Gandhi

En sanskrit « mahatma » signifie « grande âme », et il fallait au moins les trois heures du film pour être à la hauteur de l’homme qui repoussa à lui seul l’Empire britannique. Pionnier de la résistance à l’oppression par la désobéissance civile de masse, il prône la non-violence. Sa pensée et ses actions sont la source d’inspiration de nombreux mouvements de libération et de droits civiques dans le monde.

Richard Attenborough adopte une approche classique pour relater l’incroyable vie de Gandhi. En tant que jeune avocat indien formé à Londres et immigré en Afrique du Sud, Gandhi se heurte au racisme et aux inégalités qu’engendre la colonisation de cette fin de XIX^e siècle. Commence alors pour lui le combat de sa vie. Il accepte les coups sans les rendre, purge sans rechigner de nombreuses peines de prison et se sert habilement de la presse pour montrer le vrai visage de l’impérialisme colonial. De retour en Inde, il utilise ces mêmes méthodes pour obtenir l’indépendance de son pays. Il parvient ensuite à faire cesser la guerre civile consécutive au départ des Britanniques et qui oppose musulmans et hindous. Un conflit interne qui lui coûte la vie le 30 janvier 1948, assassiné par un nationaliste hindou.

Un chef-d’œuvre aux 9 oscars

Pour se glisser dans la peau de Gandhi, Ben Kingsley suit un régime draconien et adopte à la perfection les attitudes, la diction et les postures du Mahatma. La ressemblance est telle que certains Indiens voient en lui une réincarnation de Gandhi. Son interprétation lui vaut d’ailleurs l’oscar 1983 du meilleur acteur. Une des neuf statuettes gagnées cette année-là par le film — parmi lesquelles : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario ou encore meilleur montage. Des oscars qui viennent récompenser les vingt années de travail qui ont été nécessaires à l’aboutissement du projet. Richard Attenborough est même allé jusqu’à hypothéquer sa propre maison pour boucler le budget du film, qui s’élevait alors à 22 millions de dollars.

Avec Gandhi, Dominique Besnehard offre au téléspectateur une fresque historique émouvante et universelle. La musique de Ravi Shankar vient souligner la beauté et la sagesse du discours de Gandhi. Le chef-d’œuvre de Richard Attenborough est à l’image du message du père de la nation indienne : atemporel et essentiel.

Ludovic Hoarau