La Vie secrète des chansons

C’est le premier numéro de « La Vie secrète des chansons » nouvelle formule. Comment évolue l’émission ?

D’abord, j’ai l’honneur de rejoindre André Manoukian à la présentation. Son piano sera l’élément central du décor, autour duquel nous prendrons place tous les deux, accompagnés de trois invités qui vont se succéder sur le plateau. Ensuite, l’émission est désormais enregistrée en public, avec un orchestre. Ce qui va permettre à certains artistes d’interpréter leurs chansons en « live ». Pour cette première émission, nous allons recevoir Patricia Kaas, Thomas Dutronc, Véronique Sanson, Patrick Fiori, Soprano, Gérald de Palmas, Claudio Capéo, Olivia Ruiz. Chacun nous parlera, notamment, d’une chanson de son répertoire qui évoque ses origines, et nous chercherons à mettre en lumière des correspondances entre elles. Par exemple, Patricia Kaas abordera « Une fille de l’Est » et « D’Allemagne » ; Véronique Sanson parlera de la résonance particulière de « Chanson sur ma drôle de vie » dans son existence, ou encore le rappeur Soprano se confiera sur ce que révèle de lui « Parle-moi ». L’occasion pour le public de découvrir les secrets de fabrication d’une chanson, d’en mesurer la saveur et la profondeur pour leurs interprètes. Enfin, le programme évolue aussi pour faire participer le public de manière ludique. À travers des petits jeux de découverte au piano, de courts magnétos, on va s’amuser en proposant des quiz autour des chansons. Sans oublier la contribution de l’auteur-compositeur-interprète Alister, qu’on ne verra pas en plateau, mais qui nous tricotera de petits intermèdes plein d’humour, décalés, corrosifs, mais toujours très documentés. Alister va s’amuser à dénicher les bizarreries dans les textes… comme les fautes de français, les histoires d’amours étonnantes… Tout ce qui est un peu spécial mais que les chanteurs s’autorisent au nom de l’art. Ce qui ne va pas manquer de faire réagir en plateau !

Quel va être votre rôle aux côtés d’André Manoukian ?

Nous ne sommes pas dans une répartition rigide, scolaire ou académique. On a beaucoup travaillé ensemble pour préparer l’émission. Avec André, on se complète, ce qui nous permet de pouvoir nous appuyer l’un sur l’autre. Doté de cette sensibilité artistique de musicien, il accompagne le lancement des chansons, va chercher un peu dans l’âme des artistes. Moi, je fais mon travail de journaliste en interviewant nos invités. Je pense que ma présence va permettre à André de s’autoriser à laisser aller sa poésie musicale au piano. Par exemple, s’il est à fond dans ses arpèges, je serai là pour relancer les chansons ! Chacun va pouvoir ainsi s’épanouir dans sa partition.

Quel lien entretenez-vous avec la chanson française ?

Elle me nourrit, j’aime surtout les textes, les mots qui me touchent au cœur. Parmi nos auteurs-compositeurs-interprètes, j’ai un faible évident pour Véronique Sanson, et pour Julien Clerc que l’on recevra dans une prochaine émission. Ce sont de véritables poètes. Comme tout le monde, j’affectionne certaines chansons qui ont marqué des époques de ma vie, et suis capable de les écouter en boucle. Grâce à La Vie secrète des chansons, on mesure les différentes dimensions d’un texte, tout ce qu’un artiste y a mis de personnel, d’intime... C’est encore plus émouvant. Je trouve ce langage musical magnifique, il nous transporte, nous met en joie, nous énerve, nous rend jaloux, nous apaise… C’est un accompagnement, une thérapie, un voyage.

À la télévision, après l’investigation (quatre saisons à « Zone interdite »), vous revenez au domaine culturel, ce registre vous manquait-il ?

Oui, mais je continue toujours le traitement de l’actualité à la radio, le week-end sur Europe 1. La Vie secrète des chansons n’est pas une émission de variétés mais un divertissement culturel, intelligent, où je fais un travail de journaliste. Pour moi, mon métier a plusieurs facettes. L’une nourrit les autres, et vice versa. Quand j’ai accepté cette belle proposition de France 3, j’avais besoin de respirer, de renouer avec le monde de la création qui m’inspire (la chanson française, mais aussi le cinéma, le théâtre, les livres dont j’aborde l’actualité dans Même le dimanche, avec Dave, chaque dimanche à 13 h 35, sur France 3). J’ai reçu des artistes durant plusieurs saisons avec Michel Drucker, sur Europe 1. Ils me fascinent. Leur parcours est composé de succès et d’échecs, cela rend la création très humaine et nous rapproche d’eux.

Apporter sa patte, trouver sa place, dans une émission déjà installée n’est pas toujours évident. Comment appréhendez-vous l’exercice ?

En tant que téléspectatrice, j’aime beaucoup cette émission que je trouve conviviale, chaleureuse, sensible. En la présentant, je vais essayer de la vivre de la même manière, en partageant un bon moment. Aussi bien avec André qu’avec Dave, dans Même le dimanche, j’essaye de rester moi-même et surtout de penser aux téléspectateurs, comment eux aimeraient rebondir sur telle ou telle chose, qu’est-ce qu’ils aimeraient savoir. Si on pense à la manière dont on peut apporter sa patte, cela ne va pas, chacun tire la couverture à soi. Par définition, les duos ne se décrètent pas. Il faut les sentir. Je suis dans l’écoute, et j’ai pour objectif d’intégrer ce programme de manière harmonieuse, de me mettre au diapason avec André.

Propos recueillis par Sylvie Tournier