A vos pinceaux

À vos pinceaux

Divertissement - Inédit - Mardi 3 janvier 2017 à 20.55

Suite du premier concours télévisé de peintres amateurs. Pour ce deuxième numéro, les « petits pinceaux » de Marianne James révèlent toute la palette de leurs talents lors de nouvelles épreuves toujours plus bigarrées. Juré aux cotés de Fabrice Bousteau, Bruno Vannacci, artiste peintre, professeur d’arts appliqués et maître de conférences au musée du Louvre, jette son œil avisé sur cet exercice de style. L’occasion d’évoquer le beau, Kant et Dallas.

Comment avez-vous envisagé cet exercice ?
Avec mon métier, je suis en représentation tous les jours. Je ne suis pas un prof très académique, mais plutôt un prof à l’italienne ! J’essaie d’embarquer les gens, de les faire rire, à la manière d’un one-man-show ! J’essaie d’avoir un langage normal, non distancé, ce qui ne m’empêche pas de parler de dieu, du sacré ou de l’œuvre d’art. Voilà comment j’envisage, personnellement, de parler de la peinture à la télévision. Vous savez, je viens d’une famille où la télé était hyper importante au sein du foyer. Je me suis quand même regardé l’intégral de Dallas ! Et si je suis, bien évidemment, pour la démocratisation de la culture, j’avoue avoir accepté de participer à cette émission pour tout simplement faire plaisir à mes parents !

Selon vous, par quoi passe cette démocratisation de l’art ?
Pour moi, elle passe par la parole, par le fait d’être passionné devant des gens, de partager un moment présent, telle une parenthèse dans notre quotidien, nos vies pressées, de consommation… Nos vies d’envies. Un instant suspendu où l’on parle d’un tableau, d’une sculpture, d’une chose qui ne sert à rien, comme disait Kant. D’une œuvre qui n’a pas d’utilité propre en soi. Du beau pour le beau.

Comment avez-vous appréhendé cette première expérience télévisuelle ?
L’exercice n’était pas évident. D’autant qu’il n’y avait pas de références françaises en matière de concours de peintres amateurs à la télévision. On ne pouvait donc pas suivre une trame, un sillon déjà creusé. Et puis, je ne suis pas un animateur ! Dans mon boulot, quand j’évoque une œuvre, j’en parle pendant une heure. J’essaie d’en montrer toutes les étapes, la peau, les muscles, l’ossature, pour parvenir à son cœur. Durant le tournage, j’ai dû apprendre à moins théoriser, à aller plus vite, faire des phrases plus courtes… Mais je pense être parvenu à transmettre mes connaissances techniques, à parler du rapport à l’image, de la composition.

Avez-vous participé à l’élaboration des épreuves ?
Oui, et c’est une partie qui m‘a beaucoup amusé. Avec l’équipe, nous avons abordé toutes les questions pratiques qui peuvent se poser lors d’une épreuve, comme le temps imparti ou la position du soleil.

Comment jugez-vous une peinture ?
Au Louvre, je vois des personnes qui tombent en arrêt devant une œuvre, en disant « C’est beau ». Quand on dit « C’est beau », il y a une forme d’adhésion naturelle à l’œuvre. On ne parle pas en tant que sujet, de subjectivité, mais en pleine objectivité. Il ne s’agit pas d’adhérer à quelque chose de particulier, mais de reconnaître « l’universel » dans ce que l’on est en train d’aimer, soi. C’est toute la force de l’art…
Dans l’émission, nous n’avons pas été confrontés – à moins que l’on soit passé à côté – à un genre radicalement nouveau, un génie, que l’on serait incapable – et moi le premier –, de juger puisqu’il s’agirait d’un langage auquel nous n’aurions pas encore eu accès.
L’art, ars en latin, signifie habileté, savoir-faire. Critiquer, krinein en grec, signifie juger, séparer, décider, trier le bon grain du mauvais. En bref, critiquer l’art consiste à avoir une grille objective sur le travail exécuté. Déterminer si une composition fonctionne ou non : l’équilibre des tonalités est-il harmonieux ? La touche donne-t-elle de l’énergie ? La matière est-elle posée en empattement ? Il n’ y a pas plus rationnel que l’art, si ce n’est le génie justement qui, lui, échapperait à cette grille de lecture classique, dite canonique…

Parlez-nous du trio que vous formez avec Marianne James et Fabrice Bousteau…
Marianne est une femme très ouverte et très pro. Je me suis un peu mis sous son aile. Et j’ai beaucoup appris d’elle. Comme les peintres de la renaissance qui apprenaient à peindre en regardant la main du peintre, j’ai écouté et observé la voix de la maîtresse ! Quant à Fabrice, nous venons de deux univers différents et sommes très complémentaires. Alors que lui est très ancré dans le monde d’aujourd’hui et l’art contemporain, moi, je suis un bonhomme de 45 ans qui s’intéresse à l’étymologie et qui aime rendre le passé présent.

Quelle est l’épreuve qui vous a le plus marqué ?
Moi qui suis plutôt peinture à l’huile, je dirais le… street art ! Cette épreuve m’a obligé à m’ouvrir, à sortir de mon atelier poussiéreux de la fin du XIXe siècle ! Les candidats m’ont vraiment épaté. Je n’aurais pas fait la moitié de ce qu’ils ont accompli.

Quel est le meilleur conseil que vous leur avez donné ?
Prendre des risques, afin de marquer les esprits. En peinture, amateur ou pas, génie ou non, il y a toujours le petit artisan qui a tendance à concocter des recettes, établies par lui-même ou inspirées par d’autres. À fabriquer du beau, du joli, des choses cohérentes ; il faut continuer à se risquer dans ce que l’on ne sait pas faire, à tout donner. Et surtout, à se surprendre soi-même.

Propos recueillis par Amélie de Vriese

 

 

 

 

A vos pinceaux

Animé par Marianne James, À vos pinceaux est le premier concours télévisé de peintres amateurs. Pendant quatre semaines, les téléspectateurs vont découvrir dix passionnés de peinture et de dessin, sélectionnés parmi près de 2 000 candidatures. Ils sont crêpier, pédopsychiatre, ingénieur, comptable, étudiant, retraité… Et tous partagent la même passion pour la peinture et l’art en général. Chaque semaine, armés de leurs pinceaux, de leurs crayons et même de leurs bombes de peinture, ils sillonneront la France pour réaliser différents types d’épreuves, sur des sujets allant du plus classique au plus original. Deux jurés les départageront : Bruno Vannacci, artiste peintre et professeur d’arts appliqués, et Fabrice Bousteau, journaliste et rédacteur en chef de Beaux Arts magazine. Deux candidats partiront à l’issue de chaque prime, et le gagnant exposera ses toiles au Grand Palais, à Paris. 

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Présenté par Marianne James
Avec la participation de Fabrice Bousteau et Bruno Vannacci
Réalisé par Sébastien Zibi
Produit par BBC Worldwide France pour France 2
Producteur exécutif BBC : Géry Leymergie 

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