
Temps fort semaine 40
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Dans les années 1930, André Derain et Alberto Giacometti deviennent amis. Ils vont créer une œuvre singulière, guidés par leur quête incessante de vérité. Zoom sur la relation entre ces deux artistes, alors que le musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente l’exposition « Derain, Balthus, Giacometti — Une amitié artistique », jusqu’au 29 octobre.
« Derain est le peintre qui me passionne le plus, qui m’a le plus apporté et le plus appris depuis Cézanne. Il est pour moi le plus audacieux », écrivait Alberto Giacometti. En 1936, le jeune sculpteur tombe en émoi devant Nature morte aux poires d’André Derain. Ce petit tableau représentant trois fruits dorés sur un fond noir le bouleverse. « Il y a une sorte de présence de l’objet révélé par la lumière qui le fascine complètement, souligne Jacqueline Munck, commissaire de l’exposition. Parce qu’on est à l’intérieur de cette recherche sur le visible qu’il est en train lui-même de mener à travers ses propres natures mortes et sa peinture d’objets. » Déjà admiratif du travail de l’artiste, Giacometti est charmé par la personnalité de l’homme, qu’il rencontre à la terrasse d’un café de Montparnasse.
Peindre l’âme humaine
Qu’ont en commun le coinventeur du fauvisme et le peintre-sculpteur suisse fraîchement exclu du mouvement surréaliste ? Qu’ont-ils reconnu l’un chez l’autre ? Quel est le ciment de leur amitié ? « Si on regarde la peinture de Giacometti et celle de Derain, il n’y a vraiment aucun rapport, reconnaît Philippe Büttner, conservateur de la collection au Kunsthaus Zürich. À part le fait que tous les deux s’intéressent aux aspects figuratifs du monde. » S’ils gardent leur identité plastique, ces deux personnalités contrastées se retrouvent dans une même quête : dépeindre l’âme humaine dans leur œuvre. Pour Geneviève Taillade, petite-nièce d’André Derain, « ils ont dû découvrir l’un chez l’autre cette même recherche de l’absolu ».
Une amitié indéfectible
Curieux de tout, Derain se jette avec un appétit peu commun dans les aventures artistiques. Cet expérimentateur tente de capter l’essence de son modèle et porte toute son attention sur le regard. Giacometti est lui aussi obsédé par la figure humaine. « [Il] essaie de saisir quelque chose d’insaisissable : un visage toujours changeant », explique Christian Alandete, responsable des expositions à la Fondation Giacometti. Travailleurs acharnés, le bourgeois éclectique et l’artiste bohème ont aussi les mêmes doutes, la même insatisfaction permanente. Une amitié de vingt ans se tisse entre eux. Celui qui réalisera après guerre des sculptures filiformes et décharnées à la portée universelle a reconnu en son aîné un double qu’il admirera toute sa vie : « Toutes les toiles de Derain sans exception m’ont arrêté, toutes m’ont forcé à les regarder longuement, à chercher ce qu’il y avait derrière, les meilleures comme les moins bonnes. »
Amandine Deroubaix

Documentaire
Auteures Catherine Aventurier et Aurélia Rouvier
Réalisation Catherine Aventurier
Production MFP, avec la participation de France Télévisions
Année 2017
france.tv/france-5/la-galerie-france5
facebook.com/pages/La-Galerie-France5
#galerief5