Luciano Pavarotti, la dernière demeure

« Il a été un génie du chant et je crois que c’est la voix du siècle. » Quel hommage de la part de Roberto Alagna, autre ténor très populaire ! Luciano Pavarotti demeure incontestablement l’un des artistes les plus reconnus de son époque. Infatigable, chaleureux, bon vivant, il a su notamment se faire aimer du grand public partout où il se rendait. Au cours de sa carrière exceptionnelle, il a multiplié les déplacements à travers la planète. Mais, entre deux représentations, il n’avait de cesse que de revenir dans l’Émilie-Romagne de son enfance. Très attaché à Modène, sa ville natale, Pavarotti a créé dans ses environs un havre de paix pour sa deuxième famille. « Il adorait la campagne, car il tenait beaucoup à ses origines paysannes, ses racines du terroir, et il était tombé amoureux de cette maison depuis longtemps », explique Nicoletta Mantovani, son épouse.

Le fils de boulanger n’a jamais oublié les mois passés au calme dans les champs pendant la guerre. Pour lui, la vraie vie a toujours été là, dans cette région qu’il aimait autant que le chant. Comme il le confiera lui-même un jour : « J’avoue que l’amour pour ma ville a été décisif dans le choix de ma carrière. Je ne sais pas ce que je serais devenu si on m’avait annoncé qu’il fallait que je parte pour Rome ou Milan. »

Retour aux sources

Malgré la célébrité, c’est donc toujours à Modène que le ténor revenait pour se poser et se reposer. Sa dernière demeure est le reflet de son âme. Selon sa femme, « il s’est occupé du moindre détail. Chaque matériel employé, chaque couleur parle de lui et de sa personnalité (…). Il adorait imaginer les espaces, les dessiner. Cette maison est pleine de couleurs, comme il l’était. Elle exprime sa joie de vivre. Il souriait tout le temps et ne voyait que le bon côté des choses… »

Point d’orgue de cette bâtisse toujours ouverte aux amis, la vaste cuisine où le chanteur concoctait des plats traditionnels pour les visiteurs : « Il aimait partager et pouvait passer des heures à discuter autour d’une table. Alors, il a conçu une cuisine très grande. On voyait tellement de monde qu’il fallait tout en double : deux éviers, deux fours, deux frigos… » raconte Nicoletta. C’est dans cette maison joyeuse, aux pièces lumineuses, que Luciano Pavarotti passe les dernières années de sa vie et décède en septembre 2007. Depuis, la demeure de l’artiste a été transformée en musée.

Beatriz Loiseau