Jeux Olympiques de Rio 2016

Biographie
A priori, pas facile de suivre les traces d’un grand frère nommé Sócrates, médecin et capitaine emblématique de la Seleção dans les années 80. Raí Souza Vieira de Oliveira l’a pourtant fait avec panache, devenant même champion du monde avec le Brésil en 1994 ! Milieu offensif puissant et technique, Raí fut l’une des stars du Championnat de France lors de son passage au Paris Saint-Germain, dans les années 90, avec qui il a remporté un titre de champion de France, deux Coupes de France, deux Coupes de la Ligue et surtout une Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. Amoureux de la capitale, il quitte le PSG au bout de cinq saisons, en 1998, et achève sa carrière au Brésil en signant deux ans au FC São Paulo. La même année, il crée, en compagnie de son compatriote Leonardo, également joueur au PSG, la fondation Gol de Letra, reconnue par l’UNESCO depuis 2006.

Francophile
Comme il le dit avec élégance, Raí entretient avec la France « un lien pour toujours » à travers le Paris Saint-Germain. Si ses buts et sa technique lui ont ouvert le coeur des supporters lors de son passage dans la capitale (1993-1998), c’est son charisme qui a marqué les esprits. Durablement. Plus de seize ans après avoir raccroché les crampons, son maniement de la langue de Molière a même dépassé celui du ballon rond. Preuve qu’entre la France et lui, ce n’est pas un amour à sens unique.

Impliqué
Pour France Télévisions, l’ancien meneur de jeu se fait cette année ambassadeur à Rio. « Je serai présent chaque jour en plateau et lors des cérémonies. J’ai hâte. Je me prépare intensivement pour ça et je vais être très bien entouré », confie Raí, très fier d’avoir l’occasion de partager la culture de son pays natal, premier pays émergent à organiser les Jeux. « Je souhaite donner la vision d’un citoyen brésilien qui vit activement. La plus large possible. Pas seulement celle d’un ancien sportif. Car je suis notamment président d’une association qui vise à améliorer l’éducation des enfants et des adolescents dans les quartiers défavorisés », explique le fondateur de Gol de Letra, qui a déjà aidé à former sur le long terme plus de 7 000 jeunes dans les favelas.

Joueur
Aux Jeux, si la fête importera plus que le résultat, il existe néanmoins des objectifs. Pour le Brésil, il s’agit de figurer parmi les dix meilleures nations. Quelles disciplines seront pourvoyeuses de médailles ? « Mes pronostics vont vers le volley et le beach-volley, prédit-il. Je suis convaincu que nous aurons de belles médailles d’or, chez les femmes et les hommes. Sans doute une aussi en judo et peut-être aux anneaux. Bien sûr, je souhaiterais aussi que l’équipe de football fasse oublier la dernière Coupe du monde. Ce serait formidable car, justement, le titre olympique est le seul qui nous fait défaut. »

Lucide
S’il ne se fait pas de souci sur l’accueil « magique et festif » que ses compatriotes réserveront aux athlètes et aux supporters, Raí n’oublie pas qu’à quelques jours des Jeux, son pays montre actuellement au monde une image moins reluisante : celle des scandales de corruption et de blanchiment d’argent au plus haut niveau de l’État. Mais qu’importe ! « Nous traversons effectivement des moments confus. Le Brésil est jeune. Il passe actuellement un cap et digère l’héritage de son passé colonial et de ses vingt ans de dictature, analyse-t-il. Aujourd’hui, des hommes politiques vont en prison ou sont forcés de rendre de l’argent. Ce n’était pas le cas avant. Certes, ces scandales choquent les gens, mais on voit aussi que la justice fonctionne et cela va dans le sens de la reconstruction. »

Clairvoyant
Les Jeux contribueront-ils à des progrès dans le pays ? « Certainement, puisqu’ils vont démocratiser l’activité sportive. Et le sport joue un rôle important en matière de santé, d’éducation et de sécurité : trois points critiques au Brésil. Donc, profitons des Jeux Olympiques pour lancer une nouvelle politique du sport, clame-t-il. Le Brésil est un pays puissant qui a connu de belles réussites économiques ces quinze dernières années. Cependant, nous n’avons pas investi suffisamment dans l’humain, que ce soit en matière d’éducation ou de santé publique. Il faut donner des opportunités aux gens. »

Gaël Nivollet