Le baiser sous toutes ses formes — artistiques, mythiques ou emblématiques — se raconte dans ce documentaire où un couple d’acteurs qui s’embrasse beaucoup égrène des textes célèbres. Quelques personnalités confessent aussi leurs baisers intimes.
Le baiser, c’est d’abord 250 types de bactéries transmises et une trentaine de muscles mobilisés ! « À ce moment-là, il y a un échange entre les deux bouches de deux fois 80 millions de bactéries, explique le dessinateur Enki Bilal. Elles finissent par créer une espèce de résistance. Plus on s’embrasse, plus on se carapace contre la mort. » C’est aussi une affaire culturelle : dans certaines civilisations, cette pratique n’existe pas, ou est condamnée. Le premier baiser représenté dans l’art, dont on a gardé trace, date de 480 avant Jésus-Christ et décore l’intérieur d’une coupe grecque. Le premier décrit avec des mots est celui de la reine de Saba au roi Salomon, dans le Cantique des cantiques. Evocations littéraires, œuvres picturales, scènes cinématographiques, performances artistiques, gestes transgressifs… ce film déroule l’histoire du baiser et de ses significations. En filigrane, Daniel Schick se souvient des siens : passionnels, douloureux, emplis de nostalgie, premier et derniers…
Amour toujours...
Natalie Dessay, reine du baiser à l’opéra, Combas, peintre obsédé par le baiser, Enki Bilal, passionné par Roméo et Juliette, Caroline Loeb, qui les chante avec gouaille, participent au film, ainsi que les plasticiens Cécile Vatelot, Ghyslain Bertholon et le photographe Christophe Audebert. Daniel Schick a également proposé à des inconnus d’embrasser le couple de comédiens. Cette séquence, tournée deux jours après les attentats de Charlie, a une résonance toute particulière... Pour le plasticien Robert Combas, « le baiser, c’est la récompense de deux êtres qui s’aiment ». Celui de Salomé sur les lèvres de la tête coupée de son amant « est un baiser pervers au dernier degré, explique Natalie Dessay. Elle est amoureuse de ce Yochanan qui lui résiste, doncelle obtient sa tête, mais c’est en fait un baiser de puissance sur l’autre ». Et puis il y a le baiser qui dure longtemps, comme celui d’Ingrid Bergman et Cary Grant dans Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock, en 1946. Pour la chanteuse Caroline Loeb, « c’est quelque chose qu’on fait par amour, c’est ce qu’il y a de plus intime, de plus profond. Quand on n’embrasse pas, c’est qu’on n’aime pas ».
Anne-Laure Fournier
Documentaire
Durée 52’
Auteur-réalisateur Daniel Schick
Production Schuch Productions, avec la participation de France Télévisions
Année 2015