Dix Jours dans la guerre d'Espagne

Octobre 1938. Deux ans après le coup d’Etat militaire, républicains et franquistes continuent de s’opposer violemment en Espagne. Alors que la guerre fait rage, Pierre Lazareff, directeur du quotidien Paris-Soir, envoie le photographe Jean Moral et l’écrivain journaliste Joseph Kessel pour couvrir le conflit. Pendant dix jours, les deux reporters vont sillonner ensemble le pays, entre Barcelone et Madrid, et dépeindre, l’un armé de sa plume talentueuse, l’autre, de son objectif, le quotidien d’une population qui doit faire face aux bombardements, au dénuement, à la peur et à la faim.

Pleins feux sur la guerre

Kessel, surnommé Jef, et Moral rendent compte de la détresse et de la résignation de tout un peuple à qui il ne reste guère plus que sa fierté. Au-delà des atrocités de la guerre, ils captent les regards angoissés des jeunes mères, l’insouciance des enfants qui seuls s’amusent encore à jouer dans les rues, le courage des soldats espagnols, l’ardeur désintéressée des volontaires des Brigades internationales, la douleur des familles séparées. Ils saisissent les longues files d’attente pour obtenir la maigre ration de pain journalière, mais aussi le flux de réfugiés qui se bousculent aux frontières avec la France. Partout, les gens fuient les zones de combat pour gagner les régions qui résistent. Lorsqu’ils arrivent à Barcelone, le nombre d’habitants a triplé en deux ans. Et bien que Jef décrive dans son premier article « une ville de 3 millions d’âmes changée en catacombes », il n’y trouvera pas de trace de rébellion. Chacun tente de survivre, tout simplement. C’est donc la vie que les deux hommes s’attachent à dépeindre.
En s’appuyant sur la série de reportages effectués par Kessel et Moral, ce documentaire de Patrick Jeudy dévoile, au travers de leur regard, les derniers jours de l’Espagne républicaine. Car, après la guerre, viendra la dictature.

Beatriz Loiseau