Partout, à travers la planète, ils sont des milliers à emprunter, par nécessité, des axes et des transports particulièrement dangereux. Embarquement cette semaine pour l’Éthiopie, à la rencontre d’hommes et de femmes qui se déplacent quotidiennement au péril de leur vie pour travailler.
Aridité à perte de vue, fumerolles de souffre, rivières d’acide… Au nord-est de l’Éthiopie, le désert Danakil est l’un des endroits les plus inhospitaliers de la planète. Pourtant, et malgré la température qui frôle parfois les 50°C à l’ombre, des hommes s’y aventurent régulièrement pour arracher à la terre de quoi survivre. Car, dans ce milieu hostile, on trouve une denrée très recherchée… si l’on est prêt à accepter de travailler dans des conditions inhumaines. Certains n’ont pas vraiment le choix. Pour 2 € par jour, ils prélèvent à la pioche des blocs de sel qu’ils acheminent ensuite à dos de chameau. Il leur faut encore trois jours de marche avant de pouvoir écouler la précieuse marchandise en ville. L’un d’eux résume ainsi sa vie : « Je découpe des morceaux dans le sol, je sors la plaque d’eau salée, je la nettoie et après je la vends au tailleur. Je fais ce métier depuis 18 ans et je ne m’arrête jamais car j’ai six enfants à nourrir […] ; mais c’est dur. Il fait très chaud, le soleil nous brûle et le sel nous ronge les yeux, la peau des mains et des pieds ».
Ailleurs en Éthiopie, loin du désert, ce ne sont plus les camélidés qui servent de moyen de transport à la population. Sur les routes, rarement goudronnées et parmi les plus dangereuses au monde, des camions d’un autre âge entassent à l’arrière autant de passagers que possible, moyennant finances. Beaucoup voyagent ainsi debout des heures durant, risquant de surcroît de passer par dessus bord au moindre freinage intempestif. Ceux qui choisissent la voie ferrée ne sont pas mieux lotis. Les rails, comme le train datent de l’inauguration de la ligne en 1917, les wagons n’offrent aucun confort ni sécurité et sont même dépourvus de manettes d’arrêt d’urgence. Et malgré l’absence de portes et de vitres aux fenêtres, les usagers doivent faire face à l’intérieur à une chaleur étouffante. Quant à la locomotive, elle tombe en panne plus souvent qu’à son tour, obligeant les uns à des attentes interminables allant jusqu’à plusieurs jours, et les plus intrépides à finir le voyage à pied.
Beatriz Loiseau
Série documentaire
Durée 52 min
Auteurs-réalisateurs Alexandre Spalaikovitch et Guillaume Lhotellier
Production Tony Comiti avec la participation de France Télévisions
Année 2017