Temps fort semaine 47
D’après une idée originale de la journaliste Frédérique Lantieri, cette série documentaire en six épisodes est une immersion au cœur de la garde à vue, ce huis clos où l’on ne pénètre jamais et où pourtant tout se joue.
En France, la durée maximale d’une garde à vue est de quarante-huit heures. Deux jours durant lesquels les policiers en charge de l’enquête doivent obtenir des aveux. Chaque épisode de cette série plonge le téléspectateur dans une affaire criminelle résolue à l’aide de procès-verbaux, d’interviews des protagonistes et de reconstitutions jouées par des comédiens. Ce huis clos est entrecoupé d’interventions de ceux qui ont participé aux événements et qui sont à même de décrypter ces quarante-huit heures.
Série documentaire
Durée 6 x 52 min
D’après une idée originale de Frédérique Lantieri
Auteurs Rémy Burkel, Éléonore Rougier, Thierry de Lestrade, Vincent de Cointet, Anne-Sophie Martin et Frédérique Lantieri
Réalisateurs Rémy Burkel, Éléonore Rougier, Thierry de Lestrade et Vincent de Cointet
Production What’s Up Films, avec la participation de France Télévisions
Année 2017
© Gérard Bedeau / FTV
Pourquoi avoir voulu réaliser cette série sur la garde à vue ?
Frédérique Lantieri : C’est quand même une question passionnante que cette guerre psychologique qui se joue à huis clos. Aujourd’hui, on n’exerce plus de coercition physique et, juste par la parole, les gens finissent par craquer. Qu’est-ce qui fait que quelqu’un finit par parler alors qu’il n’a aucune envie de le faire ?
Comment avez-vous eu l’accord des policiers et des gendarmes ?
F. L. : On a reçu dans l’ensemble un accueil très favorable de leur part. Je leur ai expliqué ce que l’on voulait faire : un décryptage afin de permettre au public de comprendre leur travail, qui ressemble souvent à une partie d’échecs. Que leur rôle serait tenu par des comédiens. Ils ont compris que nous allions lever le voile sur ce fantasme de la garde à vue.
Sur quelles ressources vous êtes-vous appuyée ?
F. L. : Il y a eu un énorme travail de préparation : nous avons réalisé une interview très longue et très poussée des uns et des autres – policiers, gendarmes, avocats –, sur les circonstances et les « off » de chaque garde à vue ; nous leur avons fait relire les procès verbaux des auditions. Cela nous a permis d’être très pointilleux dans les reconstitutions. Puis nous avons écrit les scénarios à partir de ces entretiens et les comédiens ont redonné une dimension humaine à ces gardes à vue.
Comment avez-vous choisi les six affaires ?
F. L. : Certaines m’avaient été décrites par des policiers et des gendarmes. D’autres sont bien connues du grand public, mais on peut les raconter différemment par le biais de la garde à vue. Chacune est une rencontre humaine entre un enquêteur et celui qui est interrogé. Il faut que le courant passe pour obtenir quelque chose : ce moment du basculement, celui des aveux.
Comment provoque-t-on ce basculement ?
F. L. : Chaque histoire est unique, c’est stratégique et très intuitif. Il faut essayer de comprendre quelle est la porte d’entrée d’un individu. Ce qui va l’émouvoir ou le faire craquer. C’est un jeu de rôles où il faut faire preuve de psychologie, d’intelligence et d’astuce. Il y a des gens avec qui il faut ruser, parfois même mentir. Ça ne marche que parce que c’est un travail d’équipe entre binômes d’enquêteurs. La pression morale est tellement forte pour le gardé-à-vue qu’après le méchant enquêteur, le gentil déstabilise : il va alors craquer parfois pour lui faire plaisir. Mais on ne mène pas la garde à vue de gros truands, de délinquants comme celle d’une femme qui a tué son mari. Ce qui est intéressant, c’est le rapport de force qui va se jouer et la personnalité de l’accusé.
Qu’est-ce qui vous a le plus frappée dans ces gardes à vue ?
F. L. : L’intuition des enquêteurs, leur connaissance de la psychologie et une certaine forme d’empathie, qu’ils utilisent pour essayer de faire craquer celui qui est interrogé. Ils sont animés d’une espèce d’obstination personnelle pour arriver aux aveux, qui, grâce aux progrès de la police scientifique, ne sont pourtant plus essentiels à la résolution des dossiers. Les enquêteurs sont aux premières loges car ils ont souvent été confrontés à des images très dures et perçoivent directement la souffrance de la victime et des familles. C’est lourd à porter. Beaucoup ont pleuré en racontant ces histoires. Quand ils font avouer quelqu’un, cette personne va enfin se charger du crime à leur place, elle va devoir prendre du recul et donner une explication. C’est aussi pour un individu une façon de revenir dans la communauté humaine. Souvent l’aveu, c’est la seule chose qu’ils peuvent offrir aux familles.
Propos recueillis par Anne-Laure Fournier
Fiche technique
En détails
À 20.50 : La garde à vue de Jean-Yves Morel
Auteurs Frédérique Lantieri et Rémy Burkel Réalisation Rémy Burkel
Déconseillé aux moins de 10 ans
Le 2 juillet 1997, en Normandie, John Griffin signale la disparition de sa fille de 23 ans, Élisabeth. Sa voiture est retrouvée sur le parking d’une cité de Lillebonne. Dans son sac à main : deux petits bouts de papier. L’un avec le numéro de téléphone d’un certain Jean-Yves Morel, l’autre sur lequel est griffonné : « Fred, le 24, à 10 heures ». Après trois mois d’enquête, il ne reste qu’un nom, celui de Jean-Yves Morel, un homme sans histoire de 33 ans, marié, père de famille. Le 9 octobre 1997, celui-ci est convoqué à la gendarmerie à 9 heures du matin. Sa garde à vue commence…
Extrait
https://youtu.be/HMiipt89HQc
À 21.40 : La garde à vue de Jean-Stéphane Saizelet et de Nadège Wiktorska
Auteures Frédérique Lantieri et Éléonore Rougier Réalisation Éléonore Rougier
Juillet 1995. Un appel anonyme informe la police que le décès de Jean-Bernard Wiktorska, déclaré comme accidentel, serait en fait un meurtre. Il aurait été tué par sa femme et son amant. Les policiers récupèrent le corps in extremis, juste avant son incinération. L’autopsie confirme l’homicide. Les policiers interpellent le couple dénoncé par la mystérieuse informatrice, ainsi que la femme chez qui ils ont été découverts. Lors de l’arrestation, l’homme prétend s’appeler Jean-Bernard Wiktorska, donnant ainsi l’identité du mort. Ils sont transférés à la brigade criminelle de Versailles le 20 juillet 1995, à 13 h 15. Leur garde à vue commence...
Extrait
https://youtu.be/BlvPe-fltTg
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