Retour aux sources : Sonia Rolland

Votre amour de l’histoire est-il à l'origine de l'adaptation de Retour aux sources ?
Incontestablement. J'aime à parler d'histoire, à trouver différentes façons de l'évoquer, de l'aborder à la télévision. Et dans Retour aux sources, l'histoire est traitée à hauteur d’homme. Elle est concrète, vivante. Ce programme, qui joue aussi sur l’émotion, nous permet de revisiter des épisodes de la grande histoire, grâce aux parcours singuliers des ancêtres dont nous découvrons l'existence à travers les recherches de leurs descendants.

Pourriez-vous rappeler le concept de ce programme ?
Permettre à une personnalité publique – comédien, chanteur, sportif et pourquoi pas homme ou femme politique, même si ça ne s’est pas encore présenté – de remonter son arbre généalogique et ainsi de redécouvrir son histoire familiale, en menant une enquête sur le terrain. C'est une expérience unique, qui tient à la fois du polar, du romanesque et de l'histoire. Il y a une phrase, fondamentale, que nous répétons à chaque début d'émission : « Savoir d’où nous venons pour comprendre qui nous sommes ». Et c'est le cas, pour tous ceux qui ont participé à Retour aux sources.

« Tous nous disent avoir été marqués par ce qu'ils ont vécu.
Pour eux, il existe un avant et un après Retour aux sources. » 
Arnaud Poivre d'Arvor

Comment se déroule l'émission ?
Nos équipes travaillent avec un généalogiste et une journaliste enquêtrice pour trouver un maximum d'éléments avant de partir en tournage. Un travail passionnant qui nécessite de la patience et du temps car il faut recouper des informations, contacter des archivistes afin que celle ou celui qui part puisse à son tour interroger des gens et mener sa propre enquête. Marie Drucker les rencontre en début d'émission. Cela leur permet de poser les enjeux de cette quête et d'expliquer ce qu'ils savent ou veulent découvrir. Plusieurs semaines après leur retour, ils se revoient pour évoquer la façon dont ils ont vécu ce voyage dans le temps et ce qu'ils en ont retenu, ce qui les a marqué. Au cours du programme, nous proposons des encadrés historiques tournés aux Archives nationales. Les questions posées par Marie Drucker aux historiens, sur l'époque ou les événements auxquels nous nous référons, sont toujours en lien avec l'histoire personnelle des parents, grands-parents ou arrière-grands-parents de nos personnalités.

Que pouvez-vous nous dire du Retour aux sources consacré à Sonia Rolland ?
Sonia Rolland est franco-rwandaise. Fière de sa double culture, elle souhaitait en savoir plus sur ses origines familiales. À travers l'histoire de son grand-père paternel, de sa filiation, nous en apprenons davantage sur une maladie qui a fait des ravages en France au début du XX^e siècle et contraint des familles entières à vivre séparées. Elle, qui est née au Rwanda, a cherché, entre autres, à savoir ce qu'il était advenu de son grand-père maternel pendant le génocide de 1994, au cours duquel un million de personnes ont perdu la vie et auquel lui a miraculeusement survécu. Et pendant son enquête, il va lui être rapporté des informations sur ses origines nobles mais aussi sur ce qu'a vécu sa mère enfant, à la fin des années 50, à une époque où le Rwanda connaissait ses premiers conflits. Si Retour aux sources nous permet de découvrir une personnalité sous un autre jour, l'émission nous éclaire aussi sur des moments clés de l'histoire. En nous intéressant à sa famille et en remontant son arbre généalogique, nous avons pu aborder l'histoire rwandaise au siècle passé. Et à travers elle, la responsabilité des colons belges dans les événements qui ont conduit à ce terrible génocide des années plus tard.

Propos recueillis par Clotilde Ruel.