Pour la première fois, cinq personnalités politiques ont accepté de livrer la bande originale de leur vie et c’est un vrai régal ! On croyait tout savoir sur eux et pourtant on a l’impression de les découvrir pour la première fois.
François Bayrou, Rachida Dati, Jean-Pierre Raffarin, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon se dévoilent comme jamais à Mireille Dumas à travers les chansons qui ont marqué leur existence. Et ils sont désarçonnants de vérité. De Jean Ferrat, Georges Brassens, Barbara à Johnny, Michel Sardou, Alain Souchon ou encore Stromae c’est toute la variété française qui a accompagné les moments forts de leur parcours. Et on est surpris de les voir passer des rires aux larmes, sans aucune tricherie quand ils évoquent l’enfance, l’amour, la politique, au rythme des chansons qu’ils ont choisies.
La force et l’originalité de cette soirée est d’avoir réussi à amener ces politiques de premier plan à se raconter sans fard et de nous offrir des portraits inattendus. Entre paroles et musique, c’est une jolie gamme de sentiments et une partition sans fausse note que nous fait vivre ce film avec des moments de télévision rare.
La vie de Rachida Dati pourrait se décliner entièrement en chansons. Celle qui avoue être une vraie midinette de la variété française et arrive à en rire, réussit à nous entraîner dans un tourbillon de bonne humeur. L’ancienne Garde des Sceaux, Maire du 7ème arrondissement de Paris, se lance décomplexée et sans aucun tabou sur la relation des hommes envers les femmes politiques et sa propre image du mâle avec les tubes de Michel Sardou. Mais elle sait aussi nous émouvoir lorsqu’avec « Mamy Blue » de Nicoletta ou « Mon vieux » de Daniel Guichard, elle nous fait revivre ses souvenirs d’enfant d’immigrés avec ses douze frères et sœurs et sa propre maternité inespérée. Pas étonnant que cet électron libre ait choisi « l’Amérique » de Joe Dassin pour parler de son ascension politique et rappeler que la France est la patrie de tous les possibles !
Si François Bayrou s’amuse avec « Misogynie à part » de Georges Brassens à se moquer du comportement masculin et de sa tentation de patriarche avec ses six enfants et vingt et un petits enfants, il avoue être naturellement plus à l’aise avec les femmes. Et c’est avec Barbara qu’il a choisi de parler de son couple. Il est émouvant quand il aborde le douloureux sujet de sa lutte acharnée contre le bégaiement qui l’a bloqué dès ses 7 ans et qu’il a dû apprivoiser toute sa vie au point de choisir « I will survive » de Gloria Gaynor pour l’évoquer. On comprend à quel point enseigner et faire de la politique ont été ses plus grandes victoires sur lui-même. Le Président du Modem, pourtant plusieurs fois ministre, confie que le moment le plus intense a été son élection à la mairie de Pau dans son Béarn natal. « Une revanche sur la vie de mes parents paysans où tout était à conquérir, y compris la reconnaissance ».
Pour la toute première fois, Cécile Duflot a accepté de se livrer, elle qui pourrait aussi décliner sa vie en chansons. Et c’est une totale découverte. Cette fille de cheminot et de professeur de physique chimie, élevée à la guitare, au violoncelle et au syndicalisme, nous dit pourquoi les paroles d’Alain Souchon « Tu la voyais pas comme ça ta vie...» ont été un leitmotiv.
Cette mère de quatre enfants est bouleversante quand elle choisit Edith Piaf ou Dalida avec « Les hommes de ma vie » pour parler de l’amour, drôle quand elle aborde le machisme en politique et son rôle de mère, convaincante lorsqu’avec « Ma philosophie » d’Amel Bent elle passe un message aux plus jeunes. La Coprésidente du Groupe écologiste à l'Assemblée Nationale se révèle étonnante.
Comme Cécile Duflot on découvre un tout autre Jean-Luc Mélenchon qui baisse la garde devant la journaliste et confie avoir été construit par les femmes. « Aimer et être aimé c’est quand même la grande affaire de la vie », dit-il. Il apparaît fort et fragile à la fois et n’hésite pas à parler de sa dépression en 2002 et de la chanson « Quelqu’un m’a dit » de Carla Bruni qu’il écoutait à cette période. Avec brio, de Georges Brassens à Stromae en passant par Jean Ferrat, ce tribun hors pair évoque son parcours et comment la déchirure de l’exil à 11 ans quand il a quitté le Maroc l’a marqué pour toujours. On comprend parfaitement comment le petit Jean-Luc s’est intéressé aux laissés pour compte et est devenu le leader du Front de gauche.
Jean-Pierre Raffarin n’a jamais caché sa passion pour Johnny Hallyday qui lui rappelle ses 20 ans. Il est irrésistible quand il en parle et le chante et on ne s’en lasse pas ! Il est tout aussi rempli d’humour quand il s’enflamme pour la bonne chère et sa terre natale sur un air poitevin. Mais le Sénateur de la Vienne, ancien guitariste de rock, passionné par la Chine nous touche lorsqu’il évoque, très ému, sa mère dont il a toujours été très proche et son épouse qui a fait « le sacrifice de sa propre carrière ». De « La ballade des gens heureux » de Gérard Lenorman à Barbara, l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac nous fait vivre avec son don de conteur les coulisses de la politique et son arrivée à Matignon.
Avec ce documentaire tout en légèreté et profondeur, on comprend parfaitement le trajet de chacun et son engagement en politique.
Réalisation : Mireille Dumas
Production : MD Productions / France 3
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Unité Programmes France 3 :
Marie-Claire Mézerette
Frédéric Valencak et Nicolas Oliver