intègre, il a été le premier à dénoncer, au péril de sa vie, la complicité du maire de la commune avec le chef de la mafia locale. Mais la mainmise de la mafia ne s’est pas cantonnée à la sphère politique. Celle-ci a, comme à son habitude, étendu ses tentacules aux domaines économiques en prenant le contrôle d’entreprises de la région. En contrepartie, les commerçants obtiennent la protection de la mafia. Et s’ils résistent, les criminels recourent à la violence pour imposer leurs méthodes.
À Milan, la seconde ville du pays, la mafia est fortement implantée, mais ses opposants lui tiennent tête. Pierre-Paulo, un jeune étudiant, conduit les équipes d’Avenue de l’Europe dans tous les lieux symboliques que la mafia a cédés grâce au combat de la justice et d’associations. Ainsi, un site qui devait être bétonné accueille dorénavant un élevage d’abeilles. Un parking et un salon de tatouage où se tenaient des activités illicites ont été confisqués par les autorités. Au même titre que la luxueuse demeure d’un parrain désormais sous les verrous et qui abrite à présent de vieilles personnes en difficulté.
Roumanie : des enfants qui rapportent
Crédit : FTV
En septembre 2012, les policiers français démantèlent un vaste réseau d’enfants roumains. Pas moins de 91 personnes, dont 63 mineurs, sont interpellées dans ce vaste coup de filet mené en Seine-Saint-Denis par quelque 200 enquêteurs. Ces personnes avaient toutes pour point commun d’être originaires du même pays d'Europe de l'Est. Régis Nusbaum et Yvon Bodin ont ainsi remonté toute la filière, de Paris à Brăila, en Roumanie. Sur place, ils ont rencontré Amalia, incarcérée durant trois ans à Fleury-Mérogis, et qui affirme n’avoir jamais touché un centime des vols de téléphones portables. Tout comme Mia, qui reconnaît que ses enfants faisaient partie du réseau de dépouilleurs, mais qu’ils étaient tous contraints et forcés. Si les petites mains n’ont pas profité de ces larcins, qui a donc empoché les juteux bénéfices de ce mystérieux réseau mafieux ?...
Italie : David contre Goliath
Auteurs : Frédérique Maillard et Denis Bassompierre
Durée : 24 minutes
Roumanie : des enfants qui rapportent
Auteurs : Régis Nusbaum et Yvon Bodin
Durée : 15 min
Invités
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, à la fiscalité et à l’union douanière.
Domenico Quirico, journaliste à la Stampa et auteur de l’enquête « Des antiquités contre des armes. Des affaires en or entre Daesh et la ‘Ndrangheta (mafia calabraise) ».
Clothilde Champeyrache, maître de conférences à Paris-VIII, auteur de Quand la mafia se légalise, Éd. CNRS