La Vie à l'envers

Jour d’été à Étretat. Trois générations se retrouvent dans la maison familiale. Autour de la table, l’ambiance est détendue, les bons mots fusent et chacun profite du moment présent. Jusqu’à ce que Nina (Marthe Keller), 68 ans, décide d’aller se baigner. Rien d’inquiétant pour cette nageuse hors pair qui connaît le coin par cœur. Sauf qu’elle se perd en chemin et rate le déjeuner familial. La scène d’ouverture donne le ton : joyeuse, tendre et sensible. La Vie à l’envers saisit ces petits riens du quotidien pour en révéler tout à la fois la force et la fragilité. Fragilité d’une mémoire qui s’efface. Force d’une famille qui reste unie face à la maladie. Au départ, rien que de très anecdotique : la télécommande dans le frigo, des boîtes de sardines dans le congélateur, des propos salaces lancés à la voisine du dessus... Puis, peu à peu, la nécessité de se réorganiser complètement pour éviter le pire, du casse-tête des gardes à domicile jusqu’à l’hospitalisation en maison médicalisée.
La vie de Nina met celle de ses trois filles sens dessus dessous. Claire (Isabelle Carré), divorcée, à l’ego atrophié, accro aux madeleines, n’a pas assez de ses séances chez sa psy pour affronter ce nouveau bouleversement ; Julie (Barbara Schulz), célibataire sans enfant au caractère bien trempé, a de plus en plus de mal à assumer sa liaison avec un homme marié (Julien Boisselier) ; Odile (Pascale Arbillot), parfaite femme au foyer, voit son mariage avec Stéphane (Guillaume de Tonquédec) chahuté par un emploi du temps devenu imprévisible. En accompagnant leur mère sur le chemin de la maladie, chacune va finir par trouver sa propre voie.
Anne Giafferi, la créatrice reconnue de Fais pas ci, fais pas ça, n’a pas son pareil pour tisser, par petites touches, les liens délicats qui forment une famille. Tour à tour, les trois filles se battent, débattent, se débattent. Elles se réconfortent ou s’amusent autour de situations aussi cocasses qu’insupportables. Toujours, elles font le choix de la vie. Épaulée par un casting de premier choix, l’auteure-réalisatrice dresse d’émouvants portraits de femmes, comme autant de miroirs dans lesquels se reflètent nos propres doutes, angoisses et espoirs.