Dans le Pacifique-Sud, l’île de Bougainville, région autonome de Papouasie-Nouvelle-Guinée, panse encore ses blessures plus de quinze ans après la fin de la guerre civile. Meurtrie par ce conflit sanglant, la population s’interroge sur l’avenir politique et économique du pays.
"Dieu créa l’île de Bougainville et lui donna son souffle pour respirer et pour préserver la vie, la végétation et l’environnement, explique un habitant. Il fit de l’homme son gardien. Ici, traditionnellement, la terre appartient aux femmes. Quand le colonisateur arriva sur Bougainville, il transféra ses propres problèmes en l’homme bougainvillien."
Située dans le Pacifique, cette petite île, ancrée entre la Papouasie et les îles Salomon, possède un cœur de métal. Découvert dans les années 1960, le gisement de cuivre devient vite l’une des plus grandes mines à ciel ouvert au monde : Panguna. Pour la population indigène, le bouleversement est total : expropriation des terres ancestrales et coutumières, déplacement, destruction de l’environnement, création de bidonvilles, sentiment de frustration… En 1988 débute alors une guerre entre la résistance bougainvillienne et les puissances coloniales. Elle durera plus de dix ans et entraînera la fermeture de la mine. Si l’île devient une région autonome de Papouasie-Nouvelle-Guinée à la fin du conflit, le combat des habitants "pour protéger la terre, l’homme et sa culture" continue. Encore hantés par leurs défunts, ils devront pourtant bientôt statuer sur leur avenir, un référendum sur l’indépendance de l’île étant prévu d’ici à 2020. Pour le président John Momis, le moyen le plus simple de générer des revenus durables est de rouvrir la mine. Sur les plaies encore béantes de Panguna, nombre de Bougainvilliens rêvent plutôt à une nouvelle modernité dans le respect des traditions : "Au nom de l’extraction minière, plus de 20 000 personnes sont mortes ici. Maintenant, ça suffit tout ce bain de sang ! "
Amandine Deroubaix
Documentaire
Présentateur : Elyas Akhoun
Auteurs-réalisateurs Olivier Pollet et Alexandre Berman
Production Arsam International / Fourth World Films / France Télévisions
2016
Durée 52 min