À Brest, l'adjudant-chef Fleurot mène l'enquête. Dans cette fiction, signée Laurence Katrian, la comédienne incarne en effet Odessa Berken, gendarme militaire, mandatée pour élucider la disparition inquiétante d'un élève fusilier marin. Un univers secret et cloisonné et un rôle à la hauteur de cette femme de caractère, actrice aux facettes multiples, comme nous l'explique Marie-Hélène Pagès, productrice du film.
Audrey Fleurot en uniforme de la gendarmerie maritime, était-ce une évidence ?
Marie-Hélène Pagès : J’avais déjà très envie de retravailler avec Audrey. Mais quand vous apprenez qu’elle a vécu dans une caserne, car son père était pompier et que son grand-père était marin sur la base de Toulon, vous vous dites que ce rôle était fait pour elle ! Plus généralement, Audrey est une comédienne qui adore casser son image de papier glacé de rousse sublime pour interpréter des personnages très masculins et se lancer dans des scènes très physiques. C’est enfin une grande professionnelle très investie dans ce qu’elle entreprend.
L’action se déroule à 70 % au centre d’instruction naval de Brest. Quelle fut l’attitude des militaires à la lecture du scénario ?
M.-H. P. : L’armée nous a été d’un grand soutien. Le ministère de la Défense aussi. Passer pour « la grande muette » ne semble plus d’actualité. Bien au contraire. Nous avons obtenu sans difficulté un accord immédiat pour traiter librement du harcèlement, voire des violences sexuelles dans cette base qui est un site militaire de renom. Autant on a pu nous faire changer, à juste titre, telle posture ou tel mot de vocabulaire, autant, sur le fond, rien n’a été modifié ni censuré.
Une ouverture encouragée au sein même de l'armée ?
M.-H. P. : Tout à fait. Cette vigilance et cette proactivité pour plus de transparence sont aussi développées au sein de l’armée. Nous faisons par exemple référence dans le film à la Thémis. Cette cellule spécifique a été créée en 2014 pour accompagner les victimes d’agression, de discrimination ou de harcèlement sexuel. Celles-ci peuvent notamment s’y exprimer sous couvert de l’anonymat, un atout essentiel car les victimes ont généralement peur de parler à un gradé ou parce que leur agresseur est dans l’environnement du commandement.
Et, sur place, l'accueil fut-il aussi à la hauteur tout au long du tournage ?
M.-H. P. : Nous avons tourné 70 % des scènes sur la base, pourcentage qui n'avait jamais été atteint pour une fiction. Tous les militaires ont fait preuve d'une grande disponibilité et d'une réelle bienveillance. En cas de difficultés ou d'imprévus, ils nous trouvaient toujours une solution. Ce furent de vrais échanges entre des individus passionnés par leur métier.
Propos recueillis par Béatrice Dupas-Cantet