Temps fort SEM 17 2019
FICTION - ILLÉGITIME (90 mn)
Stéphane (Thierry Neuvic) voit sa vie basculer le jour où son père (Guy Marchand) abat un braqueur armé. L’adolescent est le fils de sa maîtresse (Rachida Brakni). Entre soutenir son père, défendu par son épouse, Elise (Sophie Quinton) ou protéger celle qu’il aime, il va devoir choisir…Illégitime est l’histoire d’un amour percuté par un fait divers.
Dans la banlieue lilloise, Stéphane tient un bureau de tabac avec son père Maurice, militaire à la retraite dont il ne s’est jamais vraiment émancipé. Étouffé dans son couple, Stéphane n’ose quitter Élise, sa femme, avocate, et entretient depuis peu une relation avec Leila, kinésithérapeute et mère de deux enfants. Ensemble, ils fondent le projet d’une vie meilleure. Tout bascule le jour où Sofiane, le fils de Leila, 15 ans, braque le commerce de Maurice sans rien savoir de l’amour de sa mère pour Stéphane. Le vieil homme, frappé violemment, sort une arme et l’abat. La police arrête Maurice. L’opinion se divise autour de la question de la légitime défense, avivant les tensions dans le quartier. Stéphane lui aussi doit prendre parti : soutenir son père, défendu par Élise, ou protéger celle qu’il aime.
INTERVIEW DE THIERRY NEUVIC
Thierry Neuvic incarne Stéphane, un quadragénaire associé à son père et propriétaire d’un tabac de la banlieue défavorisée de Lille. Un personnage déchiré par la culpabilité, écartelé entre son père et sa maîtresse, interprétée par Rachida Brakni…
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le personnage de Stéphane ?
Ce qui m’a touché, c’est ce choix impossible. J’aime beaucoup les personnages qui sont plongés dans des dilemmes inextricables. Renier son père ou renier son amour, c’est impossible. C’est comme demander à un enfant s’il préfère son père ou sa mère, c’est invivable, horrible, c’est un cœur qu’on déchire en deux. C’est un postulat de départ stimulant, car il permet de jouer des émotions d’une richesse folle.
Existe-t-il des similitudes entre Stéphane et vous ?
J’ai grandi dans ces quartiers. L’environnement ne me correspondait pas, je ne comprenais pas la tournure que prenaient les choses. J’ai pris la décision de changer radicalement de vie. J’ai pu avoir le choix que lui n’a pas eu. Cet univers de banlieue, je le connais bien, j’y ai passé beaucoup de temps. Tout ça fait que le projet me touchait particulièrement.
Vous avez retrouvé également pas mal d’« anciens collègues » sur ce film…
Quel bonheur de travailler à nouveau avec Renault Bertrand, que j’aime énormément et qui est toujours investi dans ce qu’il fait. J’ai également retrouvé Rachida Brakni, que j’apprécie beaucoup aussi. Et puis Guy Marchand ! Je joue son fils, et ça c’est un plaisir sans nom ! Il est extraordinaire, c’est un personnage, un grand acteur, concentré, généreux ! J’avais joué à ses côtés à mes tout débuts dans un épisode de Fargas, je ne sais même pas s’il s’en souvient. Je tournerais encore avec lui demain et après-demain… si on me le demandait.
Quel regard portez-vous sur ce genre de fait divers ?
C’est très compliqué. Dans la mesure où des deux côtés, chacun possède une arme, ça signifie que, quoi qu’il arrive, il y aura un dégât irréversible. Ça pose le problème des quartiers à l’abandon. L’interprétation change selon les endroits où l’on vit. Il y a des endroits où ce fait serait considéré comme un cas de légitime défense, ailleurs non. Comment se placer quand les protagonistes sont des proches ? Si c’est votre père ? Comment voulez-vous juger, décider ? C’est impossible et c’est bien ça qui m’a plu. Stéphane ne condamne pas son père, il ne renie pas non plus son amour. Mais il prend le parti d’une troisième voie en allant dénoncer ceux qu’il juge responsables de ce drame. Quelle autre voie emprunter que celle-là ? Trouver la source de ces maux, c’est tout ce qu’il peut faire. Mais dans des quartiers à l’abandon où les armes circulent, ces choses-là arrivent tous les jours. Si ce n’est pas à lui, c’est à d’autres.
La misère sociale de ces quartiers sert de toile de fond à l’intrigue, mais le scénario ne fait qu’effleurer la question politique. Comment l’expliquez-vous ?
Les personnages eux-mêmes ne se posent pas la question du politique. Eux, c’est de la chair, de l’émotion ! Et c’est ça, la force du film. Ça aurait été curieux que ces personnages se mettent à parler de politique à un moment où l’émotion.
Propos recueillis par Ludovic Hoarau
DÉBAT - LÉGITIME DÉFENSE : jusqu'où peut-on aller pour se défendre ?
Présentation Julian Bugier - Réalisation Philippe Lallemant
Julian Bugier ouvre le débat sur la légitime défense et pose la question : jusqu’où peut-on aller pour se défendre ?
Un commerçant braqué qui tire sur son malfaiteur, un agressé qui tue son agresseur, des policiers qui, se sentant menacés, font usage de leur arme… La légitime défense est souvent invoquée pour expliquer ces gestes fatals. Mais en réalité peu de justiciables en bénéficient car la loi française est très stricte et exige des critères très précis.
Cependant, à chaque nouvelle affaire, la question de la légitime défense divise : peut-on faire justice soi-même ? A-t-on le droit de frapper, de tuer pour se défendre ou protéger ses biens ? La légitime défense permet-elle de tuer sans être condamné ?
Récemment, l’affaire Jacqueline Sauvage, cette femme qui avait abattu son mari après des années de violences conjugales, a donné lieu à de nouveaux débats : faut-il reconnaître un état de légitime défense différée pour les femmes battues ? Quelles en sont les limites juridiques et morales ? Cette loi doit-elle être aménagée dans certains cas bien précis ?
Julian Bugier donnera la parole à des personnes confrontées à des situations de légitime défense, mais aussi à des avocats et des magistrats, qui sont amenés à en apprécier le contexte. Ensemble, ils viendront débattre de ces questions qui, bien souvent, déchaînent les passions.
Réalisé par Renaud Bertrand / Produit par Atlantique Productions et Patafilm /Coproduit avec France Télévisions / Avec le soutien de la Région Hauts-de-France / Avec la participation de Pictanovo, du CNC, de TV5 Monde / Avec : Thierry Neuvic, Rachida Brakni, Guy Marchand, Sophie Quinton, Majar Koutainé, Sami Outalbali, Théo Cholbi, Victor Peeters, François Loriquet, Riton Liebman