AGATHE KOLTÈS

Agathe Koltès, commandant de police de 50 ans, belle, drôle et charismatique, traverse la France, de la Savoie à la Bretagne, à Vannes, dans le Morbihan, pour y prendre ses fonctions, précédée de sa réputation de « grand flic ». Mais ses nouveaux collègues ignorent qu’elle est la mère de Mathilde Sirach, la toute jeune commissaire de 30 ans qui a tenté en vain de s’opposer à son arrivée.
Après une rupture de près de quinze ans, les retrouvailles entre la mère et la fille sont orageuses, et Mathilde ordonne à Agathe de garder le secret sur leur lien de famille. Contre toute attente, les enquêtes les amèneront à redécouvrir, entre gravité, humour et émotion, la force de l’amour qu’elles se portent.

INTERVIEW CROISÉE : PHILIPPINE LEROY-BEAULIEU & HORTENSE GÉLINET

Philippine : Agathe Koltès a une fille, Mathilde Sirach, qu’elle a eue lors d’un premier mariage. Cette fille, elle l’a très peu vue, s’en est très peu et très mal occupée parce qu’elle était obsédée par un secret qu’elle dissimule. Il y a une part d’ombre chez le commandant Koltès. Aujourd’hui, elle aimerait se rapprocher de sa fille, mais elle ne fait qu’essayer pour l’instant…

Hortense : Bon ça, c’était du point de vue d’Agathe [sourire]… Vu par Mathilde, c’est légèrement différent. Jeune, célibataire et maman de deux enfants en bas âge, elle voit sa mère –qui ne s’est pas occupée d’elle et qu’elle n’a pas vue depuis quinze ans– débarquer dans ce commissariat dont elle vient juste de prendre la direction. Mathilde souffre de l’impression d’avoir toujours à faire ses preuves auprès de ses équipes, de sa mère, de ses enfants... Autant de sources de pression supplémentaires. Alors, elle se venge de sa mère en la mettant aux affaires classées, sans bureau ni équipe [rires]…

Philippine : A la relation mère-fille s’ajoute une relation hiérarchique, puisque Mathilde a un grade plus élevé que celui d’Agathe (commissaire contre commandant), ce qui est une source inépuisable de conflits entre ces deux fortes personnalités.

Hortense : Je pense qu’elle ressemble beaucoup à sa mère, mais qu’elle est encore trop pleine de colère, de ressentiment pour l’assumer, d’autant plus qu’elle n’a jamais compris ce parcours. Agathe ne lui a jamais donné d’explication…

Philippine : Et pourtant, quand Agathe dit à sa fille qu’elle veut l’aider, c’est sincère. Mais du fait de leur relation compliquée, elle est obligée d’agir par-derrière, ce qui renforce l’attitude suspicieuse de sa fille. En fait, quand je travaillais ce personnage, je me suis très vite rendu compte qu’Agathe est très ambivalente : intelligente et extrêmement perspicace quand elle est avec des suspects, mais elle perd tous ses moyens et a le cœur brisé face à sa fille…

Hortense : [sarcastique] Par contre, avec le capitaine Fontaine, il n’y a pas de problème !

Philippine : [mielleuse] Avec Fontaine, il n’y a aucun problème [rires]… Le regard qu’Agathe porte sur sa fille est aussi celui de la peur. La peur que Mathilde prenne la même route qu’elle, un chemin de solitude et de tragédie. Agathe a deux faces, très paradoxales. C’est à la fois quelqu’un de très vivant, avec beaucoup d’humour mais aussi une personne hantée par cette tragédie qui l’habite. Une tragédie qui prend la forme du drame familial, autour d’un secret de famille. Le souci, c’est qu’elle constate que ce problème pèse sur sa fille. Elle voudrait la sortir de ça, lui dire «Ne fais pas comme moi.» Malheureusement, tant qu’elle n’aura pas elle-même réglé le problème, la fille fera comme la mère…

Hortense : Il y a quand même une différence majeure. Mathilde, elle, a ses deux jeunes enfants près d’elle, dont elle s’occupe bien. Elle se débrouille pas mal, non?

Agathe : Très, très bien [rires] ! C’est une excellente mère.

Hortense : Justement, elle vit aussi cette pression-là. Il y a une sorte de défi chez Mathilde, comme une promesse qu’elle se serait faite à elle-même, de faire mieux que sa mère, de ne pas lui ressembler tout à fait –en tant que flic, oui, peut-être, mais certainement pas en tant que mère.

Agathe : Après, il y a ce qu’on veut être et ce qu’on arrive à être [sourire complice].