À Montfermeil, le Cours Alexandre-Dumas se veut une alternative à l’enseignement public et une « école de la deuxième chance ». Un documentaire proposé par Mélissa Theuriau et réalisé par Romain Potocki.
Ils s’appellent Walid, Jalal, Rachid, Mohammed, Hamza, Youri, Mehmet… Ils sont presque tous d’origine étrangère et élèves au Cours Alexandre-Dumas, une école indépendante située à Montfermeil (93), non loin de là où ont éclatées les émeutes qui ont embrasé la région parisienne en octobre 2005. Ce sont, pour l’immense majorité, des élèves en décrochage scolaire, des jeunes en perte de repères, en sévère panne de confiance. Moyennant une somme « accessible à tous » (75 euros par mois à la charge des familles), ils ont intégré cet établissement privé hors contrat, largement financé par la Fondation Espérances banlieues, où ils ne sont qu’une dizaine par classe. De la CP à la 3e, le projet pédagogique repose sur la discipline, la citoyenneté, un suivi individualisé et un lien étroit avec les parents d’élèves.
Le pari de la mixité ethnique
Le décorum semble parfois tout droit surgi du passé : port de l’uniforme, lever du drapeau français dans la cour, corvée de vaisselle, rituels proches du scoutisme (« Je suis un trésor et je m’engage à briller en faisant de mon mieux »)… La direction de l’école assume ce choix des symboles et des actes qui structurent. Et se défend de tout prosélytisme. Si les enseignants de l’école sont en majorité catholiques, le cours se revendique aconfessionnel, et les élèves sont largement issus de la communauté musulmane. Albéric de Serrant, le directeur de l’école, parie que la mixité ethnique est une source de richesses, un levier d’éducation et d’insertion. « La France, c’est une multitude d’origines, et il faut réconcilier tout ça chez les enfants, car c’est ainsi qu’ils vont se trouver, qu’ils vont se révéler et qu’ils donneront le meilleur d’eux-mêmes. Le patrimoine de la France est à eux, l’enjeu, c’est qu’ils en prennent conscience. » L’école a ouvert ses portes à une douzaine d’élèves en 2012. Elle en compte aujourd’hui un peu plus d’une centaine, et la direction, toujours sous l’impulsion de la Fondation Espérances banlieues, ambitionne d’essaimer son modèle dans d’autres quartiers populaires.
J.F. Parouty
Réalisé par Romain Potocki
Une production 416, avec la participation de France Télévisions & LCP Assemblée nationale et le soutien du CNC