SEMEUSES DE JOIE
Humanités

Semeuses de joie, de l’Himalaya aux Andamans

Collection documentaire - Dimanche 15 septembre 2016 à 14.40

Chaque dimanche après-midi, la collection « Humanités » propose des documentaires ethnologiques qui rendent compte de la vie d’hommes et de femmes à un tournant de leur histoire. Des peuples rattrapés par la modernité, mais qui luttent avec force pour préserver leur identité. Pour démarrer la nouvelle saison, direction le sous-continent indien avec un documentaire qui a reçu cet été le prix Cultures du monde au 47e Festival international du film alpin des Diablerets.

Elles s’appellent Fasang (36 ans), Abi Sonam Dolma (77 ans), Keysang (42 ans), Nawang Dolma (41 ans), Tsewang Dolma (61 ans), Abi Pélé (78 ans), Tsering Dolma (70 ans), Tashi Angmo (65 ans), Yangdol (38 ans), Ltenzin Angmo (41 ans), Puntsok Dolma (27 ans). Ce sont des nonnes bouddhistes, des femmes courageuses qui vivent dans les montagnes de l’Himalaya, au Zanskar, à 3 700 mètres d’altitude. Elles prient, font des offrandes quotidiennes au temple, allument des cierges à tour de rôle, maintiennent les rituels provenant d’un héritage ancestral.

Des femmes exceptionnelles, en harmonie avec la nature, en paix avec elles-mêmes. Caroline Riegel a rencontré ces onze nonnes il y a une dizaine d’années. Une amitié est née entre elles. « Je les ai aimées dès notre premier éclat de rire », déclare la réalisatrice, ingénieure en construction hydraulique, qui leur a promis de les emmener en voyage à travers l’Inde, de la grande barrière himalayenne aux îles Andaman.

Rencontre avec des femmes remarquables

Caroline Riegel et deux nonnes

Caroline Riegel et deux nonnes. © Olivier Föllmi

La plupart d’entre elles n’ont jamais voyagé, ne connaissent pas ce grand pays pourtant si proche, où est né le bouddhisme. Caroline a décidé de leur faire découvrir de nouveaux paysages : « Il est un enseignement que je pouvais leur offrir, celui du voyage, école de vie, un cadeau à la hauteur de l’inestimable secret qu’elles m’ont révélé : la conscience du bonheur. » La nonne la plus âgée, Abi Pélé, qui a déjà voyagé, restera pour prier. Elle sera la gardienne de la montagne. Pendant quatre mois, ces femmes hors du commun vont affronter l’inconnu.

Pour commencer, elles effectuent la périlleuse descente d’un fleuve en partie gelé, jusqu’à Leh. Puis c’est l’arrivée à Dehli. Le petit groupe va d’émerveillement en émerveillement. « On ne pense pas à manger, mais à se promener et voir de belles choses. » À Khuri, dans le désert du Rajasthan, les femmes des montagnes se retrouvent face à un monde qu’elles ne soupçonnaient pas. « C’est beau, le désert, complètement plat et ouvert. » « Ma mère me l’avait dit, elle a été en Inde, le soleil sort tout petit d’une terre ronde comme un plat de chapati et disparaît de l’autre côté, comme avalé par la terre. Je croyais qu’elle mentait, mais là-bas je l’ai crue et j’ai aimé une terre aussi plate », décrit l’une des nonnes.

SEMEUSES DE JOIE

© Un Film à la Patte / L'Envol Productions / Caroline Riegel

Dans l’ashram de Gandhi, à Ahmedabad, elles reconnaissent la force de son combat. « Regarde comme Gandhi a aidé les gens, il a donné l’indépendance. » « Voir les efforts qu’a faits Gandhi me fait réfléchir. Il a œuvré pour la paix sans violence, avec un cœur honnête et de la compassion… » déclarent plusieurs d’entre elles.

Le bonheur de la découverte

Dans le port de Bombay, c’est l’extase devant les mouvements de l’eau : « Oh, quel spectacle ! » s’exclame Abi. « C’est incroyable, ça ondule. » « C’est beau, hein ! » renchérit un Indien qui se tient aux côtés de la nonne. Des échanges chargés d’émotions. Les nonnes appréhendent le monde avec paix et sollicitude. Avec curiosité et beaucoup d’empathie. Des paroles simples mais profondes, des regards attendris, parfois abasourdis comme devant la saleté de Bénarès. Mais pas devant la mort. « Il faut entendre, sentir et voir la mort. »

Dans les grottes d’Ellora et Ajanta, chefs-d’œuvre de l’art religieux bouddhique, des lieux où « ont séjourné tant de bouddhas », elles entonnent quelques chants ou prières. « Ce n’est pas un rêve, n’est-ce pas ? demande une nonne. Car je me demande si ce que je vois est un rêve, tellement ça m’épate. » « Une prière dit que l’on peut couper du bois avec une plume d’oiseau, c’est ça qu’ils ont pratiqué ici, la patience et l’effort », raconte l’une d’elles.   

De découvertes en découvertes, les voilà prêtes à rentrer au Zanskar et à partager avec les villageois ce qu’elles ont vu et aimé. Le bonheur de se retrouver chez elles. Et le bonheur d’apprendre l’ouverture d’une école à la nonnerie, un lieu de vie, de promesses et de rires. Car, comme le déclare une nonne, « il ne faut pas oublier de rire entre les prières ; rire et rendre heureux donne du mérite ».

Françoise Jallot

HUMANITES

Documentaire

Durée 52 min

Auteure-réalisatrice Caroline Riegel

Production Un Film à la Patte et L’Envol Productions, avec la participation de France Télévisions

Année 2015

Découvrez tous les temps forts de l'offre documentaires de la rentrée dans le dossier de presse

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