Avant le déluge

« On dirait le Mordor », constate Leonardo DiCaprio en survolant un site d’extraction de sables bitumineux dans la province canadienne d’Alberta. Là où se développait il y a quelques dizaines d’années une forêt boréale s’étend désormais, sur des kilomètres à la ronde, une mine d’or noir à ciel ouvert digne des étendues arides et inhospitalières imaginées par J.R.R. Tolkien. L’exploitation de ces gisements de pétrole non conventionnel inflige des dégâts irréversibles à l’environnement, comme le souligne Michael Brune, directeur exécutif de l’association américaine écologiste Sierra Club. « C’est la méthode la plus destructrice pour produire des énergies fossiles. Elle implique de raser d’immenses forêts, empoisonne les cours d’eau et a un impact gravissime sur la vie sauvage et les habitants », explique-t-il avant de rappeler que : « Les énergies fossiles propres, ça n’existe pas. »

Est-il encore possible d’inverser la tendance ?

« Chaque jour, on est assaillis de nouvelles catastrophiques sur l’environnement, et le problème semble s’aggraver », remarque Leonardo DiCaprio, sensibilisé il y a quelque temps au réchauffement de la planète par Al Gore, alors vice-président. Quelle est la gravité de la situation ? Peut-on encore inverser la tendance ? Dorénavant messager de la paix en charge du climat pour l’ONU, l’acteur oscarisé a parcouru le globe pendant deux ans pour constater l’étendue du péril à l’œuvre et s’entretenir avec des scientifiques, des acteurs locaux et des leaders mondiaux tels que Barack Obama ou encore le pape François. Disparition des glaciers au Groenland, défrichement des forêts à Sumatra, multiplication des inondations en Floride, brouillard de pollution qui affecte le quotidien des habitants en Chine, devenue « l’usine du monde », annihilation de nombreuses espèces animales, montée des eaux qui menace plusieurs îles du Pacifique… Leonardo multiplie, dans ce documentaire, les preuves visuelles de l’aggravation de la crise environnementale et dénonce les lobbies qui gangrènent le Sénat américain. « Nous n’avons plus la possibilité ni le temps de la réalité du changement climatique, alerte Philip Levine, maire de Miami Beach. Si vous êtes sceptique, venez nous voir et on vous fera comprendre la gravité du problème. » Un état des lieux des effets de la surconsommation énergétique sur la planète pour susciter une prise de conscience collective. Avant qu’il ne soit trop tard.

Amandine Deroubaix