L'HEUREUX ÉLU

L'Heureux Élu

Théâtre - Inédit - Mardi 2 janvier 2018 à 20.55

Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h se retrouvent enfin sur scène et donnent le meilleur d’eux-mêmes. Depuis plus d’un an, la comédie L’Heureux Élu fait salle comble et ravit les spectateurs par son humour satirique. Une combinaison parfaite pour commencer l’année dans un bon esprit.

Dans L’Heureux Élu, Éric Assous transporte « ses couples » vers des problématiques nouvelles. Lesquelles ?
Son thème de prédilection reste avant tout les rapports de couple. Mais ici, c’est vrai, Éric Assous élargit son terrain de jeux avec cette touche un peu transgressive et politique qui interroge chacun de nous. Comment réagirions-nous face à quelqu’un d’aussi radicalement opposé à nos idées que l’est Noël, le personnage joué par David Brécourt ? Pour éviter de perturber une réunion amicale par une guerre ouverte, ne ferions-nous pas preuve d'un peu de lâcheté ? Personnellement, je lui serais rentré dedans [Rires] ! Mais en vieillissant, j’essaie de gagner en tempérance et tolérance. Il vaut mieux privilégier le débat. Sauf, bien entendu, face à un négationniste ou un homophobe !

Cette double lecture a-t-elle guidé votre choix vers cette pièce ?
Avec Yvan, nous avions envie de nous retrouver dans une comédie à double fond, comme une boîte magique ; pas juste une pièce prétexte à réunir les deux rigolos de Caméra Café. Dans L’Heureux Élu, l’ambiguïté du propos amène une gêne quasiment palpable dans le public, surtout au moment où Noël se lance dans une diatribe raciste ou lorsqu’il argumente sur les avantages de l’autodéfense. C’est très drôle. La vraie comédie doit s’appuyer sur le terreau de l’ambiguïté, elle apporte du ressort.  

À quoi tient le succès de L’Heureux Élu selon vous ?
Je pense que le duo Le Bolloc’h / Solo a dû exciter les spectateurs – nous ne nous étions pas retrouvés professionnellement depuis treize ans. Ensuite, le texte d’Éric Assous tient toutes ses promesses et après la curiosité, quand la pièce est bonne, vient le bouche-à-oreille. Enfin, le résultat ne s'est pas fait pas trop attendre : cinq mois de tournée, des salles de 1 300 personnes pleines, comme au Silo, à Marseille. Ce n’est pas ce que je préfère, ça manque un peu d’intimité, mais c’est fou !

Qui est Jeff, votre personnage ?
Il est éperdument amoureux de Charline qui l’a quitté cinq ans auparavant. Il est transi à l’idée de la revoir jusqu’au moment où il comprend qu’elle revient pour présenter son fiancé, le fameux Noël. Or, Jeff, au lieu de casser ce réac avec quelques arguments bien sentis, s’enferre dans l’émotion, dans une jalousie agressive et morbide. Il ne va pas réussir à l’affronter et noiera son chagrin dans l’alcool… Jeff me touche car il est à la fois brillant et maladroit, optimiste et dépressif, agressif et naïf. Il reste bloqué au premier degré, celui du sentiment amoureux déçu, bafoué. Il se voit tel un héros trahi et un grand tragédien alors qu’il n’est que pathétique et grotesque.

Parlez-moi des autres comédiens…
Éric Assous écrit au cordeau pour une troupe. Chacun a une place. Avec Yvan, nous nous connaissons depuis si longtemps qu’il pourrait jouer derrière une porte, je saurais exactement ce qu’il est en train de faire. Notre complicité va très loin… Parfois, il est le maître, et moi, le disciple. Parfois, c’est l’inverse. Dans la pièce, Mathilde Penin met en avant une raideur dans la maîtrise de ses émotions qui fait presque un peu peur. Elle nous met face à nos contradictions en nous intimant de savoir écouter l’autre, de ne pas être sectaires, même face à Noël. Dans une sorte de fièvre et de charme vénéneux, David Brécourt interprète courageusement ce personnage antipathique qu’il réussit à nous faire aimer. Sa franchise, sa « beauferie », son radicalisme et son agressivité agissent comme des révélateurs de nos lâchetés. Mais Mélanie Page, alias Charline, est persuadée de pouvoir le changer par amour. « The Power of Love » plus fort que la haine ? Philosophiquement, oui. Mais appliqué aux individus ? C’est à voir !

Propos recueillis par Diane Ermel.

Une comédie d'Éric Assous
Mise en scène : Jean-Luc Moreau
Réalisée par Serge Khalfon
Production : Pomme production
Enregistrée en novembre 2017 au Théâtre de la Madeleine

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Charline est heureuse : elle va épouser l'homme de sa vie ! Avant de le présenter à ses meilleurs amis, elle leur précise qu'il est « un peu spécial ». Beau, riche, poli mais qui pense « différemment »... Que faire ? Respecter son choix, débattre ou rejeter « l'heureux élu » ?
Une comédie satirique et vaudevillesque servie par le tandem Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h et mitonnée par Éric Assous, auteur déjà récompensé par deux Molière.

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