À l’occasion du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, Guadeloupe la 1ère diffuse la série documentaire-événement de Georges-Marc Benamou, écrite avec Benjamin Stora, C’était la guerre d’Algérie. Une fresque historique en cinq épisodes.
À partir d’archives rares, restaurées et colorisées, C’était la guerre d’Algérie est un film sans tabou et à hauteur d’hommes. Tous les tabous de cette « guerre sans nom » seront abordés : les tabous de la colonisation française, et de ses promesses non tenues ; mais aussi les tabous d’une histoire algérienne méconnue, avec ses vainqueurs et ses victimes… Des massacres de Sétif en mai 1945 à l’indépendance de juillet 1962... Après s’être attaché à l’histoire de la colonisation elle-même depuis 1830, C’était la guerre d’Algérie raconte la plus chaotique, et la plus méconnue des indépendances, de toutes celles qui ont émaillé l’histoire de la colonisation française. Le parti pris du film a été de croiser la grande Histoire avec la « petite ». Les témoins d’hier et les mémoires d’aujourd’hui, parmi lesquels : Nicole Garcia ou Cédric Villani pour les Français d’Algérie ; Ali Haroun, l’ancien patron du FLN en France, ou Kahina Bahloul, la jeune imame franco-algérienne ; sans oublier des appelés de l’armée en Algérie, ou des descendants de harkis, comme l’ancien maire de Volvic, Mohamed Hamoumou.
Par-delà les archives, ce film est incarné par des figures identifiables dont nous suivrons les destins contrastés : Albert Camus, le libéral engagé d’Alger, Ferhat Abbas et Messali Hadj, les pionniers malheureux du nationalisme algérien ; François Mitterrand qui sera en première ligne de 1954 à 1957 ; le paradoxal Jacques Soustelle, immense intellectuel libéral devenu un « dur » ; Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, parmi les plus fameux « fils de la Toussaint », à l’origine de l’insurrection ; Massu et ses paras, durant la bataille d’Alger ; Germaine Tillion qui, de 1934 à 1957, filme l’Algérie, lutte et raconte ; Yacef Saâdi, le chef de la Casbah d’Alger, ou encore Charles de Gaulle, arrivant en sauveur, recherchant désespérément « la paix des braves », et ne la trouvant pas…
Résumé
Juillet 1962, l’Algérie est indépendante. Ils sont des millions à travers tout le pays à fêter la naissance d’une nation et la fin de 130 années de présence française. Un million d’autres, européens, appelés les « pieds-noirs », nés en Algérie, enracinés depuis des générations quittent le pays dans un dramatique exode. « La guerre d’Algérie, c’est la guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu », a dit Ferhat Abbas, le premier président du gouvernement provisoire de la République algérienne. Et pourtant cette guerre « qui longtemps n’aura pas de nom » va durer huit longues années. De 1954 à 1962, la guerre d'Algérie, ce sont un million et demi de jeunes appelés français, contre des milliers de maquisards, côté algérien, 30 000 morts militaires français, des centaines de milliers d’Algériens tués, des milliers d’Européens disparus au moment de l’indépendance... On devrait dire « les » guerres d’Algérie. Une guerre entre nationalistes algériens et l’armée française bien sûr, mais aussi une guerre entre Algériens ; celle qui opposa cruellement deux mouvements indépendantistes rivaux. Et l’autre qui opposa les harkis, ces musulmans pro-français, au Front de libération nationale algérien (FLN) et qui fit, à l’indépendance, des dizaines de milliers de morts, côté harkis. Et enfin la guerre franco-française qui commence à Alger en juin 1958 par un grand malentendu. Une guerre qui divisa la France, la terrorisa durant des années et faillit la faire basculer dans le chaos. C’est tout cela la guerre d’Algérie. L’histoire de deux peuples déchirés un temps, mais liés à jamais par ce passé commun.
Note d'intention
Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora : « Raconter la guerre d'Algérie sans tabou »
En France, un certain nombre de films ou de documentaires ont traité de la guerre d'Algérie, en évoquant les débuts des « événements », le sort des « appelés », la bataille d’Alger, le massacre du 5 juillet d’Oran, l’exode des pieds-noirs, le massacre des harkis… Mais, curieusement, rien d'aussi exhaustif n’a été produit depuis trente ans sur cette tragédie algérienne. La guerre et ses différentes phases, ses prémices, ses ruptures, ses surprises, ses secrets toujours enfouis. Comme si la guerre d’Algérie restait un peu tabou.
Pourtant, depuis 1984 et le film de référence de Peter Batty, La Guerre d’Algérie (1984, Channel Four-RTBF), et en 1991 Les Années algériennes (Stora, Alfonsi, Favre), des archives ont été ouvertes ; de nouveaux témoins ont parlé ; des historiens, français, algériens, internationaux, ont travaillé et enrichi l’historiographie de la guerre d’Algérie.
À l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance algérienne, C’était la guerre d’Algérie est une réponse à ce manque, la tentative d’un récit global et sans tabou. Car ce sont bien les non-dits, le refoulé de cette guerre qui entretiennent les tensions mémorielles.
Les tabous ? Ceux de l’histoire française : les ravages de la première colonisation, les promesses non tenues de la Troisième République, la répression de Sétif, la guerre votée par la Gauche, la torture couverte par ses ministres, les coups tordus de la Main rouge et autres barbouzes, l’abandon des harkis, comme le mépris que la classe politique de 1962 a entretenu vis-à-vis des Européens d’Algérie. L’histoire algérienne a, elle aussi, ses tabous, et sa raison d’État : une histoire « idéale » du nationalisme algérien : un récit souvent écrit au détriment des pionniers Ferhat Abbas ou Messali Hadj ; un FLN qui dès 1954 était une organisation militaire (ce qui n’est pas sans laisser des traces) ; la terrible guerre civile avec les messalistes qui fera 10 000 morts ; et tant d'autres déchirements d’où sortiront vainqueurs les plus durs, les moins démocrates très souvent, comme le colonel Boumédiène.
Ce sont toutes ces « zones d'ombre » que nous abordons là avec la volonté de savoir, de pacifier et de réconcilier.
Épisode 1 : L’Algérie française (1830-1945)
Pour comprendre la guerre d’Algérie, il faut remonter l’histoire, avant le 1er novembre 1954, son déclenchement officiel, et le 19 mars 1962, son terme tout aussi officiel. Il faut remonter à la conquête de 1830, à la « première guerre d’Algérie avec l’émir Abdelkader, et découvrir « l’Algérie française »… Durant 130 ans, la France va tenter de faire de l’Algérie une « région française » en assimilant des territoires, en développant le pays ou en accueillant une population d’exilés venus de certaines régions françaises mais aussi de pays européens comme l’Italie ou l’Espagne (qui deviendront les pieds-noirs), sans jamais assimiler les populations « indigènes ». Nombreux seront les rendez-vous manqués et les promesses non tenues de la République, jusqu’à l’explosion du 8 mai 1945, l’émeute nationaliste de Sétif et sa terrible répression – qui annonce la guerre, dix ans plus tard.
52 min • Un film de Georges-Marc Benamou • Écrit par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora • Coréalisé par Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou • Raconté par Benoît Magimel • Production Siècle Productions, avec la participation de France Télévisions et de l'ECPAD, Région Île-de-France, CNC, Ministère des Armée - Secrétariat pour l’administration - Direction du patrimoine, de la mémoire et des archives, et LCP-Assemblée nationale dans les partenaires.
Épisode 2 : L’insurrection (1954-1955)
Dans cet après-guerre, malgré Sétif et sa terrible répression, rien n’a vraiment changé en Algérie. Même si certains musulmans, comme Ferhat Abbas, croient toujours en la France et ses promesses d’égalité et de liberté. En 1947, un statut de l’Algérie plutôt « libéral » est voté par l’Assemblée algérienne. Il soulève bien des espoirs. Mais pour le parti des « grands colons », il y a le feu ! Il faut bloquer ce dangereux statut. Alors, les autorités françaises vont organiser une élection truquée : le bourrage des urnes est massif et systématique dans toute l’Algérie. Six ans avant le début de cette guerre, le modéré Ferhat Abbas tire alors la sonnette d’alarme. Lui qui croyait encore en la France et ses promesses se sent trahi… Au même moment, les jeunes du parti de Messali, le rival de Ferhat Abbas, créent une branche clandestine, l’Organisation Spéciale. Ils se décident à agir, plus efficacement que les « anciens ». Et, de 1947 à 1954, cette Organisation Spéciale va tisser sa toile. Parmi eux, on retrouve Ahmed Ben Bella, revenu décoré par de Gaulle et déterminé à agir, et un jeune intellectuel kabyle de bonne famille, Hocine Aït Ahmed. Pour les jeunes dissidents comme Ben Bella et ses amis, Diên Biên Phu est un déclic. Il faut passer à l’action. Sans tarder. Comme en Indochine. Une date est choisie pour l’insurrection générale.
Ce sera le 1er novembre 1954, le jour de la Toussaint.
52 min • Un film de Georges-Marc Benamou • Écrit par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora • Coréalisé par Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou • Raconté par Benoît Magimel • Production Siècle Productions, avec la participation de France Télévisions et de l'ECPAD, Région Île-de-France, CNC, Ministère des Armée - Secrétariat pour l’administration - Direction du patrimoine, de la mémoire et des archives, et LCP-Assemblée nationale dans les partenaires.
Épisode 3 : La « sale guerre » (1956-1957)
Début 1956, la guerre dure depuis deux ans, même si tout le monde feint de l’ignorer. Avec les pouvoirs spéciaux votés par l’Assemblée nationale, Guy Mollet envoie le contingent en Algérie. Dans les années qui suivent, un million et demi de jeunes Français, des appelés venus de métropole, vont débarquer pour un service militaire porté à 30 mois. Une génération entière va découvrir la guerre. Marquée par de terribles attentats, l’année 1956 voit s’affronter différents fronts. Les ultras radicaux de l’Algérie française, soutenus par certains militaires, cherchent à faire pression sur la population et le gouvernement. Tandis qu’en réaction à la guerre contre-révolutionnaire menée par l’armée française, le « FLN des débuts » va se structurer, éliminer ses rivaux, étendre son influence politique et mener son combat dans les villes.
La vraie guerre d’Algérie peut alors commencer.
52 min • Un film de Georges-Marc Benamou • Écrit par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora • Coréalisé par Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou • Raconté par Benoît Magimel • Production Siècle Productions, avec la participation de France Télévisions et de l'ECPAD, Région Île-de-France, CNC, Ministère des Armée - Secrétariat pour l’administration - Direction du patrimoine, de la mémoire et des archives, et LCP-Assemblée nationale dans les partenaires.
Épisode 4 : 1957, la bataille d’Alger
1957, trois ans déjà, la guerre a commencé. Plus de 200 000 soldats, jeunes appelés du contingent, viennent de débarquer pour prêter main-forte à l’armée qui se bat dans les djebels, contre le Front de libération national algérien, le FLN. Bientôt, ils seront un million cinq cent mille, venus des quatre coins de la France, à participer à « cette guerre sans nom » qui est devenue une « sale guerre » où l’armée, les paras, la Légion traquent les maquisards du FLN. Une « sale guerre » dans les campagnes où le FLN attaque et s’en prend aux Européens et aux musulmans pro-français. 1957 est une année pivot où, dans les deux camps, les durs vont l’emporter… L’armée française d’une part qui va imposer ses vues à un pouvoir politique en perdition. Et côté algérien, la montée en puissance du FLN, qui se structure, s’impose face à ses rivaux, et va inaugurer une nouvelle stratégie, un nouveau front : porter la terreur dans les villes et d’abord à Alger. Ce sera la bataille d’Alger.
52 min • Un film de Georges-Marc Benamou • Écrit par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora • Coréalisé par Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou • Raconté par Benoît Magimel • Production Siècle Productions, avec la participation de France Télévisions et de l'ECPAD, Région Île-de-France, CNC, Ministère des Armée - Secrétariat pour l’administration - Direction du patrimoine, de la mémoire et des archives, et LCP-Assemblée nationale dans les partenaires.
Épisode 5 : Vers l’indépendance (1959-1962)
C’est le vrai-faux coup d’État du 13 mai d’Alger qui ramène de Gaulle au pouvoir, après 12 années de traversée du désert. Il est l’homme providentiel pour les « pieds-noirs » et l’armée. Mais, très vite, des doutes s’installent chez ceux qui l’ont porté au pouvoir. Où va-t-il, ce de Gaulle de 1958 ? Où conduit-il l’Algérie ? Pense-t-il déjà à l’indépendance ? Ou seulement, comme on le dit, à quelques réformes profondes pour donner à l’Algérie un statut d’autonomie ? De 1958 à 1959, de Gaulle va tenter de trouver son chemin vers l’orient compliqué de l’Algérie… Il lance l’ambitieux Plan de Constantine, pour développer économiquement l’Algérie et lier son destin à celui de la France. Il jure « Jamais, moi vivant, le drapeau du FLN ne flottera sur Alger », et il poursuit la guerre militaire avec plus de force encore que ses prédécesseurs. Un déferlement militaire est déclenché avec le plan Challe pour écraser le FLN. Mais de faux-semblants en équivoques, la guerre d’Algérie va durer trois années de plus.
Et ce sera la plus chaotique des indépendances.
52 min • Un film de Georges-Marc Benamou • Écrit par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora • Coréalisé par Mickaël Gamrasni et Stéphane Benhamou • Raconté par Benoît Magimel • Production Siècle Productions, avec la participation de France Télévisions et de l'ECPAD, Région Île-de-France, CNC, Ministère des Armée - Secrétariat pour l’administration - Direction du patrimoine, de la mémoire et des archives, et LCP-Assemblée nationale dans les partenaires.
Intervenants
- ALAIN GEDOVIUS, appelé en Algérie et photographe
- JEAN-PIERRE GAILDRAUD, officier en Algérie, chef de harka (de 1960 à 1962)
- JEAN-PIERRE LOUVEL, appelé en Algérie
- ROGER SABOUREAU, lieutenant parachutiste en Algérie
- JEAN-LOUIS CERCEAU, appelé en Algérie
- BERNARD ZELLER, fils du général André Zeller, un des organisateurs du « putsch des généraux »
- NICOLE GARCIA, Française d’Algérie, actrice et réalisatrice
- JEAN-FELIX VALLAT, Français d’Algérie et président de la MAFA (Maison des agriculteurs et des Français d'Afrique du Nord)
- DANIELLE MICHEL-CHICH, Française d’Algérie, journaliste et écrivaine
- MICHELE BARBIER, Française d’Algérie et écrivaine
- FRANCOIS BENICHOU, Français d’Algérie
- CEDRIC VILLANI, descendant d’Européens d’Algérie et mathématicien
- VERONIQUE TIMSIT, fille de Daniel Timsit, partisan du FLN (Front de libération nationale)
- LOUIS GARDEL, écrivain, auteur de Fort Saganne
- SLIMANE ZEGHIDOUR, écrivain ayant grandi dans un « camp de regroupement »
- BACHIR HADJADJ, membre de l’ALN (Armée de libération nationale)
- ALI HAROUN, dirigeant de la Fédération de France du FLN (1958-1962)
- MEHDI BOUMENDJEL, petit-fils de maître Ali Boumendjel, exécuté pendant la bataille d’Alger
- LAKHDAR BELAID, fils d’un responsable du MNA (Mouvement nationale algérien), journaliste et écrivain
- KAHINA BAHLOUL, islamologue et imame
- YAMINA BENGUIGUI, fille d’un militant du MNA (Mouvement national algérien) et réalisatrice
- KADER ABDERRAHI, fils d’un père militant FLN et chercheur en Sciences politiques, auteur
- SANHADJA AKROUF, fille de nationaliste algérien et Ecrivaine
- NADJA MAKHLOUF, photographe du projet « Moudjahidates »
- NACER KETTANE, fondateur et président de BEUR FM
- ABDELKADER HAMOUMOU, président d’une association de harkis et ancien Moghazni
- MOHAND HAMOUMOU, descendant de harki et universitaire
- PIERRE JOXE, appelé en Algérie et fils de Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes du général de Gaulle
- GUY SITBON, correspondant du Monde auprès du FLN à Tunis (1958-1962)