LE FAUSSAIRE DE VERMER
La Galerie France 5

Le Faussaire de Vermeer

Documentaire - Dimanche 5 novembre 2017 à 09.25

Grâce à son immense talent, le peintre hollandais Han Van Meegeren a été hissé au rang de plus grand faussaire de tous les temps, celui de Vermeer. Avec ses faux vendus à prix d’or, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, il est parvenu à tromper et séduire la critique, les experts et le public. Ce documentaire s’articule autour des trois jours de garde à vue de Van Meegeren, pendant lesquels il retrace sa vie d’artiste orgueilleux et livre ses aveux en voix off, juste avant son procès.

Enfant déjà, Han Van Meegeren, en petit rebelle, se promène avec un carnet à la main. Une façon sans doute d’échapper à l’autorité d’un père rigide et castrateur, qui, pour le punir de sa vocation de peintre naissante, le traite de raté et lui fait écrire : « Je ne suis rien, rien et je ne serai rien. » Mais Van Meegeren ne se laisse pas décourager et débute son apprentissage auprès d’un professeur qui lui transmet la tradition et la connaissance des grands maîtres flamands du XVIIe. Il lui apprend aussi l’art de la perspective et les jeux de lumière, ainsi qu’une méthode particulière de façonnage des pigments, qui, mélangés à l’huile de lilas, à la manière des artisans, donne un résultat divin. Fasciné par l’éclat de la couleur, il n’abandonnera jamais ces techniques.

C’est dans la Hollande-Méridionale, à Delft, que Van Meegeren se laisse emporter par Vermeer, le maître qui guidera ses pas toute sa vie. À 22 ans, il épouse Anna de Voogt, une jeune et jolie métisse, puis remporte en 1913 le concours d’art de la ville de Delft, qui lui permet de s’offrir une notoriété. Mais si toutes ses toiles trouvent acheteur, l’heure de plaire aux critiques qui font la pluie et le beau temps dans le milieu artistique néerlandais n’est pas encore venue.

Quand l’éminent critique d’art, le Dr Karel de Boer, vient l’interviewer, Van Meegeren n’a d’yeux que pour sa femme, la très distinguée Johanna Oerlemans, surnommée Jo, dont il tombe amoureux. Elle devient sa muse, son agent artistique et lui ouvre son carnet mondain, ce qui va lui permettre de très bien gagner sa vie avec des portraits de gens fortunés, d’aristocrates et de bourgeois nantis. Mais, vite lassé de ces peintures peu créatives, il en vient à s’essayer à l’exécution de faux, passion qui devient une drogue dont il ne pourra plus se défaire.

La naissance d’un faussaire hors pair

Van Meegeren divorce d’Anna et épouse Jo, avec laquelle il s’installe sur la Côte d’Azur, où il mène une vie de débauche, partagé entre l’alcool, la morphine et les parties fines : « Je culbute sans retenue bouteilles, modèles et femmes de petite vertu. »

Dans son atelier, à l’abri des regards, il s’essaie à un faux Rembrandt, puis décide de créer un nouveau Vermeer. Ce sera la scène biblique du Christ à Emmaüs, tableau considéré par le critique d’art Abraham Bredius en 1937 comme « le plus beau Vermeer jamais peint » et toujours exposé au musée Boijmans de Rotterdam. Mais, avec Vermeer, la barre est très haute. Van Meegeren se transforme alors en chimiste et même en alchimiste pour obtenir des couleurs uniques capables de devenir des matières uniques, une fois transformées par la cuisson au four. Personne ne doit découvrir son secret. Des faux Vermeer, il va en créer et en vendre beaucoup, y compris à Hitler et à Göring. On reprochera d’ailleurs à Van Meegeren ses idées tournées vers le fascisme. Il faut dire qu’il partageait avec Hitler et Göring la même haine pour l’art moderne, « l’art dégénéré ».

L’homme au talent de faussaire reconnu

Mais le conte de fées de Van Meegeren a une fin. Une fin marquée par l’arrivée d’un régiment allié qui prend possession d’une mine de sel autrichienne ! On découvre dans les galeries de la mine d’Altaussee plus de six mille œuvres d’art pillées partout en Europe ! Hitler a mis à l’abri des bombardements ces œuvres volées pour son projet de musée, le Führermuseum de Linz. Quant au maréchal Göring, il y cache une partie de sa collection privée.

C’est l’unité des Monuments Men américains, composée de spécialistes de l’art, qui se voit chargée de retrouver à travers l’Europe les œuvres d’art volées par les nazis pour les rendre à leurs propriétaires. Et parmi les milliers de chefs-d’œuvre découverts dans les galeries de la mine se trouve un Vermeer fantôme non répertorié : Le Christ et la femme adultère, qui va permettre de remonter la piste du tableau. Le peintre et marchand d’art Han Van Meegeren est ainsi démasqué, arrêté et inculpé pour pillage de trésors nationaux hollandais au profit de l’ennemi, un crime pour lequel il encourt la prison à vie…  

Friso Lammertse, le conservateur du musée Boijmans de Rotterdam, dit de Van Meegeran qu’il « joue au plus haut niveau et qu’on ne peut que l’admirer ». Quoi qu’il en soit, ce documentaire à la structure narrative chronologique, riche de témoignages, de scènes de reconstitution et raconté à la manière d’une fiction historique au suspense grandissant nous incite à le croire.

France Hatron

LE FAUSSAIRE DE VERMER

Documentaire

Durée 52 min

Auteurs Frédéric Tonolli et Patrick Pesnot

Réalisation Frédéric Tonolli

Production Mano a Mano, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

 

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