Un documentaire qui retrace l’itinéraire d’une jeune fille timide mais talentueuse, qui, propulsée dans le monde de la chanson et du show-biz, a su garder son mystère et son indépendance. Françoise Hardy se raconte à travers quarante années de chansons et 24 albums. Un « Message personnel » (1973) et de vérité.
Un portrait vérité de la chanteuse auteure-compositrice Françoise Hardy. Elle se raconte. Sur tout. Sa maladie. Son cancer. Sa vie d’artiste, étroitement liée à sa vie personnelle. Sa volonté de poursuivre sa route, toujours soutenue par son fils Thomas. Car « l’amour est plus fort que la mort » comme le dit « Tant de belles choses » (2004), une chanson écrite pour raconter ce moment de vie bouleversée. « J’ai toujours écrit les textes à partir de mélodies, elles ont toutes une dimension mélancolique qui ravive certaines tristesses ou douleurs, et il suffit que je trouve la connexion entre les mots et la mélodie. C’est presque la mélodie qui me suggère ça. C’est un exutoire. »
© Jean-Marie Périer
L’idole des sixties voit le jour le 17 janvier 1944 à Paris. Françoise grandit auprès de sa mère et de sa sœur cadette. Elle ne voit pas souvent son père, marié avec une autre. Fille d’une fille mère. Une situation honteuse à l’époque. Adolescente complexée et humiliée par sa grand-mère, la jeune fille se réfugie dans la musique. Elle écrit et se met à la guitare.
Elle choisit de s’inscrire au Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, véritable découvreuse de talents. En 1962, « Tous les garçons et les filles » devient un tube incontournable et se vend dans le monde entier. « Je me suis toujours senti des points communs avec les chanteurs dits yéyé, dans lesquels on me classait aussi… parce qu’on était de la même génération, parce qu’on sortait tous d’un milieu plus populaire que bourgeois, plus défavorisé que favorisé, et ce lien plus fort, c’était notre même goût pour une certaine musique, celle que nous faisions »… Françoise Hardy sera néanmoins toujours considérée comme à part, plus intello. Elle lit, elle compose, elle écrit. Et puis, il y a le look Hardy, stylé et mystérieux. Elle est la plus photographiée de France par, entre autres, Jean-Marie Périer, qui deviendra son amant et restera son ami… Son côté Mick Jagger au féminin est loin de déplaire, à Mick Jagger tout d’abord, et à David Bowie, qui déclarera : « Pendant très longtemps, j’ai été passionnément amoureux d’elle. Tous les hommes et bon nombre de femmes l’étaient également, et nous le sommes encore. »
Une star est née
Les microsillons succèdent aux microsillons… entre deux trains, deux galas, le show-business prend de la vitesse. Cette fille timide est acclamée un peu partout. Son portrait se multiplie sur les murs des villes. « Pourtant, je n’aimais pas la vie itinérante et être séparée de la personne dont j’étais amoureuse […]. J’étais très traqueuse, aussi parce que je savais ne pas avoir la maîtrise suffisante de ma voix, elle pouvait faire des couacs, des fausses notes […]. Sous le coup de l’émotion, j’oubliais mes textes de chansons. C’est une situation absolument atroce. » Elle décide plus tard de ne se consacrer qu’aux enregistrements en studio. « J’aime le studio et être coupée du monde. Un studio, c’est un endroit magique ; les chansons sur lesquelles on a travaillé, tout d’un coup, prennent corps. » Oui, elle aime le repli. L’introspection. Mais aussi la vie, les autres. Les rencontres avec tous ces artistes qui ont illuminé sa vie et continuent de l’enrichir : Serge Gainsbourg, Michel Berger, le pianiste Piotr Anderszewski…
© Jean-Marie Périer
Elle est cash, Françoise. Sincère. « Être vrai, c’est essentiel », affirme-t-elle. Ce qui la pousse à écrire, c’est son urgence de vie. « La chanson est un art parce qu’on arrive, avec ce qu’on éprouve, à faire quelque chose ; en quoi beaucoup de gens peuvent se reconnaître. L’art est là. » Ses sentiments se posent sur une portée musicale. Sa rencontre avec Jacques Dutronc en 67 a marqué pour toujours un tournant important dans sa vie. Malgré les embûches, ces deux-là sont à la vie, à la mort. « L’amour est quelque chose qui mérite d’être vécu, mais il faut accepter d’en payer le prix », déclare, paisible, la chanteuse.
Un film en clair-obscur qui révèle une femme sereine, belle dans ses rapports aux autres et aux mots. Un documentaire qui lie les mots aux choses. Loin de toute vulgarité, à l’image de cette artiste, solitaire mais en empathie avec les gens. Comme le dit si justement Étienne Daho, grâce aux encouragements duquel Françoise sortira Le Danger (1996), « c’est quelqu’un de franc, direct, qui a eu une carrière exemplaire »…
Françoise Jallot
Un film de Olivier Bellamy
Réalisé par Jean-Pierre Devillers
Production Eva Production
Année 2015
Durée 90 min