Rendez-vous en terre inconnue nous emporte dans une aventure bouleversante et exceptionnelle à la rencontre des Aborigènes d’Australie. Pour Cristiana Reali, comme pour Frédéric Lopez, le voyage est un véritable choc. Une expérience poignante et inoubliable.
Les Enjeux de l'expédition
Après avoir accepté de s’envoler les yeux bandés, sans rien connaître de son aventure à venir, Cristiana Reali découvre sa destination en plein vol : les côtes sauvages du Kimberley, au nord-ouest de l’Australie. Dans cet éden entre terre et mer, au coeur de paysages à couper le souffle, elle part à la rencontre d’une famille aborigène du clan des Worrorra. Des hommes et des femmes qui cherchent leur place dans l’Australie d’aujourd’hui et décident de revenir sur la terre de leurs ancêtres. Mais pour ça, ils doivent tout réapprendre.
Premiers habitants de l’Australie, les Aborigènes peuplent l’île-continent depuis plus de 40 000 ans. Ils sont les représentants d’une des plus anciennes civilisations au monde. Mais lorsque les explorateurs britanniques découvrent l’île au XVIIIe siècle, ils considèrent que le pays est vide et n’appartient à personne. Ils s’approprient alors les terres sans plus de formalités, et l’Australie devient une colonie de l’Empire. Rapidement, tout est mis en oeuvre pour faire disparaître les Aborigènes. Dépossédés de leurs terres ancestrales, ils sont envoyés dans des réserves et des missions, assimilés de force et mis au ban de la société.
En moins de 100 ans, l’univers des Aborigènes s’est effondré. Ces derniers sont passés d’un mode de vie de chasseurs-cueilleurs nomades à la sédentarité ; d’une autonomie totale à une dépendance aux subsides de l’État. Cette fulgurante transformation a fait sombrer plusieurs générations d’Aborigènes dans la déshérence.
Depuis peu, certaines familles aborigènes tentent de relever la tête. Fuir les villes et retourner sur la terre de leurs ancêtres se présente alors comme un espoir, une façon de retrouver fierté et dignité.
C’est le choix qu’on fait Gary et les siens. Ils ont décidé de quitter leur communauté créée de toutes pièces, il y a presque 40 ans, par des missionnaires. Ils veulent revenir aux sources et apprendre une existence simple, dans la nature. Mais Gary et sa famille sont nés et ont grandi en ville, loin des eaux turquoise et des îles du territoire ancestral des Worrorra. Aujourd’hui, ils doivent se réapproprier les gestes essentiels qui leur permettront de se nourrir et de survivre sur ces terres sauvages. Ils souhaitent apprivoiser un quotidien qui était encore celui des Worrorra il y a moins de 100 ans. Renouer avec le passé pour se construire un avenir plus beau, un pari vital pour Gary, Sirita et leurs enfants. Ils entraînent Cristiana Reali et Frédéric Lopez avec eux dans ce voyage initiatique, cette quête.
Fiche technique
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Un film écrit par Frédéric Lopez et Franck Desplanques
Avec la collaboration de Christian Gaume
Réalisé par Christian Gaume
Une production Adenium TV France
Produit par Frédéric Lopez et Gilles Bérard
Producteur exécutif : Laurent Baujard
Rédacteur en chef : Franck Desplanques
- Votre réaction quand Frédéric Lopez vous révèle la destination ?
Cristiana Reali : Très étonnée, parce que je pensais que le peuple aborigène était modernisé, qu’il vivait en ville. Je ne connaissais pas vraiment leur histoire, seulement que l’Australie a été une colonie, que les Aborigènes ont connu le même sort que les Indiens d’Amérique, et que la plupart devait vivre dans la pauvreté. Quand Frédéric m’a dit qu’on allait voir les Worrorra, j’ai cru qu’une éventuelle dernière tribu existait encore au fin fond d’un bush ! Et lorsque Gary est arrivé sur son bateau, j’ai pensé que c’était un Worrorra qui avait choisi de vivre dans la modernité et qui allait nous emmener voir sa tribu. Mais après les trois jours de voyage pour atteindre le Kimberley, je me suis aperçu que ce n’était pas du tout ce que je m’étais imaginé. Gary et sa famille ont fait le choix de quitter la ville pour retourner vivre sur la terre de leurs ancêtres et renouer avec leurs traditions. Ils ont commencé à s’installer sur une île au large des côtes et à vivre en autarcie. Mais je ne comprenais pas vraiment leur démarche.
- Pour quelles raisons ?
CR : Après trois jours passés à leurs côtés, à pêcher, à discuter, de plage en plage, je n’arrivais pas à saisir vraiment les raisons de ce retour à la terre. J’apprenais petit à petit leur histoire, et me disais qu’ils fuyaient la pauvreté. Mais je sentais qu’il manquait quelque chose pour bien comprendre leur motivation. Un soir, j’en discutais avec Frédéric. Et le lendemain, Gary, quand il a compris que je m’interrogeais beaucoup, nous a proposé de nous rendre à l’endroit où il vivait : la communauté. J’ai été très touchée par son geste parce que ça impliquait qu’il se dévoile un peu plus, lui qui est très pudique. Son histoire, qui est aussi celle du peuple aborigène, m’a permis de comprendre le sens de sa démarche. Son témoignage et celui de son cousin m’ont tellement bouleversée... Je ne posais plus de questions, je n’étais plus que dans l’écoute.
- Entre les femmes worrorra et vous, on sent une vraie complicité, qui se trouve renforcée à votre retour de la communauté.
CR : Déjà, à mon arrivée, le lien s’était vite créé. Elles m’ont rapidement prise avec elles, et on parlait beaucoup ensemble, de tout et de rien. On veillait même très tard. C’est une habitude d’ailleurs que j’ai avec ma mère et mes soeur de rester jusqu’à pas d’heure à parler ! Mais autant je pouvais être bavarde, autant je me taisais pour les écouter parce que j’avais peur de freiner leur élan à la confidence ou la discussion. Et puis, je demandais aussi l’autorisation de poser une question devant la caméra. Si elles étaient d’accord, je le faisais, si non, je les interrogeais hors caméra.
- La présence de la caméra vous a-t-elle gênée par moments ?
CR : C’est un exercice auquel il faut s’habituer, mais elle ne m’a pas gênée. L’équipe de Rendez-vous en terre inconnue a fait montre de respect envers la famille mais également envers moi. On me laissait le temps, on ne me forçait en rien : je n’étais pas obligée de dire impérativement quelque chose. Si j’avais envie de déconner, de rire avec eux, je le faisais. Si je n’avais pas envie de manger, je ne le faisais pas. Je voulais garder ma spontanéité. Je n’allais pas, sous prétexte qu’il y avait une caméra, être quelqu’un d’autre. Je voulais jouer le jeu, mais tout en étant moi-même, pas ce que la télévision aurait voulu que je sois.
- Que retiendrez-vous de cette famille ?
CR : Chaque membre porte en lui une histoire tragique. Retour aux sources, militantisme, question de survie... Les raisons de leur installation sur l’île sont diverses. Pourtant, ils partagent le même but et parviennent petit à petit à l’atteindre. Quand je vois comment les enfants sont heureux sur cette île, comment toute la famille semble apaisée en retrouvant la terre de leurs ancêtres, je me dis qu’ils ont une force intérieure incroyable. Celle de fuir cette espèce de dépression générale dont souffrent les Aborigènes dans les communautés.
Propos recueillis par Mona Guerre et Aline Guyard