Amour à mort

Résumé

Amour à mort donne la parole à sept femmes victimes de violences conjugales, qui ont réussi à s’en sortir. Sept exemples de chemins de vie et de combat. Sept parcours de résilience. Elles disent l’isolement, le silence, la dévalorisation et la culpabilité sur lesquels reposent l’emprise. Elles disent les ravages que ces violences ont produits sur elles-mêmes et sur leurs enfants. Mais en s’adressant à celles qui subissent encore la violence, elles donnent surtout de l’espoir. Il est possible de s’en sortir à condition de sortir du silence. Quand la parole intervient, la violence recule.  

Ce documentaire sera suivi d'un débat animé par Marie Drucker avec Véronique Philipponnat - Directrice du magazine Elle, Françoise Brié - Directrice de la fédération nationale Solidarité Femmes et Fatima le Griguer Atig - Psychologue clinicienne. 
 

Note d'intention d'Eric Guéret - Réalisateur

En France, une femme est tuée tous les trois jours, ce sont 130 femmes qui décèdent chaque année de violences conjugales. Et le premier constat, qui résonne comme un échec des politiques de prévention, est que ce chiffre ne varie pas depuis des années. 

130 mortes par an, c’est beaucoup. Mais ce chiffre spectaculaire, annoncé par les associations et relayé par les médias pour dénoncer les violences conjugales, ne reflète malheureusement qu’une toute petite partie des violences. 220 000 femmes en France déclarent être victimes de violences sexuelles et/ou physiques chaque année. Soit environ 1% de la population féminine. Mais ce chiffre est incomplet :  il ne décompte pas le nombre de toutes celles qui subissent la violence sans oser le dire. Certaines enquêtes avancent qu’une femme sur dix aurait subi de la violence de la part de son conjoint au moins une fois dans l’année. 

La mort est la phase ultime d’un processus de destruction. Si 130 femmes meurent chaque année, à chaque instant, des centaines de milliers de femmes subissent les coups et les humiliations. Elles sont victimes, chaque seconde, d’un anéantissement progressif dont l’issue ne peut être que fatale. Sans trouver les ressources pour y échapper. 

Pour agir et tenter de leur venir en aide, avec les moyens qui sont les nôtres, ce film donne la parole à sept femmes victimes de violences, qui ont réussi à s’en sortir. Sept exemples de chemins de vie et de combat. Sept parcours de résilience. Ces femmes sont filmées face caméra dans un dispositif qui privilégie la parole comme sur le modèle des films « HOMOS LA HAINE », « TRANS, C’EST MON GENRE » ou « ENFANCE ABUSÉE ». 

Elles racontent la manière dont la violence s’installe dans le couple et ses différents visages. Violences physiques, mais aussi pour beaucoup, psychologiques. Elles expliquent comment leurs auteurs, qu’ils soient pervers ou non, sont parvenus à les enfermer dans cette prison infernale. Elles disent l’isolement, le silence, la dévalorisation et la culpabilité sur lesquels repose l’emprise. Elles disent les ravages que ces violences ont produits sur elles-mêmes et sur leurs enfants. 

Elles disent aussi l’espoir. L’absolue nécessité de sortir du silence et de parler. La violence recule dès que surgit la parole. 

Toutes celles qui témoignent ont réussi à partir de chez elles, à quitter le domicile conjugal devenu un enfer. A s’enfuir plutôt. Certaines sont en train de se reconstruire. Lentement. D’autres y sont déjà parvenues. Grâce à la police, au soutien des associations, de travailleurs sociaux, de psychologues et d’avocats. 

Au bout du chemin, malgré le passé et les cicatrices qu’immanquablement il a laissées, le bonheur est de nouveau possible. Ces femmes, sans fuir la réalité, mais en l’assumant et en l’utilisant deviennent plus fortes. Estime retrouvée, confiance en soi et en l’autre, nouvelle place dans la société avec un travail, des amis, une famille… 

Il est temps de tirer un bilan plus général de ces histoires individuelles. De les inscrire dans l’histoire collective : celle de notre pays face aux violences conjugales. 

Pourquoi rien ne change ? Ou si lentement. Pourquoi, malgré le Grenelle des violences conjugales organisé en novembre 2019, la société a-t-elle autant de mal à faire face à ces violences ? Pourquoi les moyens pour venir en aide aux victimes restent-ils insuffisants, pour héberger celles qui osent fuir, pour former les policiers qui reçoivent leurs plaintes, pour renforcer les tribunaux qui doivent leur rendre justice, pour accompagner les auteurs de violences et éviter les récidives ? Pourquoi, une fois encore, ce sentiment que la société n’est pas à la hauteur de ces défis ? 

Malgré les progrès effectués depuis les années 70, impulsés majoritairement pas les mouvements féministes, la société reste sous le joug d’une forme très prégnante de machisme et de domination masculine. Les violences conjugales n’en sont qu’un des visages. 

Peut-être son bras armé. Tant de violences et si peu de condamnations. Tant de silence de la part des témoins, des voisins, des familles. 

La violence existe car la société le permet. Et ça, c’est l’affaire de chacun d’entre nous, de nous tous. 

Avec les témoignages de :

-    Anne, Administratrice de la vie scolaire

-    Florence, Psychopraticienne

-    Agathe, Assistante sociale

-    Aude, Hydrogéologue 

-    Christelle, Eleveuse de chèvres

-    Géraldine, Responsable de magasin

-    Latifa, Assistante en mairie