Trois enterrements

Le corps de Melquiades Estrada, paysan mexicain, est retrouvé en plein désert, où il a été rapidement enterré après son assassinat. Les autorités locales, sans chercher à découvrir les raisons de ce crime, onr précipitamment fait inhumer Melquiades au cimetière public.
Pete Perkins, contremaître de la région et meilleur ami de Melquiades, va mener lui-même l'enquête que les autorités locales refusent d'assumer et découvrir le meurtrier. Seul garant, dans cette étrange région du Texas, d'une réelle humanité, il va obliger l'assassin à déterrer le corps et offrir à son ami le plus beau voyage, vers une sépulture honorable dans son Eldorado natal, le Mexique.
Il va ainsi inculquer à son assassin une magnifique leçon de vie en lui rappelant le sens des valeurs et le respect de la vie.

TROIS ENTERREMENTS 

a reçu le Prix d'interprétation masculine et le Prix du Scénario 

au Festival de Cannes 2005

ENTRETIEN AVEC TOMMY LEE JONES

Comment est né le film ?

Tous les thèmes que je voulais aborder étaient incarnés dans l‘histoire vraie d'un jeune homme tué bêtement et par erreur par le gouvernement américain. Ce fut un acte horripilant et les événements qui s'en sont suivis furent particulièrement insupportables pour les gens qui habitent à la frontière entre le nord du Mexique et le sud du Texas. C'est là que j'ai puisé
mon inspiration. D’autre part, je voulais capter à travers l’objectif d’une caméra de cinéma mon pays, mon peuple et notre culture. Je voulais parler des grandes questions publiques et privées sur lesquelles nous sommes appelés à nous interroger. J’adore ce coin, ça va de soi. C’est pour ça que je voulais y tourner ce film.

Que dit le film sur les relations humaines ?

Je n’arrêtais pas de dire aux acteurs et techniciens que les questions sont de loin plus importantes que les réponses. Nous cherchions à poser de très bonnes questions. Toutes ces relations entremêlées sont à l’image de la bêtise humaine. Nous sommes ainsi faits. Les gens ont ce genre de comportement. Je pense que les hommes sont magnifiques et incorrigiblement bêtes, capables tout autant de gestes glorieux que de crimes odieux. Je dirais que les personnages sont seuls. Ça se voit tout de suite. « Aliénés » est le mot qui me vient à l'esprit.

Qui est Pete Perkins ? Que veut ce personnage que vous interprétez ?
La même chose que ce que voudrait un ange. Il voudrait voir la paix s'installer dans le monde. Le film a un côté très allégorique. Pete veut que l'humanité fasse le bien.Il n'y a pas grand chose d'autre. Il est contremaître dans un grand ranch texan. Il évolue dans un milieu bi-culturel. Il parle l’espagnol et l’anglais, et depuis toujours la culture mexicaine fait partie intégrante de sa vie, à travers ce qu'il mange, les mots qu'il choisit d’employer dans son travail… Quand un de ses hommes est assassiné et qu’on lui explique que l'affaire est classée sans suite, qu’il n’y aura ni enquête ni procès, Pete est scandalisé par ce manque de respect envers un homme qu’il considérait comme un ami et qu’il respectait pour des tas de raisons valables. Un homme qu’il ne méprisait pas sous prétexte qu’il était
venu du Mexique et qu'il n'avait pas de passeport. Alors Pete décide de remédier à cette situation en kidnappant le tueur sous la menace d'un revolver, en l'obligeant à déterrer le vaquero et à le mettre sur le dos d'une
mule pour convoyer le cadavre jusqu’à sa ville natale au Mexique, et l'y enterrer.

Vous êtes réalisateur, acteur, scénariste et producteur du film. Cela a dû être compliqué de porter toutes ces casquettes en même temps ?
Je suis bon comédien aux yeux du réalisateur, parce que je fais exactement ce que je me dis de faire. Je suis bon réalisateur aux yeux du comédien, parce que je lis dans mes pensées. Je ne suis pas mal comme scénariste parce que je sais ce que les deux autres veulent entendre. Et je ne suis pas mal comme producteur parce que je sais ce qu’ils ont envie de filmer, alors, je ne leur fournis rien de superflu mais seulement les choses dont ils ont vraiment besoin ! (rires). Le tournage s'est très bien déroulé. Nous étions extrêmement bien organisés, capables de faire notre travail dans des conditions extrêmes parfois. Chaque journée s'est déroulée exactement comme prévu. J’ai donné tout ce que j’ai à ce film. A mon sens, c’est comme ça qu’il faut vivre. C’est dangereux, on risque de se blesser, mais c’est aussi ce qui est génial avec une caméra 35 mm !