Les Bracelets Rouges

Dans Les Bracelets Rouges, quelle est la part de fiction et de réalité ?

C’est un récit autobiographique. Tirée de mon livre Le Monde Soleil aux éditions Livre de Poche, la série Les Bracelets Rouges raconte une période de ma vie entre 14 et 24 ans. Pendant ces dix ans, alors que j'ai perdu une jambe, un poumon et la moitié de mon foie, j'ai toujours été heureux. Dans cette fiction, je ne parle pas de cancer, mais de ce que j'ai appris grâce à la maladie, jour après jour. 

Quel est le message que vous vouliez passer en écrivant Les Bracelets Rouges ?

En premier lieu dire que ce n'est pas triste de mourir. Ce qui est triste, c’est de ne pas vivre intensément. Ensuite, je voulais faire comprendre l’idée que toute perte est un gain.

L’humour est-il la meilleure arme pour affronter la vie ?

Je dis toujours que l'humour aide à tout. J'ai toujours été convaincu que les meilleures blagues sont celles qui portent sur la réalité. Par exemple, j'ai eu une jambe hydraulique qui pouvait avoir des fuites... Un jour dans la rue, une dame m'a dit : «Vous perdez de l'huile monsieur».  Et c'était vrai. Une coulée d'huile s’échappait de ma prothèse. Avec ma nouvelle jambe électronique, j’ai d’autres problèmes, car il faut la recharger le soir. Dans les hôtels où il n'y a qu'une prise, je dois décider si je recharge l'ordinateur, le téléphone portable ou la jambe orthopédique.

On a l’habitude de voir beaucoup de séries TV hospitalières dont les médecins sont les héros mais peu où les patients le sont. Etait-ce important de leur rendre hommage ?

Oui, ma meilleure récompense après la diffusion de la série, c’est d’entendre les téléspectateurs dire que les héros ne portent pas de cape mais des bracelets rouges. Leur regard a changé vis-à-vis des malades. Dans chaque pays ayant adapté la série, les visites dans les hôpitaux ont augmenté de 40%. C’est important de visiter et dorloter les patients atteints de cancer. A l'hôpital, on ne meurt pas que du cancer mais d’ennui aussi.

Il existe deux mondes dans la série. Celui à l’extérieur et celui à l’intérieur de l’hôpital. Les malades se recréent-ils leur propre famille  ?

A l'hôpital nous avions scellé un pacte avec la vie. Pour chaque camarade qui y mourait, nous divisions sa vie en parts égales pour qu'elle se multiplie en nous. Ainsi, nous pouvions accomplir les rêves qu'il n'avait pas pu réaliser. Pendant les dix années passées à l’hôpital, j'ai bénéficié d’une redistribution de 3,7 vies. Avec la mienne ça faisait 4,7. Elles ont toutes grandi en moi et ces 4,7 vies tenaient à ce que je raconte cette histoire.

Quel a été l’accueil du public en Espagne ? Trouvez-vous les adaptations à l’international fidèles à l’œuvre originale ?

Tout a été incroyable. En Espagne, ce fut un succès, comme en Allemagne, en Italie, en Argentine, au Chili, en Russie. Même Spielberg a fait une adaptation des Bracelets Rouges. Il y en a eu 14 jusqu’à présent. Mais je pense que la version française a quelque chose de spécial. Les auteurs l'ont très bien adaptée, le réalisateur Nicolas Cuche est un génie et les acteurs sont uniques. J'adore cette version et je pense que c'est l'une des meilleures.

Avez-vous réalisé tous vos rêves ?
J'ai toujours pensé que, si on croit en ses rêves, ceux-ci finissent par s'accomplir. Aujourd’hui, je suis vivant alors que j'avais 3% de chances de survivre. Je n’imaginais pas un jour passer du lit de ma petite chambre d'hôpital à l’écran de ma télévision. C'est un véritable rêve éveillé !