Paris, 1955. Le Martiniquais Aimé Césaire écrit une lettre-poème à l'Haïtien René Depestre. Cette dernière est une attaque frontale contre Louis Aragon. Les trois hommes de lettres se retrouvent au cœur d'une des controverses – et à travers eux la France, les Antilles et l'Afrique – poétiques les plus fécondes de l'après-guerre, dont les enjeux auront vite fait de déborder les seuls cercles littéraires.
Comment Louis Aragon et Aimé Césaire, deux des plus grands poètes du XXe siècle, en sont-ils venus à s'opposer ? L'un adhère au Parti communiste en 1930, l'autre en 1935. Césaire démissionne du Parti communiste français en 1956, à cause notamment des révélations du rapport Khrouchtchev, mais Aragon garde le silence et restera au parti jusqu'à sa mort. Cependant, l'opposition des deux hommes n'est pas seulement un différend politique sur fond de déstalinisation. La rupture entre eux est plus ancienne, plus profonde, et s'ancre dans un contexte historique de décolonisation qui a pris la forme d'une tentative de colonisation culturelle de l'un par l'autre. De plus, Césaire trouve cocasse de recevoir une leçon de prolétariat de la part d'un bourgeois français, lui qui passe la majeure partie de son temps à régler des problèmes de santé publique ou d'assainissement de l'eau, aussi bien comme député de la Martinique que comme maire de Fort-de-France. Mais, plus profondément, Césaire n'accepte pas cette mise sous tutelle de l'imaginaire antillais sous le joug culturel français, fût-il communiste.
60 min
Film documentaire réalisé par
Guy Deslauriers
Écrit par
Patrick Chamoiseau
Avec la participation exceptionnelle de
Lucien Jean-Baptiste
La voix de
Alain Azerot
Production
Kreyolimage
Avec la participation de
France Télévisions
2018