Quelle planète souhaitons-nous léguer à nos enfants ? Dans ce documentaire, Benoît Bringer passe en revue notre mode de consommation alimentaire et remet en cause les méthodes d’élevage et de pêche pratiquées dans les pays industrialisés.
Au train où vont les choses, la production mondiale de viande risque quasiment de doubler d’ici à 2050. Une véritable catastrophe car, selon l’ONU, pour l’alimentation et l’agriculture, à lui seul, le secteur de l’élevage contribue pour 14,5 % aux émissions à gaz à effet de serre dues à l’activité humaine. Alors, faut-il réduire drastiquement notre consommation de viande et modifier les modes d’élevage ? Comment nourrir nos enfants en respectant la planète, la santé et le bien-être des animaux ? Voilà les questions que se pose le journaliste Benoît Bringer, en tant que jeune père. Pour y répondre, il est parti en France, en Allemagne, au Portugal ou aux États-Unis à la rencontre d’hommes et de femmes qui ont mis en place des initiatives innovantes de production et parient sur une autre manière de consommer.
Le choix de la qualité
C’est le cas de Jude Becker, qui, dans sa ferme bio de l’Iowa, « laisse ses cochons exprimer leurs instincts naturels ». Ses bêtes vivent été comme hiver à l’air libre, peuvent patauger à leur guise dans une belle mare et mettent bas dans des niches individuelles parfaitement ventilées. On est loin de l’élevage à grande échelle que l’on trouve dans le Finistère, où la vie se passe à intérieur des hangars et où les truies sont immobilisées pour ne pas risquer d’écraser les porcelets. Seul but d’une telle exploitation : produire un maximum de porcs le plus rapidement possible. Mais la rentabilité à tout prix soulève un autre problème. Celui de l’usage intensif d’antibiotiques destinés à prévenir les maladies découlant du surpeuplement, mais aussi… à faire grossir les jeunes sujets. Avec, comme conséquence, l’augmentation de la résistance des bactéries à ces médicaments. Chez Jude Becker, comme chez d’autres paysans aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, les antibiotiques sont strictement interdits. Leur viande est certes plus chère, mais indiscutablement de meilleure qualité.
Une coopération avec la nature
Au Portugal, Alfredo Cunhal s’adonne, lui, à l’agroforesterie, une méthode traditionnelle « basée sur la coopération avec la nature ». On y associe, sur une même parcelle, plusieurs espèces animales, du maraîchage et des arbres. Ce mode d’exploitation permet, d’après Alfredo, « de capter plus d’une tonne de carbone, par hectare et par an. Si on emprunte ce chemin, on peut avoir une partie de la solution aux émissions dont on est responsables rapidement ». Certains pêcheurs sont tout aussi concernés par l’environnement. À l’instar d’Anne-Marie Vergez, qui dénonce « la pêche industrielle qui a mis à mal la ressource » et est responsable de la mort inutile de 4,5 millions d’animaux marins chaque année. Mais est-ce possible de nourrir la planète en changeant nos habitudes, en se passant de l’industrialisation ? Pierre Hinard, un autre éleveur responsable, apporte un début de réponse : « En choisissant ce qu’il va acheter, le consommateur choisit le mode de société dans lequel ses enfants grandiront demain. »
Beatriz Loiseau
Documentaire
Durée 71 min
Auteur-réalisateur Benoît Bringer
Production Premières Lignes, avec la participation de France Télévisions
Année 2018
#LMEF