L'Inquiétant Monsieur Trump

Depuis son élection le 9 novembre dernier, Donald Trump n’a cessé de bousculer les codes. Du haut du 66^e étage de la Trump Tower, les communiqués officiels ont fait place à des avalanches de tweets. De la constitution de son équipe, mélange de généraux, de grandes fortunes et d’ultra-conservateurs, aux revirements en matière de politique étrangère, Donald Trump dessine peu à peu les contours de sa présidence. Toujours aussi ferme sur les sujets clés que sont l’emploi, l’avortement, le port d’arme ou encore l’immigration, un constat s’impose, y compris au sein de son entourage qui témoigne dans ce film : avec Donald Trump, le monde se prépare au grand saut dans l’inconnu. Dans une Amérique suspendue aux premiers faits, gestes et paroles de son nouveau président, ce film en immersion nous raconte les soixante jours haletants de celui qui s’apprête à devenir l’homme le plus puissant du monde.

ENTRETIEN AVEC ROMAIN BESNAINOU
 

L’Inquiétant Monsieur Trump s’apparente davantage à une photographie d’une période de transition qu’à un portrait du nouveau président américain...

Romain Besnainou : Oui, beaucoup a déjà été dit sur le personnage public et nous voulions plutôt le confronter à sa nouvelle réalité de candidat élu. Nous nous sommes donc intéressés aux premières décisions du futur président Trump et nous sommes allés sur le terrain, dans plusieurs régions du pays, pour voir dans quel état d’esprit sont les premiers intéressés. D’une région à l’autre, d’une communauté à l’autre, les avis divergent autour des thématiques qui ont animé la campagne et les gens sont partagés entre espoir et inquiétude…

Où vous a mené ce tour des États-Unis ?

R. B. : Nous nous sommes rendus dans l’Ohio, une région industrielle sinistrée, pour traiter de la réindustrialisation promise par Trump. Sur place, il est considéré comme un sauveur depuis qu’il a promis de relancer l’exploitation d’une filière du charbon en grave déclin. Nous sommes partis à la frontière américano-mexicaine, du côté de San Diego, à la rencontre de travailleurs émigrés aux visas précaires. Chez eux, la plus grande inquiétude règne. De même qu’en Virginie, où les membres de la communauté musulmane que nous avons rencontrés s’émeuvent de la recrudescence des actes racistes à leur encontre depuis le 9 novembre… Nous sommes aussi allés en Caroline du Sud pour rencontrer des milices armées qui espèrent la levée des restrictions sur la vente d’armes, en Caroline du Nord pour donner la parole à des évangélistes pro-life…

Cette fenêtre entre l’élection et l’investiture confirme-t-elle les orientations que Trump a défendues lors de sa campagne ?

R. B. : Oui, il en sera question dans le documentaire, il y a une série de décisions qui donnent déjà un premier aperçu de ce que va être la gouvernance Trump. Et elles ont plutôt tendance à confirmer les promesses du candidat. Je pense à la nomination du secrétaire d’État Rex Tillerson qui a suscité une vive polémique sur les relations qui se dessinent entre les États-Unis et la Russie (Ndlr : Rex Tillerson est PDG du groupe pétrolier et gazier ExxonMobil et proche de Vladimir Poutine) ou encore à l’affectation de Scott Pruitt, un climato-sceptique déclaré, à la tête de l’Agence de protection de l’environnement. Et puis, d’ici au 20 janvier, on saura si le neuvième juge de la Cour suprême sera bien un militant pro-life et pro-gun, comme Trump l’a promis… On est clairement déjà dans le vif du sujet autour d’un certain nombre de thématiques clés de la campagne.

Propos recueillis par Jean-François Parouty

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LES INVITÉS DU DÉBAT

Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d’Encausse animera un débat avec ses invités : Thomas Snégaroff, historien, spécialiste des États-Unis, Anne Toulouse, journaliste, auteure de Dans la tête de Donald Trump (Stock), Nicolas Bouzou, économiste, et Frédéric Encel, docteur en géopolitique.