Un Français sur cinq souffre de douleur chronique. Quelles sont les pistes thérapeutiques contre ce mal si complexe ? Où en est la prise en charge ? Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d’Encausse, Michel Cymes et Benoît Thevenet poursuivent le débat.
Migraine, mal de dos, brûlure… Chacun d’entre nous a déjà expérimenté la douleur au cours de sa vie. C’est elle qui nous pousse à aller consulter un médecin. Longtemps méprisée par le corps médical, elle est, depuis une vingtaine d’années, reconnue comme une maladie. Depuis 1998, trois plans nationaux se sont succédé pour généraliser l’accès aux médicaments antalgiques, allouer des budgets spécifiques, former les médecins et créer des unités spécialisées dans chaque département. La lutte contre la douleur est désormais un droit fondamental du malade. Pourtant, des millions de Français continuent de souffrir. La raison ? Un mal invisible qui isole peu à peu : la douleur chronique. « [Celle-ci] dure plus de trois mois et n’a plus aucun lien avec la cause qui l’a déclenchée, explique le Pr Didier Bouhassira, neurologue à l’hôpital Ambroise-Paré (92). De fait, elle devient elle-même la maladie et perdure de façon autonome, même si la cause initiale a été traitée. » Dans la majorité des cas, il s’agit d’une douleur neuropathique provoquée par des nerfs lésés et liée à une maladie inflammatoire ou dysfonctionnelle.
Bernadette Escribano éprouve de violents maux de dos à la suite d’une simple chute en 1994. « J’ai dérapé en sortant de la voiture, ce qui m’a causé une sciatique qu’on n’a jamais réussi à soulager, malgré plusieurs interventions chirurgicales, déplore-t-elle. [Depuis], c’est une quête permanente pour trouver le médecin qui me prescrira le produit miracle. » Errance médicale, dépression, arrêts de travail, hospitalisations… Cette maladie coûte cher à la société et aux patients. Ceux qui souffrent voient leur vie gâchée. Cela fait trois ans qu’Alain vit un supplice à cause d’une maladie rare : l’algie vasculaire de la face. Il endure plusieurs crises intenses par jour sans qu’aucun traitement ne le soulage. « Ça mine, ça use, avoue-t-il. C’est comme une mer ou un océan qui abîme la falaise. Elle résiste, puis finit par s’effriter. Dans ces moments de crise, la souffrance est telle qu’on ferait n’importe quoi, même une connerie. »
En France, 252 structures spécialisées permettent de traiter 300 000 patients sur les 6 millions concernés par une douleur invalidante. Mais la moitié de ces unités sont actuellement menacées par des difficultés financières et un tiers d’entre elles cesseront de fonctionner d’ici à trois ans, faute de moyens et de médecins…
Amandine Deroubaix
Magazine
Durée 50 min
Présentation Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, avec la participation de Benoît Thevenet
Réalisation Bernard Faroux
Production Pulsations
Documentaire : « Douleurs — Silence, on souffre ! »
Durée 52 min
Réalisation Stéphanie Rathscheck
Production Pulsations, avec la participation de France Télévisions
Année 2016
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