À l'occasion de la prochaine cérémonie des César, la plateforme france.tv vous propose de découvrir ou redécouvrir des documentaires nommés ou récompensés lors des précédentes cérémonies.
Sexisme, chômage, angoisse artistique... Dans ces films nommés ou primés, les cinéastes nous montrent la voie vers un monde meilleur.
Malgré une année 2021 marquée par la crise sanitaire, le cinéma français n’a pas été avare de nouvelles pépites à découvrir dans les salles obscures. Ce fut notamment le cas avec de nouveaux documentaires, courts ou longs, dont neuf seront présentés au total lors de cette cérémonie. Et 2022 sera une année très spéciale, car elle accueillera parmi ses nouvelles catégories celle du « Meilleur court-métrage documentaire » (catégorie ayant disparu depuis 1991).
À cette occasion, france.tv vous invite à redécouvrir les documentaires ayant marqué l’histoire des César au cours des dernières décennies. Leurs points communs ?
- Tous ont été nommés, voire récompensés lors d’une cérémonie précédente.
- Nombre d’entre eux ont été réalisés par des cinéastes de talent, dont certains sont devenus de véritables références du 7e art (Agnès Varda, Raymond Depardon, Wim Wenders…).
- Chaque auteur nous livre un message profondément humain, avec une vision très personnelle et engagée.
Alors ? Est-ce que vous vous laisserez tenter par les courts-métrages ? Ou plutôt par les longs ?
Longs-métrages
Merci patron ! de François Ruffin – Le Petit Bureau (France, 2015) - César du Meilleur documentaire 2017
Pour Jocelyne et Serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes, risquant désormais de perdre sa maison. C’est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte. Il est confiant : il va les sauver. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une bonne sœur rouge, de la déléguée CGT, et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l’assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le cœur de son PDG, Bernard Arnault. Mais ces David frondeurs pourront-ils l’emporter contre un Goliath milliardaire ? Du suspense, de l’émotion, et de la franche rigolade. Nos pieds nickelés picards réussiront-ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l’homme le plus riche de France ?
Cette œuvre réalisée par François Ruffin (devenu député depuis) est sortie dans un contexte très particulier, puisqu’à l’époque faisaient rage les débats autour de la « loi travail » portée par Myriam El Khomri.
L’enfer d’Henri-Georges Clouzot de Ruxandra Médréa, Serge Bromberg – Lobster (France, 2009) – César du Meilleur documentaire 2010
En 1964, Henri-Georges Clouzot choisit Romy Schneider, 26 ans, et Serge Reggiani, 42 ans, pour être les vedettes de L’Enfer. Un projet énigmatique et insolite, un budget illimité, un film qui devait être un « événement » cinématographique à sa sortie. Mais après trois semaines de tournage, le drame. Le projet est interrompu, et les images que l’on disait « incroyables » ne seront jamais dévoilées. Bloquées initialement pour des raisons juridiques, elles disparaissent, et sont depuis près d’un demi-siècle considérées comme perdues. Ces images, oubliées depuis un demi-siècle, ont été retrouvées et elles sont plus époustouflantes que la légende l’avait prédit. Elles racontent un film unique, la folie et la jalousie filmées en caméra subjective, l’histoire d’un tournage maudit et celle d’Henri-Georges Clouzot, qui avait laissé libre cours à son génie de cinéaste. Jamais Romy n’a été aussi belle et hypnotique. Jamais un auteur n’aura été aussi proche et fusionnel avec le héros qu’il a inventé. Notre film montre l’Enfer tel qu’il a été tourné et raconte l’histoire de ce naufrage magnifique.
Le documentaire retrace l’enfer que fut le tournage de ce film inachevé… Malgré un temps de tournage très limité, Henri-Georges Clouzot souhaitait impérativement tourner et retourner les scènes. En découlèrent des relations difficiles avec ses acteurs Romy Schneider et Serge Reggiani. À cela s’ajoutèrent les problèmes de santé de ce dernier, qui dut quitter le tournage, puis l’infarctus du réalisateur, qui mit un point final à ce projet chaotique.
Tous au Larzac de Christian Rouaud – Ad Vitam (France, 2010) – César du Meilleur documentaire 2012
Marizette, Christiane, Pierre, Léon, José… sont quelques-uns des acteurs, drôles et émouvants, d’une incroyable lutte, celle des paysans du Larzac contre l’État, affrontement du faible contre le fort, qui les a unis dans un combat sans merci pour sauver leurs terres. Un combat déterminé et joyeux, mais parfois aussi éprouvant et périlleux. Tout commence en 1971, lorsque le gouvernement, par la voix de son ministre de la Défense Michel Debré, déclare que le camp militaire du Larzac doit s’étendre. Radicale, la colère se répand comme une traînée de poudre, les paysans se mobilisent et signent un serment : jamais ils ne céderont leurs terres. Dans le face-à-face quotidien avec l’armée et les forces de l'ordre, ils déploieront des trésors d’imagination pour faire entendre leur voix. Bientôt des centaines de comités Larzac naîtront dans toute la France... Dix ans de résistance, d'intelligence collective et de solidarité, qui les porteront vers la victoire.
Ce documentaire retrace les nombreuses années de luttes non violentes menées par les paysan(ne)s contre leur expropriation. Ces hommes et ces femmes de la micro-société paysanne conservatrice se virent, à leur grand étonnement, épaulés par des dizaines de milliers de personnes. Parmi ces soutiens inattendus, certains sont depuis installés sur les lieux comme agriculteurs.
Les invisibles de Sébastien Lifshitz – AD Vitam (France, 2012) – César du Meilleur documentaire 2013
Des hommes et des femmes, nés dans l’entre-deux-guerres. Ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait. Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l’amour. Aujourd’hui, ils racontent ce que fut cette vie insoumise, partagée entre la volonté de rester des gens comme les autres et l’obligation de s’inventer une liberté pour s’épanouir. Ils n’ont eu peur de rien...
Le sel de la terre de Juliano Ribeiro Salgado, Wim Wenders – Le Pacte (France, 2012) – César du Meilleur documentaire 2015 (-10)
Depuis quarante ans, le photographe Sebastião Salgado parcourt les continents sur les traces d’une humanité en pleine mutation. Alors qu’il a témoigné des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente : conflits internationaux, famine, exode… il se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète. Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano, qui l’a accompagné dans ses derniers périples et de Wim Wenders, lui-même photographe.
Réalisé par Wim Wenders, ce film documentaire retrace la vie et le travail de Sebastião Salgado. Le réalisateur accompagne Salgado dans son projet Genesis, un monument artistique pensé comme un hommage aux civilisations inconnues. Il a pu ainsi capturer, via de sublimes monochromes, la guerre et la famine… Une façon pour l’artiste d’exorciser cette violence et de transmettre au monde son amour de la paix.
Courts-métrages
Réponse de femmes d’Agnès Varda (8 min) – MK2 – Nommé aux César en 1977
À la question « Qu’est-ce qu’une femme ? » posée par une chaîne de télévision, quelques femmes cinéastes ont répondu, dont Agnès Varda. Son court-métrage a un sous-titre « Notre corps, notre sexe ». À l’écran, une femme enceinte et nue, dansant et riant à pleine gorge. D’autres, qui disent le désir d’avoir des enfants ou pas….
Je sais que j’ai tort, mais demandez à mes copains, ils vous diront la même chose de Pierre Lévy (9 min 18) – Agence du court-métrage – Nommé aux César en 1984 (et Palme d’Or au Festival de Cannes 1983)
Un professeur de dessin demande à ses élèves de 10 à 15 ans de faire un portrait de Picasso. La confrontation des dessins obtenus et des commentaires des jeunes auteurs se révèle surprenante. La spontanéité, l'insolence, la drôlerie des propos tranchent avec le discours culturel traditionnel.
New York, N.Y. de Raymond Depardon (9 min) – Palmeraie et Désert – César du meilleur court-métrage documentaire en 1986
Raymond Depardon filme quotidiennement quatre minutes de film et nous murmure son impossibilité à filmer la ville de New York.
Plus qu’une visite de la ville, ce court-métrage est un témoignage de son impuissance à faire un film sur ce lieu si particulier, ayant inspiré les plus grands cinéastes… N’ayant jamais réussi à capter l’essence de New York comme il l’aurait souhaité, nous n’aurons de cette tentative que ce court-métrage unique en son genre, exorcisant une frustration créative très forte.
« Tous les jours à la même heure, je sortais avec ma caméra. C'était l'hiver, les jours tombaient de bonne heure, la lumière m'échappait chaque soir. Englouti par la nuit, je m'arrêtais dans un café où je regardais la rue, les gens qui rentraient chez eux après le travail. Puis je regagnais ma chambre d'hôtel. Je n'arrivais pas à filmer cette ville, elle était trop forte, ma pensée était ailleurs. » Raymond Depardon.
Chet’s Romance de Bertrand Fèvre (10 min) – Agence du court-métrage – César du meilleur court-métrage documentaire en 1989
Le film raconte l'histoire d'un faisceau de lumière qui tombe d'une note de musique. C'est aussi un hommage au musicien Chet Baker... C'est la musique d'une légende, le portrait d'une romance.
Vers la tendresse d’Alice Diop (38 min) – Kwafilms – César ex-aequo du meilleur court-métrage en 2017 (-10)
Vers la tendresse est une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue. En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles.
Dans Vers la tendresse, la mise en scène de la virilité contraste avec les portraits très intimes, qui dévoilent un peu de l'histoires et de la personnalité des protagonistes.
Avec sa sélection de courts et longs-métrages documentaires, la 47e cérémonie des César ne dérogera pas à la règle et nous présentera des œuvres d’une grande humanité. Deux films France Télévisions seront d'ailleurs des festivités dans la catégorie « Meilleur film documentaire », à savoir Animal et Bigger Than Us. Tous deux sont nommés aux côtés des nombreuses productions France Télévisions présentées aux César cette année dans diverses catégories.
Toute notre sélection « Les César du documentaire » est disponible ici, sur france.tv
ROBIN UZAN