Capitaine Marleau

« Chambre avec vue » fait la part belle à la Côte d’Opale. Comment sélectionnez-vous les décors de la collection ?

Josée Dayan : Les décors sont choisis en fonction de l’histoire que je souhaite raconter et des régions qui varient d’un épisode à l’autre puisque le personnage de Marleau est par principe itinérant. Marleau arrive ainsi dans chaque lieu sans connaître ses adjoints ni ses interlocuteurs, ce qui engendre naturellement de nouveaux rapports humains. Cette règle est l’un des atouts de cette collection. Le décor n’est donc pas primordial, il faut qu’il soit juste par rapport à l’histoire mais évidemment qu’il ait du charme. Après cette Côte d’Opale avec Yolande Moreau, nous irons vers Sarlat avec Nils Arestrup et le Périgord avec David Suchet (l'interprète d’Hercule Poirot). Et je peux déjà vous dire que les prochains tournages nous emmèneront dans le Bordelais et dans le Médoc.

Qu’est-ce qui vous plaît encore et toujours dans Marleau ?

J.D. : J’aime tourner cette série parce que je l’ai conçue autour d’un capitaine de gendarmerie atypique interprété par Corinne, un personnage attachant dont les originalités verbales et vestimentaires ont tout de suite séduit Anne Holmes, la directrice de la fiction de France 3. Ce pari, qui n’était pas évident au départ, a totalement conquis, à son tour, le public, puisque nous avons en moyenne 6 millions de téléspectateurs par soirée. Cela me plaît évidemment beaucoup !

J'adore ensuite filmer le face-à-face entre Corinne et un acteur renommé, un duo résolument au cœur de chaque épisode et qui implique dans l’écriture que le guest ait un rôle équivalent à un rôle principal.
Vous savez, regarder et faire vivre les comédiens et les comédiennes reste aujourd’hui ce qui m’intéresse le plus dans mon métier de metteur en scène.

Justement, Corinne, parlez-nous de votre rencontre avec Yolande Moreau ?

Corinne Masiero : L’osmose fut parfaite. C’est une artiste admirable dans tous les sens du terme car elle est auteur, réalisatrice, actrice. J’ai beaucoup de respect pour son travail comme pour ce qu’elle est : une femme qui sait s’imposer sans se mettre en avant.

« Chambre avec vue » évoque le thème des violences conjugales. Est-ce un sujet qui vous tient à cœur ?

C.M. : Oui, tout à fait. Je fais d’ailleurs actuellement une lecture, d’Une vie bien « renger », d’Adolpha VanMeerhaeghe, qui évoque ce problème. Nous connaissons tous des femmes qui sont, en apparence, des êtres forts et qui, chez elles, se font martyriser. Le fait d’en parler dans une fiction à grande écoute comme « Marleau » peut permettre, je l’espère, de semer de petites graines de réflexion.

Quelle qualité doit-on absolument posséder pour bien travailler avec Josée ?

C.M. : Être prêt à 110 % en arrivant sur le tournage ! Quand Josée dit « Moteur ! », il faut connaître ses répliques sur le bout des doigts. Cela demande beaucoup de concentration et d’écoute sur tout ce qui se passe sur le plateau. Le rythme est intense, ce qui amène un jeu qui ne donne pas le temps de minauder !

Enfin, qu’est-ce qu’il y a de Josée Dayan dans le ton de cette collection ?

J.D. : Mon goût pour l’insolence, l’humour, l’émotion et la sincérité. Et mon aversion pour tout ce qui est redondant !

Propos recueillis par Béatrice Cantet