ET DIEU... CREA LA FEMME
Place au cinéma

Et Dieu… créa la femme

Cinéma - Lundi 5 mars 2018 à 20.50

À 18 ans, la belle et pulpeuse Juliette, incarnée par Brigitte Bardot, vient de sortir de l’orphelinat où elle a grandi pour rejoindre ses parents adoptifs à Saint-Tropez et tenir leur librairie. Ces derniers s’inquiètent des mœurs légères de leur fille. En plus d’être irrésistible, Juliette est provocante, impertinente et innocente à souhait, de quoi incarner l’objet du désir de tous les hommes qui croisent son chemin. Un mélodrame familial noir, très érotique pour les années 1950, qui fit l’effet d’une bombe dans les mentalités.

Le film débute sur un compliment lancé à la jolie créature qui prend le soleil, allongée nue derrière un drap suspendu : « Vous avez des pieds de marquise. » Éric Carradine, le propriétaire d’une boîte de nuit à la mode, vient tenter Juliette avec la voiture qu’il lui avait promise : une Simca rouge décapotable, oui… mais miniature. « Vous m’avez bien eue », lui répond-elle mi-amusée, mi-déçue, laissant percevoir sa vraie nature : forte et fragile à la fois.

Juliette plaît à tous les hommes, pour son côté enfant, naïf et vulnérable, et paradoxalement aguicheur et insoumis. Quel que soit leur milieu social, ils rêvent tous de l’avoir dans leur lit et se la disputent dans la violence. Mais pour ce qui est de l’épouser, il n’y a plus personne, sauf le gentil, trop gentil Michel Tardieu, interprété par Jean-Louis Trintignant. Mais Juliette est amoureuse de l’aîné des frères Tardieu, Antoine, un exploitant de chantier naval qui ne voit en elle que la fille facile, celle qui a « le cul qui chante », comme on dit à Saint-Tropez…

Honneur et décadence

Il y a dans ce mélodrame un mélange de force et de nostalgie que l’on retrouvera quelques années plus tard dans deux films majeurs de la Nouvelle Vague : Plein soleil et Jules et Jim.

Vadim a 28 ans quand il impose dans son premier film – écrit et réalisé peu avant la Nouvelle Vague – cette femme d’un nouveau genre, libre et très moderne pour son époque. Il est question de jalousie, de trahison et d’honneur. Rien de très original finalement dans cette lignée de thèmes dramatiques, mais c’est avec la franchise des sentiments, des dialogues très écrits, la belle lumière de Saint-Tropez, les bonnes mœurs qui volent en éclats et l’exhibition sensuelle assumée du corps de Juliette que Vadim parvient à nous séduire et à nous attendrir, encore aujourd’hui.

France Hatron

Brigitte Bardot et Georges Poujouly

Film (France)

Durée 91 min

Scénario Roger Vadim et Raoul Lévy

Réalisation Roger Vadim

Musique Paul Misraki 

Production Iéna Films, Union Cinématographique Lyonnaise, Cocinor

Avec Brigitte Bardot, Curd Jürgens, Christian Marquand, Jean-Louis Trintignant, Georges Poujouly, Marie Glory, Jane Marken, Jean Tissier, Isabelle Corey

Année 1956

 

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