Champions d'Hitler (c) Daily Herald Arch SSPL Getty Images
Lundi en histoires

Les champions d’Hitler

Documentaire - Inédit - Lundi 2 mai à 20.55

Destins croisés des as du sport allemands les plus emblématiques de l’entre-deux-guerres que le régime nazi instrumentalisa pour les besoins de sa propagande.

Un documentaire tout en images de Jean-Christophe Rosé et Benoît Heimermann riche en archives restaurées et colorisées.

Ils sont athlètes, alpinistes, boxeurs, coureurs automobiles, pilotes... Leur réussite fut pour Hitler une affaire d’État, jusqu’à l’apothéose des jeux Olympiques de Berlin en 1936. Puis leurs échecs en série dans leurs disciplines respectives, avant même que la guerre n’éclate, signent l’implacable constat de la faillibilité de ceux que le régime nazi voulait considérer comme des surhommes.

Le sport, otage des nazis

« Le sport n’a qu’un but : tremper le caractère allemand. » Dès 1933, Joseph Goebbels, ministre de l’Éducation et de la Propagande, convainc Hitler que la pratique d’activités physiques pourrait être un instrument de propagande inespéré pour façonner la jeunesse et galvaniser les foules. Pour cela, le bras droit du Führer désigne Hans von Tschammer und Osten comme Reichsportführer et le charge de radicaliser et d’« épurer » tous les clubs sportifs du pays, et d’asservir au régime les plus grands athlètes et aventuriers du moment. Sympathisants ou suiveurs, ces nouveaux ambassadeurs se prêtent au jeu de plus ou moins bonne grâce et se voient dépossédés de leur image. De records en exploits, ces conquérants deviennent des icônes sportives, véritables fers de lance du régime.

Max Schmeling

Légende de la boxe allemande, il a été champion du monde poids lourds de 1930 à 1932. Quelques années plus tard, il défie le Noir américain Joe Louis et en sort vainqueur. Au départ soucieux de son indépendance face au régime, la star du ring se laisse peu à peu gagner par l’image de héros national que lui offrent les nazis. Mais Joe Louis prend sa revanche, en 1938, en envoyant Schmeling au tapis en moins d’un round.

Le boxeur Max Schmeling / DR

crédit : Artline Films - 2016

 

Bernd Rosemeyer

Cet as du volant, capable de maîtriser les bolides les plus fous de l’époque, remporte successivement, en 1936, le Championnat d’Europe des pilotes et le Grand Prix d’Allemagne. Avec l’aviatrice Elly Beinhorn, ils forment le couple de champions le plus en vue du IIIe Reich, se voyant même offrir par les nazis un avion quadriplace pour leur voyage de noces en Afrique. Après avoir brillé sur les circuits européens et américains, Rosemeyer se tue en voiture, en janvier 1938, en essayant de battre son record de vitesse.

Bernd Rosemeyer / DR

crédit : Artline Films - 2016

 

Elly Beinhorn

Avec plusieurs grands raids transafricains à son actif, cette pionnière de l’aviation allemande, symbole de l’émancipation de la femme, est l’une des personnalités les plus célèbres de l’Allemagne des années 30. Le régime nazi exploite son image, en l’envoyant notamment dans l’ancienne colonie allemande, la Namibie, pour filmer les nombreux colons germaniques qui continuent d’y vivre.

Elly Beinhorn

crédit : Artline Films - 2016

 

Ernst Udet

Pilote hors pair, Udet s’illustre régulièrement grâce à ses exploits d’as de la voltige, notamment aux États-Unis. Inventeur génial, il a mis au point le « Flamingo », petit avion doté d’un moteur de cent chevaux, avec lequel il effectue d’impressionnants loopings. Désigné major général de l’aviation, cet acrobate des airs va peu à peu perdre la confiance du régime par ses prises de position jugées peu orthodoxes. À l’approche de l’entrée en guerre de l’Allemagne, Udet tombe en disgrâce. Son suicide, en novembre 1941, est maquillé en mort accidentelle par la propagande nazie.

Ernst Udet / DR

crédit : Artline Films - 2016

 

Luz Long

À l’été 1936, le régime forge tous ses espoirs de victoire contre l’Amérique dominante en athlétisme, catégorie reine des J.O., sur ce jeune athlète du saut en longueur. Au terme d’un duel historique avec le Noir américain Jesse Owens, véritable star de ces Jeux, Luz Long est battu de quelques centimètres (7,87 m contre 8,06 m).

Luz Long / AKG Images

crédit : AKG Images

 

Leni Riefenstahl

D’abord alpiniste et actrice, cette jeune femme se fait remarquer dans les films de montagne d’Arnold Fanck (Le Grand Saut, 1927). Intrépide, audacieuse, elle ne tarde pas à passer derrière la caméra. Ayant compris l’intérêt d’Hitler et des siens pour les caméras et la mise en scène de leurs actions, elle innove, en 1934, en proposant au Führer, qui l’a choisie pour réaliser le film de propagande sur le congrès de Nuremberg, un nouveau dispositif de tournage : la caméra embarquée dans sa voiture, au plus près de lui. S’ensuivent d’autres commandes de films de propagande, dont Olympia (Les Dieux du stade) sur les tant attendus jeux Olympiques de Berlin de 1936.

Leni Riefenstahl / DR

crédit : Artline Films - 2016

 

Les alpinistes de l’Himalaya

Dans les années 1930, aucun des quatorze sommets de plus de 8 000 mètres de la chaîne de l’Himalaya n’a été atteint. L’élite des alpinistes allemands jette son dévolu sur l’un deux, le Nanga Parba, qui a déjà fait l’objet d’une vaine expédition. Après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, une nouvelle équipe s’élance dans son ascension, en 1934, accompagnée de six cents porteurs. Les nazis rêvent de voir trôner une croix gammée sur le toit du monde. Mais c’est l’hécatombe : quinze morts, dont les stars de l’alpinisme Alfred Drexel et Willi Merkl… En 1937, une nouvelle expédition fait seize morts.

L'ascension du Nanga Parba / DR

crédit : Artline Films - 2016

 

Le zeppelin

Invention allemande, ce colosse des airs, qui respecte les contraintes du traité de Versailles, est le symbole du progrès et des performances de l’époque. Durant les années 1930, la course à l’exploit est lancée pour ce champion du ciel. Le L127 (236 mètres de longueur et 130 km/h en vitesse de pointe) réalise un tour du monde, en 1929. Sous l’impulsion du régime nazi, un nouveau zeppelin voit le jour, le L129 Hindenburg (250 mètres de long, 248 tonnes), et devient l’emblème des J.O. de Berlin de 1936. À quelques mois du début des olympiades, il enchaîne les records de traversée de l’Atlantique sud et nord, comme pour défier l’Amérique, ses gratte-ciel et ses champions. L’âge d’or du zeppelin ne durera pas. En mai 1937, le fleuron du régime nazi s’embrase lors de son atterrissage aux États-Unis, causant la mort de 35 personnes, devant les journalistes et les caméras du monde entier.

Zeppelin / DR

crédit : Artline Films - 2016

 

Sylvie Tournier

Hitler et Leni Riefenstahl / AKG Images

Un documentaire de Jean-Christophe Rosé et Benoît Heimermann

Réalisé par Jean-Christophe Rosé

Produit par Artline Films, avec la participation de France 3

102 minutes

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