Ma dernière campagne

« Rien ne s’est passé comme prévu. » C’est en ces termes que Serge Moati résume la campagne présidentielle française de 2017. Pourtant, celui qui a filmé François Mitterrand au Panthéon le jour de son investiture, le 21 mai 1981, est habitué à l'exercice. À chaque grande échéance électorale, cet observateur privilégié de la vie politique sort sa caméra pour montrer les dessous de ce moment démocratique important. Après 47,3…% Les Coulisses d’une campagne pour lequel il avait suivi Lionel Jospin lors de la présidentielle de 1995, Tous en scène ! Ou spectacles d’une élection en 2002, La Prise de l’Élysée en 2007 et sa série documentaire Élysée 2012, la vraie campagne, l’ex-conseiller audiovisuel de François Mitterrand retrace le scénario improbable de cette dernière campagne.

Du premier tour des primaires de la droite et du centre en novembre 2016 au débat du second tour entre une Marine Le Pen agitée et confuse face à un Emmanuel Macron déjà « jupitérien », il revient sur les innombrables rebondissements de la présidentielle. Il évoque ainsi le renoncement de François Hollande, les éliminations de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé ou encore de Manuel Valls, victimes du « dégagisme », le Penelopegate, l’alliance Macron-Bayrou, le rassemblement impossible entre Hamon et Mélenchon, l’absence de front républicain après les résultats du premier tour… En interrogeant, tout au long de la campagne, acteurs et conseillers, il livre une fois de plus un autre regard, souvent drôle et décalé, de cette folle course à l’Élysée.

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Les intervenants

Emmanuel Macron, Florian Philippot (ancien vice-président du FN), Benoît Hamon (candidat PS), Jean-Luc Mélenchon (candidat La France insoumise), Henri Guaino (ancien conseiller de Nicolas Sarkozy), François Bayrou (président du Modem), Jean-François Copé (maire LR de Meaux), Bernard Cazeneuve (ancien Premier ministre), Jean-Louis Bourlanges (député Modem), Roger Karoutchi (sénateur LR), Yannick Jadot (député européen EELV), Richard Ferrand (député LREM), Jean-Marie Le Pen (président d’honneur du FN), Éric Ciotti (député LR).

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Morceaux choisis

« C’est l’histoire de quelqu’un qui croit que l’on peut changer son pays si on va au bout de ses rêves. » Emmanuel Macron, à propos de son élection

« Comment pouvez-vous aller à la rencontre de tous ces Français et leur dire les yeux dans les yeux : “Vous avez trop bien vécu depuis quarante ans, maintenant il est temps de payer.” C’est impensable. C’est la raison pour laquelle j’ai refusé d’adhérer à ce projet. » Henri Guaino, à propos du programme de François Fillon

« L’élection imperdable des Républicains peut se transformer — sans utiliser d’image chrétienne — en calvaire. » Yannick Jadot

« Les socialistes, ce sont des héritiers. La table a été mise [par Mitterrand] et, depuis, on a mangé tout ce qu’il y avait, ensuite on a commencé à vendre la vaisselle, puis on a vendu les meubles. Mais la tâche de base, c’est de convaincre. » Jean-Luc Mélenchon

« Après la primaire, on a tenté de parler “rassemblement de la gauche” à des électeurs dont on aurait bien aimé qu’ils votent utile pour Benoît Hamon, plutôt que pour Jean-Luc Mélenchon. Il nous a dit non très poliment. C’est un bon vieux socialiste, Mélenchon, pour ça. Il a gardé la bonne vieille culture hégémonique. Y a pas plus socialo-classique que Mélenchon. » Benoît Hamon

« Marine a fait une bonne campagne. Elle aurait pu en faire une exceptionnelle, mais il lui aurait fallu un autre élan. Je crois que la décision probablement tactique ou stratégique de mon éviction a cassé le moral du mouvement. Et cela a entraîné un certain nombre d’exclusions de mes amis, mais surtout une langueur générale du mouvement, qui en perdant la morale perdait aussi le moral. » Jean-Marie Le Pen

« La vérité, c’est que les clivages de la société française, qui existent, qui nous font vivre, par rapport auxquels nous nous situons, ne sont plus entre la droite et la gauche, mais à l’intérieur de la gauche et à l’intérieur de la droite. D’où la violence des affrontement, parce que ce sont deux guerres civiles. » Jean-Louis Bourlanges

« La question était : est-ce qu’on peut gagner l’élection présidentielle ? Et pour gagner, au lieu de diviser, il faut rassembler. Et c’est cela qui s’est imposé à moi. » François Bayrou