Pertes d’audition, quelles solutions ?

Trop de bruit dans la rue, dans les transports, au travail, dans les bars et discothèques… Soumises du matin au soir à rude épreuve, nos oreilles courent le danger de vieillir précocement. A cette nuisance sonore subie s’ajoute celle que l’on s’inflige sans même s’en rendre compte. Car, si l’audition relève de la mécanique de haute précision, elle ne demeure pas moins vulnérable aux agressions extérieures.

Selon le Dr Alain Londero, ORL à l’hôpital Georges-Pompidou, « une seule exposition très intense, même très brève, peut avoir des conséquences définitives parce que, quand les cellules sensorielles de l’oreille interne sont abîmées, elles n’ont aucune propension à la régénération et, si c’est abîmé, ça le restera ». Et ce type d’exposition ne manque pas, puisque près de 80 % des moins de 45 ans déclarent avoir déjà éprouvé une sensation d’oreille cotonneuse, des sifflements ou une perte d’audition temporaire, avec des conséquences parfois graves. Les spécialistes mettent en garde aussi contre le fait d’écouter trop fort et de façon prolongée de la musique au casque. On estime que 10 % des moins de 25 ans ont aujourd’hui une audition semblable à celle d’individus âgés de 40 ans.

Des décibels à forte dose

Animatrice radio et DJ, France, 32 ans, paie le prix de concerts bruyants et répétés. Soignée pour des acouphènes et une hypersensibilité au bruit, elle explique que, malgré les traitements, « la vaisselle, un chien qui aboie ou un bébé qui pleure » la gênent toujours. « Je sélectionne les endroits où je vais […]. On ne peut pas avoir une vie normale quand on a de l’hyperacousie. » Son médecin, le Dr Esteve-Fraysse, confirme : « C’est une détresse qu’il faut prendre en compte. Acouphènes et hyperacousie ont parfois un retentissement terrible sur le sommeil, la vie quotidienne, professionnelle, familiale… »

Même s’il existe des oreilles plus fragiles que d’autres, à partir d’un certain seuil, quel que soit le cas, le bruit peut devenir une nuisance et endommager l’audition de façon irréversible.

Avec l’âge, on entend également moins bien, surtout les sons aigus. Après 65 ans, deux personnes sur trois souffrent de ce qu’on appelle la presbyacousie. Seule solution alors : se faire appareiller. Seulement, les équipements auditifs, très onéreux et mal remboursés, restent inaccessibles pour deux tiers des malentendants. Pourtant, des études récentes montrent, d’une part, qu’une baisse de l’audition favorise la perte de mémoire et le vieillissement du cerveau et, d’autre part, que le fait de porter des prothèses auditives ralentit le déclin cognitif… Avec l’augmentation de l’espérance de vie, la prise en charge de ces patients semble donc indispensable. A Paris, Sébastien Pradel, un jeune audioprothésiste, parie depuis peu sur un nouvel appareil haut de gamme, mais au prix abordable, qui « pourrait convenir aux presbyacousies standard, environ six personnes sur dix ».

Beatriz Loiseau