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Dans Enfants du terril – Vivre malgré la misère, Frédéric Brunnquell et Anne Gintzburger suivent le quotidien chaotique de Loïc, 15 ans, et de sa famille (Patricia, sa mère, et Théo, son frère cadet). Il est l’un des 3 millions d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté en France. Un adolescent qui, malgré les épreuves, garde espoir en l’avenir.
Il compare son quartier à Chicago. Même si la violence ou l’incivilité sont loin d’avoir atteints les records de cette ville américaine, le changement est flagrant. Le rire des enfants et les barbecues entre voisins ont laissé place à des jardins en friche et des rues aux maisons délabrées et vouées à la destruction. Du haut de ses quinze ans, Loïc est lucide, pragmatique. On pourrait le croire inquiet du futur qui l’attend et pourtant, il n’en est rien. Loïc rêve d’un monde où son travail lui permettra de s’offrir tout ce qui lui fait aujourd’hui défaut.
Lui et son frère cadet, Théo, sont élevés par leur mère dans la cité 12-14 de Lens. De leur père, ils ne parlent jamais. Tout juste apprendra-t-on qu’il est peintre en bâtiment et qu’il fut une époque où l’argent manquait moins. Vivre à trois avec près de 900 euros par mois est loin d’être évident. Alors, quand le frigo est vide, c’est aux Restos du cœur que Patricia se rend pour pouvoir nourrir ses deux fils. Les légumes sont rares, et le café a remplacé les céréales du petit-déjeuner. « Même si c’est un peu dur », elle déclare ne jamais se priver et réussir, avec décalage, à répondre aux requêtes de ses enfants.
Si Théo prend encore du plaisir à se rendre à l’école et à faire ses devoirs, Loïc dévoile un parcours scolaire plus compliqué. Sa phobie scolaire est née à la suite du harcèlement dont il a été victime à son entrée au collège. Il ne cache rien des bousculades dans les escaliers, ni de la colle ou du Blanco qu’il a reçus sur ses vêtements, ni des commentaires indélicats qu’il a entendus et qu’il craint encore d’entendre. La révélation sur son homosexualité a mené certains à plus d’hostilités, voire à des actes homophobes. Pour l’aider à poursuivre sa scolarité et éviter qu’il ne décroche totalement, son équipe éducative a mis en place des cours individuels mais cela ne suffit plus. Les jours sans sont devenus plus nombreux que ceux avec. Dans ces cas-là, Loïc se mure dans sa maison, calfeutrant son visage et son corps des maux extérieurs. Face à son mal-être, sa mère semble impuissante à trouver les bons mots. Pourtant, elle ne l’abandonne ni ne le juge. Elle reste sa vigie. Dans la famille, on sait pouvoir compter sur l’autre et surmonter ensemble les épreuves. La vie est déjà assez compliquée par ailleurs. Quand Théo joue au foot avec son amie Valéryane, dont on découvre qu’elle rêve d’embrasser une carrière pro, Loïc regarde la télévision ou grimpe à la cime des terrils. Des escapades salvatrices où il puise la sérénité nécessaire pour reprendre à chaque fois sa vie en main.
Avant, ici, la mine dirigeait tout. On grandissait dans les corons et on suivait la destinée familiale. La vie était rude, le métier dangereux. On pouvait tout perdre d’un coup de grisou. Aujourd’hui, les mines ont fermé. Le chômage s’est installé. Des enfants de l’âge de Valéryane ou de Théo disent qu’il faut quitter la région, descendre vers le Sud, pour s’en sortir et décrocher un travail décent. Eux croient encore en un avenir radieux, mais pour combien de temps ? Et pourquoi, surtout, ne pourrait-il pas éclore dans ces quartiers, si longtemps délaissés, qu’on cherche enfin à restaurer* ? Après tout, la pauvreté n’est pas un fléau à moins de la laisser gangréner…
Clotilde Ruel
*Grand Prix de l’urbanisme, Jean-Louis Subileau s’est vu confier une mission interministérielle qui avait pour objectif de faire des propositions visant à améliorer rapidement et visiblement les conditions de vie et de logement des habitants du bassin minier du Nord et du Pas-de‐Calais (réhabilitation des cités minières, gestion du label Unesco, mise en valeur touristique). Pour y parvenir, il était entouré de deux membres du Conseil général de l’environnement et du développement durable et d’une inspectrice du ministère de la Culture. Le rapport a été remis le 13 décembre 2016 à Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l’Habitat durable, et Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
Un film de Frédéric Brunnquell
Coauteure et productrice : Anne Gintzburger
Produit par Chasseur d’étoiles
Avec la participation de France Télévisions
Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée, de la Procirep et de l’Angoa
Sélections Fipa 2017 / Figra 2017
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Loïc, 15 ans, est en phobie scolaire et peine à terminer sa classe de troisième. Théo, son frère, encore protégé par l’innocence de ses 10 ans, transforme les ruines de son quartier en vaste terrain de jeux. Tous deux habitent au 12-14, une petite cité minière délabrée de la ville de Lens. À quelques mois de ses 16 ans, Loïc se cherche et se demande s’il va définitivement quitter l’école. Patricia, leur mère, se bat pour maintenir la cohésion familiale et assurer un avenir à ses fils.
Entre représentations allégoriques et détresse du quotidien, le film est une réflexion sur les effets dévastateurs de la pauvreté et sur la perte de confiance dans l’avenir qui menace les deux frères.
Parce qu’il s’agit de mettre en exergue les conséquences de la pauvreté sur les enfants, l’Unicef s’associe tout naturellement au documentaire Enfants du terril. En effet, évaluer le bien-être des enfants et des adolescents et plaider pour un accès équitable de chacun à ses droits essentiels sont au cœur de l’action de l’Unicef, y compris dans les pays riches. L’Unicef France a ainsi lancé un cri d’alarme avec la publication d’une consultation nationale menée auprès de 22 000 enfants et adolescents dans les quartiers prioritaires, en novembre dernier. Manque d’accès aux savoirs, privation d’accès aux soins, perte de confiance en soi, peur de ne pas réussir à l’école et sentiment d’inégalité dominent. Analyses et chiffres à l’appui, l’Unicef France interpelle aujourd’hui les candidats à la présidentielle sur huit recommandations pour mieux grandir en France.
https://www.unicef.fr/article/resultats-de-la-3e-consultation-nationale-de-l-unicef-france
En France et en Europe, le seuil de pauvreté est fixé de façon relative. On considère comme pauvre une personne dont les revenus sont inférieurs à un certain pourcentage du revenu dit « médian ». Ce revenu médian est celui qui partage la population en deux : celle qui gagne moins, celle qui gagne davantage. Quand le revenu médian augmente, le seuil de pauvreté s’accroît. Aujourd'hui, ce pourcentage est de plus en plus souvent fixé à 60 % du revenu médian, alors que jusqu’en 2008, le seuil à 50 % était le plus couramment utilisé en France.
Dans son étude annuelle sur le seuil de pauvreté, parue en septembre 2016, l’Insee indiquait qu’en 2014, les 5 à 8,77 millions de personnes (selon le taux) vivant en dessous du seuil de pauvreté touchaient moins de 840 ou de 1 008 euros par mois.
Enfin, en 2015, l’Unicef estimait que 3 millions d’enfants vivaient en France sous le seuil de pauvreté.
Quant au taux de pauvreté, il correspond à la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du seuil de pauvreté.
Sources : Insee - Données 2014 - © Observatoire des inégalités, France métropolitaine / Le Monde / Unicef