Grotte Cosquer : des origines à la surface

Depuis sa classification au titre des monuments historiques dans les années 90, la grotte Cosquer n’a cessé de déchaîner les passions. Et si nous tentions de remonter le cours de l’histoire pour en apprendre davantage sur nos ancêtres du Paléolithique ?

Cette exploration s'appuiera sur les témoignage de chercheurs, artistes contemporains et spécialistes de l’art pariétal. Leur analyse scientifique des découvertes sur les sociétés de l’époque se double d'un regard satirique sur nos sociétés contemporaines.

D’abord considérée comme un faux par les détracteurs, la grotte Cosquer a fait l’objet de plusieurs missions scientifiques dans les années 90 et 2000. Des opérations menées par Jean Courtin et Jean Clottes, rejoint par Jacques Collina-Girard, ont permis de confirmer son authenticité et de répertorier la majeure partie des oeuvres pariétales. 



Tous sont frappés par la qualité de conservation de ces dernières. En effet, la grotte formée au Crétacé a été protégée par la remontée du niveau de la mer à la fin de la dernière glaciation, fermant définitivement l’entrée du site. Elle est aujourd'hui strictement interdite d’accès au public. Seuls des plongeurs professionnels peuvent y pénétrer via un tunnel de plus d’une centaine de mètres, à 37 m sous la surface.

25 ans après sa découverte et de nombreux rapports et ouvrages écrits sur le sujet, les premiers chercheurs ont scellé la mémoire du site. Ils ont ainsi révélé au grand jour la majorité des œuvres pariétales, sans toutefois en percer tous les mystères.

Chevaux, bisons, bouquetins, mais aussi phoques ou pingouins ornent la grotte, tracés au charbon. Un bestiaire complété par des signes énigmatiques qui font l’objet d’interprétations diverses. Que nous racontent ces traces sur l’environnement de nos ancêtres et sur leur mode de vie ? A quoi servaient ces dessins ?



En couplant les études scientifiques avec les recherches climatologiques, nous découvrons l’autre visage de la Provence, celui d’il y a 30 000 ans. Un climat froid, un territoire steppique, une population faible et un littoral beaucoup plus éloigné que les traits de côte actuels, où les îles du Frioul n’étaient que des îlots rocheux couverts de pins sylvestres, où le mistral glacial était bien plus propice aux populations de pingouins qu’aux bancs de sardines...

Sur les parois de la grotte, les empreintes de mains interpellent les pariétalistes et les préhistoriens. Mythe ? Rite chamanique ? Il faut encore du temps aux chercheurs pour essayer d'en comprendre le sens, mais le compte à rebours est déjà lancé.



Car les peintures et gravures du site sont bel et bien menacées par la remontée du niveau marin. La grotte est devenue le révélateur tragique du réchauffement climatique, qui efface progressivement les traces de notre humanité.

Combien de temps restera-t-il à la nouvelle équipe scientifique, menée par Cyril Montoya, pour sauver ce qu’il reste à sauvegarder et continuer les fouilles ?