L’une est avocate, l’autre réalisateur. L’un est Arabe, l’autre Juive. Depuis plusieurs années, Isabelle Wekstein-Steg et Mohamed Ulad interviennent dans des collèges et des lycées de banlieues pour échanger avec de jeunes Français issus pour la plupart de l’immigration. Sans tabou, ils leurs demandent de s’exprimer sur la notion d’identité, l’importance des origines, les discriminations ou les préjugés dont ils se disent victimes. Pour être Français, selon nombre d’entre eux, il faut être Blanc, voire blond aux yeux bleus. À travers ce documentaire, on réalise que les préjugés ont la peau vraiment dure. Persuadés de la justesse de leur perception de la société et du regard qu’elle porte sur eux, ils ne cherchent pas ou plus à se détourner de ces a priori. Ils vivent avec, les cultivent en somme. Il suffit pourtant de quelques échanges, chez eux, entre eux, avec des professeurs, à Drancy, à la Grande Mosquée de Paris ou avec des passants pour les confronter à un autre discours, à une autre image d’eux-mêmes. Comme leur répond si justement une personne, de couleur, interrogée par deux élèves dans la rue, « est-il écrit “Français” sur le front des gens ? Bien sûr que non. Il y a des Français de type asiatique, noir, etc. Français, ce n’est pas une couleur de peau… »

* Réponse d’une lycéenne à la question sur leur lien à la France et sur la façon dont ils vivent leur appartenance à ce pays qui a accueilli leurs parents ou leurs grands-parents.