Les zoos humains, un phénomène mondial.
Six visages, six trajectoires, parmi des milliers d'autres, pour raconter la sombre histoire des zoos humains, ces exhibitions de « sauvages » qui attirèrent les foules dans le monde entier à l’heure des heures coloniales les plus sombres.
De 1810 à 1940, des hommes ont exhibé d’autres hommes en les présentant comme des sauvages ou des monstres dans de véritables zoos humains. Plus d’un milliard et demi de visiteurs ont découvert trente-cinq mille exhibés à travers l’Europe et dans le monde entier, lors d’expositions universelles ou coloniales, dans des zoos, des cirques ou des villages indigènes reconstitués. Pour la première fois, un documentaire fait ressurgir ce pan oublié de l’histoire de l’humanité. Avec le concours des plus grands spécialistes internationaux, il retrace les destins de six exhibés, s’appuyant sur des archives inédites, des images exceptionnelles et les témoignages de leurs descendants.
Ils se nomment Petite Capeline, Fuégienne de Patagonie (Chili actuel), Tambo, Aborigène d’Australie, Moliko, Kali’na, de Guyane, Ota Benga, Pygmée du Congo, Marius Kaloïe, Kanak de Nouvelle-Calédonie et Jean Thiam, Wolof du Sénégal. Leur histoire a été sortie de l’oubli grâce au travail des historiens et grâce à la volonté de leurs descendants qui ont voulu leur rendre hommage en témoignant aujourd’hui de ce drame. Les récits de leurs destins restituent le phénomène des exhibitions ethnographiques dans leur contexte historique : l’émergence et le développement des grands empires coloniaux. Grâce aux analyses et aux commentaires des meilleurs spécialistes de la question (Benjamin Stora, Lilian Thuram, John M. Mackenzie, Achille Mbembe, Nicolas Bancel, Nanette Jacomijn Snoep, Gilles Boëtsch, Robert Rydell...), ce documentaire propose de comprendre la façon dont nos sociétés se sont construites en fabriquant, lors de grandes fêtes populaires, une représentation stéréotypée de l’« Autre » pour légitimer la domination coloniale. Aussi, il décrypte comment on est passé d’un racisme scientifique (1850) à un racisme populaire (1930).
Ce film est le fruit de plusieurs années de recherche et s’appuie sur des archives inédites provenant des quatre coins du monde : photographies, cartes postales, films d’archives, comptes rendus scientifiques, articles de presse, témoignages des organisateurs de spectacles : c'est de cette matière nouvelle que naît le projet de ce film, donnant à voir une histoire jusqu’alors invisible. Il ne s'agit plus simplement d'initier le public mais de le faire entrer dans cet incroyable récit.
Documentaire réalisé par Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet
Coécrit avec Coralie Miller
Raconté par Abd Al Malik
Coproduction Arte France, Bonne Pioche, Archipel Production, avec la participation de France Télévisions
90 min — 2018
De parents congolais, il a grandi dans les cités sensibles du Neuhof à Strasbourg. Auteur, compositeur-interprète, dès 1996, il sort de nombreux disques, dont Trop beau pour être vrai, La racaille sort 1 disque ou encore Gibraltar. En 2005, Abd al Malik se tourne également vers l’écriture. En 2008, il est à la fois l’artiste de l’année aux Victoires de la Musique et décoré chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres. Il est couronné par le prix Edgar-Faure 2010 pour son essai politique La Guerre des banlieues n’aura pas lieu (Le Cherche Midi), puis sort en 2012 Le Dernier Français (Le Cherche Midi) et, en 2013, L’Islam au secours de la République (Flammarion). En 2014, Abd al Malik réalise le film tiré de son roman Qu’Allah bénisse la France, primé au Festival international de Toronto. En 2016, il est choisi pour faire la voix française de l’esclave Nat Turner dans The Birth of a Nation de Nate Parker. En 2018, Abd Al Malik est nommé artiste-ambassadeur au Théâtre de la Ville pour développer des projets et participer à la programmation jusqu’en 2021.
- Nicolas Bancel Historien Université de Lausanne (Suisse)
- Pascal Blanchard Historien Laboratoire Communication et Politique CNRS (France)
- Gilles Boëstch Anthropo-biologiste CNRS Dakar (Sénégal)
- Jacob Cassady Directeur Mungalla Aboriginal Museum (Australie)
- Sylvie Chalaye Historienne du théâtre Université Paris III (France)
- Didier Daeninckx Romancier, auteur de Cannibale (France)
- Ayana Jackson Photographe et artiste (États-Unis)
- Nanette Jacomijn Snoep Directrice des Collections nationales d’Ethnographie de la Saxe (Allemagne)
- Sylvette Kaloïe Descendante de Marius Kaloïe (France)
- Sandrine Lemaire Historienne agrégée (France)
- John M. Mackenzie Historien Université de Lancaster (Royaume-Uni)
- Achille Mbembe Historien Université de Johannesburg (Afrique du Sud)
- Pamela Newkirk Journaliste, Université de New York (États-Unis)
- Fanny Robles Historienne Université Aix-Marseille (France)
- Ndiogou Seck Descendant de Jean Thiam (Sénégal)
- Benjamin Stora Historien Université Paris-XIII (France)
- Lilian Thuram Fondation Lilian Thuram. Éducation contre le racisme (France)
- Félix Tiouka Président Association des Amérindiens de Guyane française (Guyane, France)
- Caroline Toka et sa famille Descendants de Moliko (Guyane, France)
- Robert W. Rydell Historien Montana State University (États-Unis)
- Grand Dad Walker Descendant de Tambo (Australie)