Un mari cupide orchestre l’assassinat de sa femme infidèle pour mettre la main sur sa fortune. Mais un grain de sable vient gripper le plan machiavélique qu’il a échafaudé… Mise en scène par Alfred Hitchcock, une mécanique somptueuse portée par la divine Grace Kelly.
Ancien joueur de tennis désargenté, Tony Wendice vit à Londres sur un bon train grâce à l’argent de Margot, son épouse. Après avoir découvert que cette dernière entretient depuis plusieurs mois une aventure clandestine avec Mark Halliday, un jeune écrivain américain, il décide de se débarrasser de Margot en mettant au point les détails d’un scénario diabolique. Prenant au piège l’un de ses anciens condisciples d’université à la vertu plus que douteuse, il l’oblige à assassiner Margot pendant qu’il passera, en compagnie de l’amant de sa femme, la soirée à son club. Mais son plan est bouleversé par un événement imprévu : en se défendant, Margot tue son agresseur…
Tel est pris...
On ne louera jamais assez l’esprit retors d’Alfred Hitchcock et son plaisir malin à brouiller les cartes, faire monter la tension et se jouer des convenances. Transformant le mari trompé en impitoyable commanditaire d’un meurtre et l’épouse outrageusement volage en victime sympathique, le cinéaste bouscule un spectateur de prime abord plus enclin à vouer sa compassion au premier qu’à la seconde. Lumineuse, indépendante et pleine de vie, l’épouse infidèle promise à une mort tragique est campée par une jeune débutante de 24 ans : Grace Kelly. Révélée peu de temps auparavant par ses rôles dans Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann (avec James Stewart) et Mogambo de John Ford (avec Clark Gable), l’actrice va enchaîner dans la foulée deux autres films avec le maître du suspense : Fenêtre sur cour, où elle a James Stewart pour partenaire, en 1954, et La Main au collet, aux côtés de Cary Grant, l’année suivante. Oscar de la meilleure actrice en 1955 pour Une fille de la province, Grace Kelly ne retrouvera pas, pour cause d’emploi du temps, Hitchcock, qui la voulait pourtant, sur le plateau de Mais qui a tué Harry ? Et, après deux autres films (Le Cygne et Haute Société), elle mettra un terme à sa prometteuse carrière après son mariage en 1956 avec le prince Rainier de Monaco.
Tourné en 3D selon un procédé technique novateur pour l’époque, ce suspense hitchcockien, diffusé dans sa version dite « plate » par France 5, adapte un succès à Broadway du dramaturge anglais Frederick Knott, passé également à la postérité pour Seule dans la nuit, porté au cinéma en 1967 par Terence Young. Comme dans Le crime était presque parfait, une autre histoire de femme menacée par l’avidité des hommes...
Christine Guillemeau
Film (États-Unis)
Titre original Dial M for Murder
Durée 105 min
Réalisation Alfred Hitchcock
Scénario Frederick Knott, d’après sa pièce de théâtre
Musique Dimitri Tiomkin
Production Warner Bros.
Avec Grace Kelly, Ray Milland, Robert Cummings, John Williams, Anthony Dawson
Année 1954
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