Infos et société

Caledinno

Dimanche 27 février 2022 à 19h20
NUMERIQUE ET TELEVISION

C'est quoi cette idée de dengue ?

Et si la Nouvelle-Calédonie s’appuyait sur le digital, les technologies émergentes et l’innovation pour répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux de demain ? C’est ce que va vous montrer cette nouvelle émission. Une véritable plongée dans le monde de l’innovation en Nouvelle-Calédonie, que soit le domaine concerné par son application (agriculture, pêche, numérique, santé, construction, tourisme, enseignement…) ou le type d’innovation (technologique, procédé, recherche scientifique etc.). 

La bactérie Wolbachia, une innovation biologique pour lutter contre la dengue

Cette semaine, zoom le World Mosquito Program, une initiative à but non lucratif, initialement créée et développée par l’Université de Monash en Australie. Ce programme est issu de recherches scientifiques autour de la bactérie Wolbachia débutées dans les années 80. C’est le professeur Scott O’Neill qui, au fur et à mesure de ses découvertes quant aux propriétés de cette bactérie, a décidé de créer le World Mosquito Program. Sa volonté était de protéger les populations mondiales contre la dengue grâce à ses recherches.

Merouane a rencontré Nadège Rossi, responsable de l'antenne calédonienne du World Mosquito Program.

Nadège Rossi

POURRIEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER CETTE ORGANISATION, SON HISTORIQUE ET SA RAISON D’ÊTRE ?  
Le World Mosquito Program est une initiative à but non lucratif, initialement créée et développée par l’Université de Monash en Australie. Ce programme est issu de recherches scientifiques autour de la bactérie Wolbachia débutées dans les années 80. C’est le professeur Scott O’Neill qui, au fur et à mesure de ses découvertes quant aux propriétés de cette bactérie, a décidé de créer le World Mosquito Program. Sa volonté était de protéger les populations mondiales contre la dengue grâce à ses recherches.

 

POUVEZ-VOUS RAPPELER À NOS LECTEURS CE QU’EST LA DENGUE ?  
Il s’agit d’un virus qui, en Nouvelle-Calédonie, n’est transmis que par la piqure d’une seule espèce de moustiques : Aedes aegypti. En Nouvelle-Calédonie, on dénombre une vingtaine d’espèces différentes de moustiques. Par exemple, les moustiques de mangrove, extrêmement agressifs et embêtants, ne transmettent pas du tout la dengue… D’autres espèces de moustiques peuvent également transmettre la dengue mais elles ne sont pas présentes en Calédonie. « Aedes aegypti » est un moustique qui va plutôt vous piquer le jour, qui ne fait pas de bruit et dont on ne se méfie pas forcément. D’autant que sa piqure ne va pas perdurer dans le temps ! Ce moustique n’est donc pas une grosse nuisance en soi, si ce n’est qu’il transmet la dengue mais aussi le Zika ou le chikungunya.  

Une fois que l’on a attrapé la dengue, après une période d’incubation, on peut déclencher des symptômes ; certaines personnes, au contraire, restent asymptomatiques et ne vont même pas se rendre compte qu’elles ont la dengue. Lorsque des symptômes se déclarent, il s’agit souvent de fortes fièvres, de courbatures ou d’un état de fatigue intense. On peut alors parvenir à se soigner simplement avec du paracétamol.  

Malheureusement, nous pouvons aussi assister dans certains cas à des formes graves de la maladie, parfois hémorragiques, avec des saignements des muqueuses ou des complications lymphatiques. On ne sait pas vraiment pourquoi ; il n’y a pas une population qui y soit plus exposée qu’une autre… Ces formes graves peuvent même entrainer le décès. Il faut donc être prudent car ces formes graves ne se déclenchent pas immédiatement. On peut avoir dans un premier temps des symptômes « normaux » et ensuite, lorsque la fièvre commence à baisser, une forme grave qui se déclare.  

DE QUAND DATENT LES PREMIERS ESSAIS RÉALISÉS SUR LE TERRAIN PAR LE WORLD MOSQUITO PROGRAM ET QUELLES EN ONT ÉTÉ LES ÉTAPES CLÉS DE CETTE INNOVATION BIOLOGIQUE ?  
Les premiers essais sur le terrain remontent à 2011. Ces essais ont été réellement concluants et ont rapidement démontré que les moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia n’étaient plus en mesure de transmettre ni la dengue, ni Zika ou le chikungunya via leur piqûre.   
Fort de cette nouvelle connaissance, il a ensuite fallu démontrer que l’on pouvait relâcher des moustiques porteurs de Wolbachia et qu’ils pouvaient réellement se répandre dans l’environnement et se reproduire normalement. Ensuite, il s’agissait de s’assurer que ces moustiques allaient progressivement remplacer les moustiques qui ne portaient pas la bactérie ; et ce remplacement s’opère tout simplement par le cycle de reproduction ! En effet, la descendance issue de la reproduction d’un moustique porteur de Wolbachia et d’un moustique non-porteur est assurée de porter la bactérie et donc de ne pas transmettre ces maladies.  

Lorsque de multiples générations, les unes après les autres, sont relâchées dans la nature, nous parvenons logiquement à une proportion de plus en plus importante de moustiques porteurs de Wolbachia. Lorsque cette proportion devient suffisamment importante par rapport aux moustiques non-porteurs, le risque de transmission à l’homme des arboviroses tropicales comme la dengue diminue drastiquement. A terme, le risque d’épidémie devient quasiment nul !    

 

Auteur : Guillaume Terrien 

Réalisation : Joris Ravel

Présentation : Mérouane Tazi

Production :Neotech 

Diffusion : le dimanche à 19h20

Durée : 6 min en TV / 3 min sur le numérique