La Stagiaire

Victime d’une erreur judiciaire, Constance Meyer a passé onze mois en maison d’arrêt. Une expérience éprouvante pour cette productrice d’huile d’olive du sud de la France. « Ce qu’elle n’a pas supporté, elle n’a pas envie que quelqu’un d’autre le supporte », explique son interprète, Michèle Bernier.

À 50 ans, Constance a décidé de reprendre des études pour devenir juge d’instruction, mais avant de pouvoir prétendre à ce poste, elle se doit de suivre un stage de onze mois auprès d’un magistrat.

Devoir de réserve

C’est donc au côté du juge Frédéric Filiponi (Arié Elmaleh) qu’elle va parfaire ses connaissances et s’initier au métier. « Elle l’a choisi pour son intégrité, ajoute-t-elle. C’est son maître. Il va lui expliquer la marche à suivre en ce qui concerne le déroulement d’une enquête, et surtout le fonctionnement de la justice. » À eux de dénouer le vrai du faux, de faire tomber si nécessaire les alibis, d’obtenir des preuves tangibles, de synthétiser les enquêtes, sans pour autant émettre un quelconque jugement. « Si leur manière de se comporter est différente, tous deux sont attachés à la vérité. »

« C’est une femme pleine de sincérité, d’empathie et d’instinct féminin, précise Arié Elmaleh. Et mon personnage passe son temps à la recadrer, à lui rappeler son devoir de silence, de réserve. Il l’enjoint aussi à être plus détachée, plus distante, à ne faire confiance à personne. Car, dans ce métier, on est sans cesse confronté à la bassesse du genre humain, à des gens qui se disent innocents, qui paraissent sincères, bien sous tous les rapports, mais dont on découvre qu’ils ont commis des délits ou des crimes atroces. À l’inverse de Constance Meyer, le juge Filiponi fait preuve de plus de rigidité et d’intransigeance. » De quoi provoquer parfois quelques étincelles entre eux…

Et la famille dans tout ça

Jusqu’à son incarcération, Constance a toujours vécu entourée des siens dans une ferme. Ses démêlés judiciaires n’ont été faciles à vivre pour personne ; pour autant, aucun n’a baissé les bras… L’exploitation agricole s’est maintenue, les enfants ont grandi et, à sa sortie de prison, son mari, Barth (Philippe Lelièvre), l’a soutenue lorsqu’elle a décidé de changer de voie. Seulement, poursuivre cette nouvelle carrière à quelque cinq cents kilomètres finit par peser sur les relations du couple.

« Ce n’est pas évident, explique Michèle Bernier, car on délaisse un endroit pour un autre, on se laisse attirer par la nouveauté. » Pire, passionnée par son métier, Constance travaille sans compter, au point de paraître absente, même pendant les repas en famille. Et ce n’est pas Filiponi qui va l’en dissuader. Pour lui, un juge se doit d’être joignable et disponible 24 heures sur 24. Peu importe que ce dernier — en l’occurrence, cette dernière — ait une vie de famille ! 

Clotilde Ruel