Les parachutistes de l'île intense

​​​​Après avoir passé plus de dix années en équipe de France de parachutisme des disciplines artistiques et avoir obtenu deux titres mondiaux, Sébastien Chambet est actuellement entraîneur de l'équipe de France. Manager, gestionnaire, coach et préparateur mental font partie de ses missions quotidiennes. Également scénariste et réalisateur de documentaires, il a développé pour France Télévisions une série documentaire qui présente les territoires d’Outre-mer à travers le regard de l’équipe de France de parachutisme.

Vous avez sillonné La Réunion vue du ciel. Que retenez-vous de cette belle aventure ?
Sébastien Chambet : La Réunion porte bien son nom d'île intense ! Il y a effectivement de nombreux lieux emblématiques que nous avons pu survoler lors de ce tournage. Le volcan actif qu'est le piton de la Fournaise constitue un des temps forts de cette aventure. Survoler ces zones contrastées aux couleurs brunes et orangées nous a permis de ressentir des émotions toutes particulières, pleines d'énergies positives. Se retrouver ensuite sous terre, confinés au cœur de ces tunnels de lave refroidie, a encore ajouté des sensations étranges et complètement à l'opposé de l'immensité du ciel dans lequel nous évoluions quelques minutes plus tôt, lors du survol du cratère Dolomieu. Le cirque de Mafate fut également un endroit inoubliable, authentique et unique au monde. Survoler le col du Taïbit pour passer de Cilaos à Mafate, en longeant le sommet du Grand Bénare, et face au piton des Neiges, c'était un moment magique, dans un panorama exceptionnel ! Marcher ensuite au cœur des îlets et rencontrer les enfants de ces villages fait partie des instants que nous n'oublierons jamais. Oui, La Réunion est vraiment intense ! 

Vous avez réalisé un saut exceptionnel combinant pour la première fois au monde trois disciplines de la chute libre, quelles difficultés avez-vous  rencontrées ?
S. C. : La difficulté pour combiner trois disciplines dans un même saut, c'est la synchronisation. Une wingsuit ne vole pas à la même vitesse qu'une voile qui porte deux personnes. Il a fallu faire des essais, modifier nos vitesses, affiner nos trajectoires et ensuite tenter un appontage en toute sécurité. Après quelques secondes de vol ultra-synchronisé entre des engins aériens qui n'ont rien à voir, il fallait que je me détache de la voile pour continuer à voler avec la wingsuit qui était accrochée sous mes pieds. Là encore, une synchronisation entre Vincent, équipé de son aile, et moi, en combinaison classique, demande beaucoup d'entraînement. Finalement, cette synchronisation multiple a demandé plus de dix jours d'entraînement dédié, pour pouvoir reproduire cette figure au-dessus de Mafate en toute sécurité. Ce fut un gros challenge et une belle expérience qui a nécessité beaucoup de travail.

Quelles sont les prochaines destinations à venir et quels autres défis aimeriez-vous concrétiser ? 
S. C. : L'année passée a malheureusement mis en stand-by de nombreux projets. La crise sanitaire pose de grandes difficultés pour ce genre de projet qui demande beaucoup de préparation. Nous n'avons pas encore de destinations prévues, mais d'autres projets de films sont en cours, notamment pour mettre en valeur le parachutisme au féminin. À suivre…

Propos recueillis par Djeneba Sangare