Temps fort
- Partagez 'Aristide Maillol-Dina Vierny — Un pygmalion et sa muse' sur Facebook
- Partagez 'Aristide Maillol-Dina Vierny — Un pygmalion et sa muse' sur X
- Partagez 'Aristide Maillol-Dina Vierny — Un pygmalion et sa muse' sur LinkedIn
- Partagez 'Aristide Maillol-Dina Vierny — Un pygmalion et sa muse' par email
À l’occasion de la réouverture, le 15 septembre, du musée Maillol à Paris, « La Galerie France 5 » relate l’histoire d’une rencontre improbable mais décisive dans l’histoire de l’art : celle d’Aristide Maillol, artiste de génie qui a opéré une révolution dans la sculpture en épurant les formes, et de sa muse Dina Vierny.
« Parce que c’était lui, parce que c’était elle »… Le sculpteur catalan Aristide Maillol (1861-1944), génie du geste, qui donne à ressentir le volume dans l’espace, sculpte le corps féminin avec intensité et vie, inspiré par sa muse et amie Dina Vierny (1919-2009).
Après avoir réalisé l’une de ses œuvres majeures, La Méditerranée — « Elle est belle, c’est une œuvre silencieuse », pense André Gide —, Maillol se retrouve en manque d’inspiration. Quelque chose, quelqu’un lui manque. C’est alors que son ami architecte Jean-Claude Dondel lui présente Dina. La rencontre provoque l’étincelle entre un pygmalion vieillissant et une adolescente énergique. Olivier Lorquin, directeur du musée Maillol et fils de Dina Vierny, affirme : « La rencontre a modifié la vie de Maillol, celle de ma mère et de l’histoire de l’art. Il voyait en Dina son modèle vivant, dont il avait rêvé depuis des années… » « C’est une femme qui avait une très forte personnalité, renchérit Emmanuelle Héran, conservatrice en chef, responsable de la collection des jardins du Carrousel. Je ne connais personne qui l’ait connue même trois minutes sans s’en souvenir toute sa vie. » Entre eux, il n’y a pas d’histoire de chair ; le respect, l’amour de l’art priment. Cette admiration réciproque va alors porter les fruits d’une création prolixe et personnelle. À Banyuls-sur-Mer, sa ville natale, Maillol crée, tandis que Dina Vierny, son jeune modèle et muse des dix dernières années de sa vie, pose.
Une quête de perfection obsédante
Le corps féminin est le motif d’inspiration par excellence de Maillol. Crayon, sanguine, fusain, il déborde de créativité et, grâce à la sensualité généreuse de Dina, reprend le goût de peindre. Maillol avait commencé sa vie d’artiste par la peinture auprès des Nabis — Femme assise à l’ombrelle (1892), Profil de femme (1896)… Mais la sculpture a été plus forte et est devenue son mode d’expression. « Mes statues, ce sont des poèmes de ma vie. Au lieu de m’expliquer en vers, je m’explique par la sculpture », disait-il. « Maillol est un sculpteur aussi grand que les plus grands. Il a le génie de la sculpture, je suis tranquille sur l’avenir d’un tel homme», écrira Rodin. L’artiste est dans une quête de perfection obsédante. « Sa sculpture naissante poussait comme une plante, il lui fallait des états, deux ou trois fois la même idée autrement faite », déclare Dina.
Dina, dont l’énergie n’a d’égale que sa soif de culture, se fond dans la nature. Elle est la Rivière, l’Air, la Montagne, l’Harmonie. Dina, c’est la vie, elle est le mouvement, l’engagement aussi — elle a pour petit ami le photographe Jean Jamet qui, sous le Front populaire, participe au mouvement des auberges de jeunesse. En 1940, cette jeune femme juive d’origine russe intègre le réseau Varian Fry et fait passer la frontière des Pyrénées à des hommes et des femmes qui fuient la Gestapo. En 1943, elle est arrêtée. Maillol intervient alors auprès d’Arno Breker, sculpteur attitré d’Hitler, pour lui éviter le pire. Après six mois d’incarcération, elle évite la déportation et reprend son rôle de muse, jusqu’à la mort du maître.
« Il n’y a qu’elle qui sait »
Le sculpteur Maillol lui a laissé les clés de son œuvre, car « il n’y a qu’elle qui sait », disait-il. Dina accepte cette responsabilité et s’engage à faire connaître cet artiste qui voulait sculpter l’impalpable… « Il lui avait raconté toute son œuvre. Elle est devenue la grande spécialiste, experte de l’œuvre de Maillol », raconte Alain Jaubert, réalisateur et écrivain. Dina ouvre sa galerie en 1947, sur les conseils de Matisse, et crée le musée Maillol, à Paris, en 1995. Meurt à 90 ans celle qui n’a cessé de proclamer qu’Aristide Maillol était son pygmalion, un homme qui lui avait tout appris. Un homme qui disait d’elle qu’elle était plus douée pour l’art que pour tout le reste…
Françoise Jallot
Documentaire
Durée 52 min
Auteure Nathalie Bourdon
Réalisation Catherine Aventurier
Production MFP, avec la participation France Télévisions
Année 2016
#galerief5