Garde à vue

Ancien assistant de Jean-Luc Godard et directeur de production de François Truffaut, Claude Miller s’affranchit complètement du dogme de la nouvelle vague avec Garde à vue. Troisième long-métrage du réalisateur, le film est tourné en studio, avec des acteurs expérimentés et des dialogues écrits à la virgule près. Un pari gagnant, puisqu’il remporte quatre César en 1982, dont ceux du meilleur acteur pour Michel Serrault et de la meilleure adaptation pour Jean Herman, Michel Audiard et Claude Miller. À noter également qu’il s’agit là de l’avant-dernier rôle de Romy Schneider au cinéma.

Pour ce qui concerne l’intrigue, Garde à vue est l’adaptation d’un roman de John Wainwright, À table !. Le soir de la Saint-Sylvestre, l’inspecteur Gallien (Lino Ventura) interroge M^e Martinaud (Michel Serrault), un notaire suspecté du viol et du meurtre de deux fillettes. Alors que le notable s’embrouille dans ses déclarations, la décision est prise de le mettre en garde à vue. S’engage alors un jeu pervers entre les deux hommes. Martinaud est-il l’assassin ? L’ambiguïté plane. Michel Audiard signe des dialogues glaçants où l’humour noir côtoie une vérité sordide. La finesse de la mise en scène de Claude Miller parachève de semer le doute. Jeux de regards, déplacement des personnages et mise en abîme forment un sous-texte éloquent pour qui sait lire entre les lignes. Le spectateur est captivé de la première à la dernière minute. Un réel plaisir !

Ludovic Hoarau