Leader de la gauche, François Mitterrand, disparu il y a vingt ans, a été le meilleur allié de Washington. Un paradoxe raconté dans ce film qui dévoile les liaisons secrètes et les conversations inédites entre le président français et ses homologues américains, Ronald Reagan, puis George Bush.
1981. Alors que les relations internationales sont plus que jamais dominées par l’antagonisme Est-Ouest, deux nouveaux chefs d’État sont élus aux États-Unis et en France. En janvier, Ronald Reagan prête serment outre-Atlantique. Ce vieil acteur est l’incarnation de l’anticommunisme. En mai, le leader de l’Union de la gauche, François Mitterrand, accède à la plus haute fonction de l’État français et nomme quatre ministres communistes dans son gouvernement. L’histoire, le parcours, les valeurs… tout sépare les deux hommes. « J’étais préoccupé par la coopération au sein de l’Otan et les autres relations fortes que nous avions avec la France », se souvient le conseiller sécurité de Reagan, Richard Allen. Contre toute attente, le président socialiste affirme son soutien aux États-Unis dès les premiers mois de son mandat. Une position qu’il maintiendra pendant plus de dix ans sur tous les grands dossiers et conflits internationaux. « Par réalisme, il faisait partie de ceux qui, sous la IVe République, avaient jugé absolument nécessaire qu’il y ait une alliance avec les États-Unis, souligne Hubert Védrine, conseiller diplomatique de Mitterrand. Il était dans ce courant atlantiste. Mais, en même temps, il avait déjà en tête ce que l’on a formalisé après par l’expression “amis, alliés mais pas alignés”. » Pour prouver sa loyauté, Mitterrand informe Reagan de l’affaire Farewell — un ex-agent du KGB qui livre aux services français des documents soviétiques.
Ententes cordiales
Vice-président de Ronald Reagan, George Bush rencontre le premier président socialiste de la Ve République, en 1981, à Paris. © Tempora Prod
Mais, bientôt, les deux hommes connaissent leurs premiers désaccords à propos de la Pologne, de l’Afghanistan ou du Nicaragua. Des tensions vite apaisées par la position du président français dans la crise des euromissiles. Devant le Bundestag, il témoigne de son attachement au camp occidental en déclarant : « Notre analyse et notre conviction sont que l’arme nucléaire, instrument de [la] dissuasion, qu’on le souhaite ou qu’on le déplore, demeure la garantie de la paix, dès lors qu’il existe l’équilibre des forces. » Devenu un allié de poids pour les Américains, Mitterrand reste sans concession lorsqu’il s’agit de l’indépendance nationale. En dépit des divergences, les deux hommes entretiennent une relation cordiale. Pour Jacques Attali, conseiller spécial de Mitterrand, « Reagan était un personnage qui fascinait Mitterrand. Il était chaleureux, charmant et adorait raconter des histoires drôles. Ils ont fini par s’entendre merveilleusement bien ».
L’adéquation est plus évidente encore avec le successeur de Reagan à la Maison-Blanche, George Bush. « C’est un des rares présidents américains qui avait une culture internationale avant d’être élu, explique Hubert Védrine. Il y a une énorme estime mutuelle. » Les questions autour de la réunification de l’Allemagne, de la chute du communisme et du bloc soviétique ou encore de la guerre du Golfe sont autant d’occasions d’échanges marqués par une confiance réciproque. Entre 1988 et 1992 a prévalu entre l’Élysée et la Maison-Blanche une qualité de dialogue rarement atteinte dans l’histoire récente des relations franco-américaines.
Amandine Deroubaix
Documentaire
Durée 52 min
Auteurs Vincent Nouzille et Patrick Rotman
Réalisation Patrick Rotman
D’après le livre de Vincent Nouzille Dans le secret des présidents — CIA, Maison-Blanche, Élysée : les dossiers confidentiels 1981-2010
Production Tempora Prod et Media In Sync, avec la participation de France Télévisions
Année 2015
#lacasedusiecle
Mitterrand l’Américain inaugure la programmation spéciale que France 5 propose à l’occasion de l’élection présidentielle américaine du 8 novembre 2016. Des documentaires diffusés le dimanche dans La Case du siècle et le mardi dans Le Monde en face.
En savoir plus dans le dossier de presse Temps forts documentaire.